L’obligation d’installer des gicleurs dans les résidences pour aînés (RPA) est repoussée à décembre 2024. Malgré cela, certaines petites résidences vont fermer ou réduire leur nombre de places plutôt que de payer des milliers de dollars pour se conformer.
Cette obligation découle, rappelons-le, des recommandations du coroner dans la tragédie de la Résidence du Havre à L’Isle-Verte, où des dizaines d’aînés sont décédés dans un incendie. Québec aide les résidences à payer les gicleurs, mais cela ne suffit pas pour éponger une facture qui ne cesse d’augmenter aussi par rapport à 2019.
Au Kamouraska, sur 16 résidences pour aînés, deux n’ont pas de gicleurs et une en a partiellement, selon les dernières données du ministère de la Santé. Les autres immeubles en sont tous équipés.
Parmi celles qui n’ont pas de gicleurs, on retrouve le Manoir Alexandre de Saint-Alexandre, qui comptait 23 résidents il n’y a pas si longtemps, mais qui en rassemble 12 cette année, surtout en raison de la pénurie de main-d’œuvre.
La propriétaire Nicole Labrie, exaspérée par le manque de personnel, les exigences à la hausse et la fatigue post-pandémie, a décidé de ne pas installer de gicleurs sur les lieux, et de réduire son nombre de résidents à neuf en prévision de la date butoir. Avec neuf résidents ou moins, elle ne sera pas dans l’obligation de faire installer des gicleurs.
« Bien honnêtement, la première raison est surtout le manque de personnel », admet-elle. Dans ces conditions, il devenait plus logique pour elle de ne pas investir des milliers de dollars d’ici décembre 2024 dans l’installation de gicleurs. Reste que ce sont 14 places en RPA qui sont perdues au Kamouraska, en raison des motifs énumérés ci-haut.
La propriétaire a indiqué également vouloir se tourner vers la location de ses espaces pour les travailleurs étrangers.
Aide de Québec
Il a finalement été possible d’apprendre mercredi que Québec allait aider les RPA pour mieux financer les gicleurs, mais aussi pour les salaires. Le gouvernement assumera la totalité du paiement des primes destinées aux préposés, aux infirmières et aux infirmières auxiliaires dans les RPA jusqu’au 31 décembre 2023.
Quant aux gicleurs, les critères sont aussi modifiés pour permettre le versement d’une plus grande aide financière pour les résidences qui mettront aux normes leurs installations. Ces mesures s’inscrivent dans une volonté du gouvernement d’améliorer la situation économique actuellement difficile pour les plus petites RPA.
Au cours des derniers mois, des baisses de services et des fermetures de RPA ont été constatées. Cela indique que la situation économique des RPA demeure difficile, surtout pour les plus petites. Trois facteurs sont principalement en cause, soit les problèmes de rentabilité financière, le manque de ressources humaines lié à la pénurie de personnel, de même que l’épuisement des membres des équipes, dont les propriétaires des plus petites RPA.