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Églises en détresse

L’église de Saint-Joseph-de-Kamouraska. Photo : Archives Le Placoteux

Chaque année, au Québec, selon le Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ), 50 églises ferment, sont vendues ou démolies, et la cadence s’accélère. L’organisation estime que le tsunami est devant nous, et que tout retard dans l’entretien de ces bâtiments rendra les coûts de projets encore plus élevés.

Dans les régions de L’Islet et du Kamouraska, plusieurs églises patrimoniales ont déjà bénéficié du soutien du CPRQ. C’est notamment le cas des églises de L’Islet, de Saint-Jean-Port-Joli, de Saint-André, de Saint-Denis et de Saint-Pascal. L’église de Saint-Joseph-de-Kamouraska, quant à elle, a entamé une requalification permettant à l’édifice de se redéfinir tout en conservant sa valeur patrimoniale.

Le CPRQ célèbre son 30e anniversaire, ainsi que les cinq ans du programme de requalification des lieux de culte excédentaires patrimoniaux. Ce programme, soutenu par le gouvernement du Québec, vise à transformer des églises délaissées en espaces adaptés aux besoins actuels des collectivités. À travers la province, des projets exemplaires ont vu le jour grâce à la mobilisation des citoyens, des experts et des municipalités. À Saint-Gédéon, au Lac-Saint-Jean, l’église est devenue un centre multifonctionnel. À Saint-Irénée, elle a été intégrée à l’Académie de musique du Domaine Forget. À Sutton, une église baptiste a été reconvertie en espace communautaire intergénérationnel.

Le CPRQ affirme qu’un sondage mené en février révèle que 91 % des Québécois appuient la transformation des églises de leur quartier en lieux culturels ou communautaires, à condition qu’elles conservent leur cachet patrimonial. De plus, 83 % estiment que le gouvernement devrait maintenir ou augmenter les fonds dédiés à leur conservation ou à leur requalification.

En 2024, près de 250 demandes ont été soumises au CPRQ dans le cadre de ses deux programmes, totalisant un besoin de financement de 87 M$. Ces demandes concernent notamment des églises monumentales comme la cathédrale Saint-Germain de Rimouski, et des églises en transformation comme celle de Berthier-sur-Mer, qui accueillera bientôt une bibliothèque et les bureaux municipaux.

Depuis 1995, le Québec a investi 488 M$ dans la restauration et la requalification de plus de 3500 lieux de culte à valeur patrimoniale, anciens comme modernes. Cette politique publique contribue à la pérennité du bâti existant, à la réduction des déchets liés à la démolition, et à la lutte contre les changements climatiques en évitant de nouvelles constructions.

L’impact de ces projets dépasse le patrimoine. Selon une étude économique de SECOR-KPMG, ceux-ci ont généré plus de 8000 emplois directs et indirects, une valeur ajoutée de plus de 600 M$, et des recettes de plus de 42 M$ pour l’économie québécoise. Le CPRQ rappelle que la conservation des églises ne concerne pas uniquement des pierres et des clochers, mais qu’elle touche directement à l’histoire, à l’identité, et à la cohésion sociale des communautés.