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Gilles Desjardins : Un amoureux du fait français nous a quittés

Photo prise en 1997 dans le décor de RDI, à la table principale d’animation. On y retrouve Martin Cloutier, directeur des programmes, Renaud Gilbert, directeur général, et Gilles Desjardins, directeur du marketing. Photo : Renaud Gilbert

Le nom de Gilles Desjardins ne vous dit peut-être rien. Sans que vous le sachiez, ce natif de Saint-Denis-De La Bouteillerie, décédé récemment, a beaucoup fait pour le rayonnement du fait français au Canada. C’est en grande partie grâce à lui que la chaîne d’information continue de langue française RDI est diffusée sur le marché anglophone.

« J’ai connu Gilles en 1994. J’étais alors le tout nouveau directeur général du Réseau de l’information (RDI) de la Société Radio-Canada, une chaîne spécialisée qui allait être lancée le 1er janvier 1995 », explique son ami et instigateur de cet hommage, Renaud Gilbert, qui a occupé ce poste entre 1994 et 2000.

Mais voilà, la seule expertise de câblodistribution que le groupe possédait venait de leurs collègues anglophones de Newsworld. « En fait, nous n’y connaissions rien! » C’est là que Gilles Desjardins a proposé ses services, lui qui avait fait un succès de la distribution de TV-5, chaîne qui compte maintenant 8,5 millions d’abonnés.

En 1995, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications du Canada (CRTC) reconnaissait chez un câblodistributeur deux marchés au Canada : un de langue française et l’autre de langue anglaise. Nationaliste, Gilles Desjardins croyait à la nécessité d’une chaîne d’information continue autant pour les francophones que pour les anglophones. « Et surtout, surtout, j’ai senti sa force de caractère et sa détermination », se souvient M. Gilbert, ajoutant qu’aussitôt embauché, M. Desjardins n’a jamais lâché.

Un homme convaincant

« Le marché francophone était constitué des câblodistributeurs du Québec, et de quelques rares au Nouveau-Brunswick et en Ontario. Le marché anglophone, c’était tout le reste. L’abonné au câble dans un marché francophone payait plus cher pour une chaîne de langue française, et moins cher pour une chaîne de langue anglaise. RDI coûtait 90 cents par mois par foyer abonné dans le marché francophone, mais 10 cents seulement dans le marché anglophone, soit neuf fois moins. Les collègues du siège social de Radio-Canada avaient prévu une distribution laborieuse au Québec et une faible distribution dans le marché anglophone, pour des revenus de 23 millions $. Gilles Desjardins a réussi à convaincre massivement les câblodistributeurs anglophones de distribuer RDI », précise M. Gilbert.

Après 18 mois, RDI ne comptait pas 1,4 million de foyers abonnés, comme il était prévu pour le marché anglophone, mais 5,6 millions. « Le résultat, c’était 6 millions $ de plus au budget de RDI! » La suite est passée à l’histoire.

Un an plus tard, RDI devenait la chaîne spécialisée la plus distribuée au Canada, avec ses 9,5 millions de foyers abonnés, soit plus de 90 % des foyers câblés. « La force principale de Gilles, c’était sa ténacité. Une entreprise de câblodistribution qui disait non, c’était pour lui un oui différé. Ce sont ses succès qui ont permis plus de couvertures en direct, plus de productions dans toutes les régions du pays. Gilles a fait toute une différence dans le rayonnement du fait français dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada. »

Pour Renaud Gilbert, RDI et Radio-Canada, de même que les communautés francophones de tout le pays doivent beaucoup à Gilles Desjardins, à son travail constant et perspicace, et à sa patience. La direction et les employés du Placoteux se joignent à M. Gilbert pour offrir à son épouse Mary, à son fils Jean-Rémi et à toute sa famille leurs sincères condoléances.