À peine trois ans après s’être mis au cyclisme de façon sérieuse, Ezékiel Ouellet de Saint-Jean-Port-Joli flirte déjà avec l’élite dans sa discipline. Son souhait : participer au Tour de France. Loin d’être farfelu, ce rêve pourrait bien se concrétiser si l’athlète se démarque lors de son stage prévu en Europe l’été prochain.
L’histoire d’Ezékiel Ouellet est à la fois un mélange de hasard et d’une volonté à toute épreuve. Le jeune homme de bientôt 21 ans, qui s’est mis au vélo il y a à peine trois ans, s’est retrouvé en moins d’une année au sein d’une équipe élite de la région de Québec, après s’être fait remarquer par l’un des coachs à la suite de bonnes performances lors de compétitions provinciales. Vélo haut de gamme, équipements divers, accessoires et vêtements pour la pratique du sport ou la vie courante, Ezékiel évaluait, à l’époque, à environ 35 000 $ tous les avantages découlant de son recrutement par ce club élite. « J’ai enchaîné les courses au Québec et aux États-Unis. J’ai même fait un camp d’entraînement en Espagne », raconte-t-il.
Trop beau pour être vrai? Ce départ canon a eu tôt fait d’être ralenti par la dissolution du club un an plus tard. Qu’à cela ne tienne, Ezékiel et d’autres cyclistes de compétition comme lui se sont retroussé les manches pour constituer un autre club. En plus d’être coureur, il s’est développé une compétence pour la collecte de fonds en recrutant lui-même des commanditaires. « On a approché ceux qui commanditaient déjà l’ancien club et qui voulaient continuer de nous appuyer. On en a aussi recruté de nouveaux. D’habitude, ce ne sont pas les coureurs qui font ça. On a mis beaucoup d’heures en dehors de l’entraînement pour y parvenir. »
L’énergie déployée sur les circuits et en coulisse lui a permis de poursuivre sur sa lancée : Tour de Beauce, Championnat québécois, et un mois en Belgique à participer à diverses compétitions ont ponctué son calendrier de saison. Sa participation au Critérium de Bromont lui a même valu une troisième position chez les Seniors 1, catégorie U-23, son meilleur résultat toutes compétitions confondues l’an dernier. « Les critériums sont des épreuves en ville d’un à trois kilomètres en boucle, durant une heure. C’est un créneau dans lequel je me démarque bien jusqu’à maintenant », explique-t-il.
Destination Europe
Ezékiel Ouellet n’est pourtant pas encore rendu au moment où il devra se « spécialiser ». Critériums, courses contre la montre ou épreuves sur route comme au Tour de France, son objectif demeure de s’améliorer dans tous ces créneaux avant de se développer une spécialité. « Plus tu avances en cyclisme, plus tu te spécialises, c’est sûr, mais tu vas toujours continuer à faire un peu de tout quand même », poursuit-il.
Le finissant en Technologie du génie physique au cégep de La Pocatière veut maintenant profiter de son prochain été pour parfaire ses aptitudes sur tous les plans. Le Championnat canadien et le Tour de Beauce, pour ne nommer que ceux-là, figurent à son horaire de compétition pour le début de l’été. Il s’envolera ensuite deux mois en Europe, de la mi-juillet à la mi-septembre, pour s’entraîner et participer à différentes compétitions au sein d’une équipe professionnelle qui vient tout juste de le recruter.
« C’est une chance incroyable. Cette opportunité s’est présentée à moi par le bouche-à-oreille », avoue Ezékiel.
Le jeune cycliste a toutefois failli passer outre. Ces deux mois en Europe, qui empiéteront sur le début de l’année scolaire à l’université, l’obligent à mettre ses études sur pause. Sans emploi durant tout ce temps, la pression financière est aussi énorme. « Si je réussis à me faire remarquer par un top dix lors d’une course importante, ou encore un top trois dans des courses de moindre envergure, il se pourrait qu’on m’invite à rester là-bas pour joindre l’équipe de façon permanente. C’est quand même la crème du cyclisme, des gens qui sont amenés à participer au Tour de France. »
Ezékiel ne cache pas qu’il ambitionne un jour de participer au célèbre tour de l’Hexagone. Ce stage en Europe est le premier jalon qui pourrait lui permettre de se rapprocher de son rêve. Or, il a un besoin criant de commanditaires. Il a lancé pour ce faire une campagne GoFundMe intitulée Ma saison de course. Il vise à amasser 10 000 $ de cette façon, sans parler de différents commerces de la région comme la boulangerie Du pain… c’est tout! de La Pocatière, et La Cambuse — épicerie en vrac de Saint-Jean-Port-Joli qui récoltent des dons pour lui par la vente de certains produits. « Si je pouvais amasser 14 000 $ pour toute ma saison, incluant ma part personnelle, ça serait une très belle réussite. »