Et si les baleines faisaient la grève?

Les 13 élèves de sixième année de l’école primaire Saint-François-Xavier de L’Islet. Photo : José Soucy

Les 13 élèves de sixième année de l’école primaire Saint-François-Xavier de L’Islet ont conjointement décidé de lancer une campagne d’affichage public et de sensibilisation auprès des élus locaux, afin d’inciter les gouvernements à en faire davantage pour la protection du fleuve Saint-Laurent et des mammifères marins de l’estuaire s’y trouvant. Le fruit de leur travail a été présenté devant les journalistes, le mercredi 15 mai dernier au Verger de l’Évolution situé à Sainte-Louise.

Depuis l’automne dernier, et accompagnés d’un mentor de l’initiative, Le Semoir, les élèves de L’Islet développent leurs connaissances au sujet des changements climatiques et des défis environnementaux. « Nous avons réalisé que l’équilibre entre les espèces vivantes est essentiel à la qualité de la vie sur Terre. Il y aurait beaucoup plus de problèmes s’il y avait une seule espèce d’animal, et beaucoup moins si on en avait davantage qu’en ce moment », a expliqué Marc-Antoine Duval, un élève du groupe.

Les bélugas, symboles du Saint-Laurent

L’importance des animaux sauvages peut aller, dit-on, bien plus loin encore, comme c’est le cas pour les baleines et les bélugas. Selon un rapport datant de 2019 du Fonds monétaire international (FMI), le travail d’une seule baleine représente plus de deux millions de dollars, notamment grâce à ses excréments qui nourrissent une quantité phénoménale de phytoplancton qui, lui, produit plus de 50 % de l’oxygène que l’on respire.

« C’est de là qu’est née l’idée de la grève des baleines, car il y avait la grève des professeurs, et on se disait que c’était une belle façon de démontrer aux gens ce qui arriverait si, par exemple, les bélugas arrêtaient de faire leur travail. Le FMI affirme également que la valeur pécuniaire du travail gratuit de toutes les baleines à l’échelle de la planète représente plus de 1400 milliards de dollars canadiens », a témoigné Jérôme Fortin, un autre élève du groupe.

Malgré 20 ans de mesures gouvernementales, la population de bélugas poursuit son déclin. Sa chute atteint par ailleurs près de 85 % depuis 100 ans, selon les données du gouvernement du Québec. « Ça serait très dommageable que les bélugas disparaissent. Ça voudrait dire que notre fleuve n’est vraiment pas en santé, et ça, c’est un gros problème pour l’avenir », a ajouté le jeune Fortin.

Les principales menaces pour les mammifères marins dans le fleuve seraient la pollution sonore causée par les navires, la présence de contaminants dans l’eau, et les collisions directes avec les grands paquebots. Actuellement, les principales mesures de protection visent la réduction de la vitesse du transport maritime, dans seulement 40 % de l’habitat du béluga. On ne retrouve que de toutes petites zones de protection intégrale.

Plusieurs voix s’élèvent désormais pour agrandir l’aire de protection marine du Saint-Laurent. Malgré un engagement verbal sur cet agrandissement formalisé entre les gouvernements du Canada et du Québec en mars 2023, il n’y a visiblement pas eu d’évolution significative dans le dossier depuis plus d’un an. Le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent affirme également que d’agrandir cette zone ne sera pas suffisant.

Donner un statut juridique au fleuve Saint-Laurent?

En 2022, un projet de loi très particulier, porté par l’Observatoire international des droits de la Nature, a été déposé à l’Assemblée nationale du Québec ainsi qu’au Parlement canadien. L’Alliance Fleuve Saint-Laurent a d’ailleurs été créée pour faire pression sur les gouvernements afin d’adopter la loi. Plus d’une quinzaine de municipalités riveraines du fleuve l’ont rejointe à ce jour, et les élèves de L’Islet demandent à leur municipalité d’en faire autant.

Une campagne d’affichage sera également réalisée dans divers endroits à L’Islet, afin de démontrer l’importance de protéger davantage le fleuve et l’habitat des bélugas. Pour ce faire, douze affiches ont été commandées pour une somme de 300 $. Le travail des élèves de l’école primaire Saint-François-Xavier devrait par ailleurs être déposé sous peu au conseil municipal de L’Islet, afin que celui-ci soit sensibilisé à cette problématique.

Marc-Antoine Duval et Jérôme Fortin ont rencontré Le Placoteux pour expliquer leur démarche. Photo : José Soucy