Gaston Moreau, 87 ans, et Armand St-Pierre, 81 ans, ont réalisé ce que plusieurs estimeraient sûrement impossible : un casse-tête de 40 000 morceaux. L’œuvre, qui est exposée depuis peu dans un corridor de la résidence Les Quartiers A de L’Islet, a été réalisée en moins de dix mois par ces deux amateurs de puzzles qui n’ont visiblement pas froid aux yeux.
« C’est la boss [NDLR Sonia Morin, pdg des Quartiers A] qui nous a convaincus de faire un gros casse-tête », s’exclame Gaston Moreau. Avec son ami Armand St-Pierre, il s’est fait prendre au jeu car l’hiver, surtout au pire de la pandémie de COVID-19, « il n’y avait pas grand-chose à faire à part lire », ajoute-t-il.
Le casse-tête en question, une fresque célébrant les 90 ans de Mickey Mouse, comprend dans les faits 40 320 morceaux. Il est constitué de dix parties d’environ 4000 pièces chacune. Quelques morceaux manquent à l’appel, tous au même endroit, « un problème du fabricant », nous assure la pdg de la résidence pour aînés autonomes et semi-autonomes de L’Islet. « M. Gaston et M. Armand ont pris le défi très au sérieux. Ils commençaient parfois à 5 h ou 6 h le matin, avant le déjeuner. Après, vers 8 h, ils s’y remettaient, parfois jusqu’à 22 h le soir, tant qu’ils n’avaient pas trouvé la pièce qui manquait », raconte-t-elle.
Le gigantesque casse-tête a été réalisé en deux périodes de plus ou moins cinq mois : de novembre 2021 à avril 2022, et d’août 2022 à décembre 2022. « Il fallait bien arrêter l’été », poursuit Gaston Moreau. Et comme il a été assemblé dans l’aire commune de la résidence, il est rapidement devenu un sujet de conversation entre les résidents. « Quand on l’a terminé, les gens étaient assez fiers. Certains ont même dit qu’ils s’étaient amusés à placer quelques pièces ici et là à notre insu », mentionne Armand St-Pierre.
Des « habitués »
D’aussi loin qu’ils se rappellent, les deux octogénaires ont toujours fait des casse-tête à l’occasion, mais pas de façon aussi assidue que depuis qu’ils habitent la résidence Les Quartiers A. Leur expérience fait qu’ils ont aussi leur méthode de travail, comme séparer les couleurs dans des bacs distincts, ou encore repérer les détails fins sur les pièces, des « indices » comme aime les appeler Armand St-Pierre. « C’est le genre d’activité qui est très bonne pour leur mémoire et leur motricité fine », poursuit la pdg de la résidence.
Dans les derniers jours, les deux hommes se sont amusés à faire des « petits 500 morceaux », tels que qualifiés par Sonia Morin. Peu importe le nombre de morceaux que contiennent ces casse-tête, rares sont les moments où Gaston Moreau et Armand St-Pierre semblent se décourager. « Ce n’est pas un travail, c’est un passe-temps », relativisent les deux hommes.
Le défi a plutôt été d’assembler les dix parties du casse-tête afin qu’elle ne fasse plus qu’une sur le mur de la résidence. Six personnes ont été nécessaires pour réussir l’exploit. Trois parties à la fois ont été préassemblées et collées au préalable avant d’être apposées et assemblées définitivement dans le corridor du premier étage. « Jointer chacune des parties n’a pas été facile, mais on y est parvenu », déclare Sonia Morin.
Gaston Moreau et Armand St-Pierre se disent maintenant prêts à réaliser un casse-tête de 50 000 morceaux. « Le record Guinness serait de 41 000 pièces », évoquent-ils. Sonia Morin se dit de son côté prête à épauler ses deux résidents, « mais pas avant l’automne prochain », conclut-elle en riant.