La députée de Côte-du-Sud Marie-Eve Proulx a démissionné de ses fonctions de ministre déléguée au Développement économique régional et comme ministre responsable des régions du Bas-Saint-Laurent et de Chaudière-Appalaches. Elle demeure toutefois députée de Côte-du-Sud.
Marie-Eve Proulx s’est de nouveau retrouvée dans l’eau chaude ces derniers jours à la suite du récent départ de son attachée de presse. Ce départ, comme bien d’autres, aurait été motivé par du harcèlement psychologique, de l’intimidation et un climat toxique régnant au sein de ses bureaux.
Le chroniqueur du 98,5 FM Bernard Drainville, qui a été le premier à dévoiler l’information dans la journée de lundi, a récidivé le lendemain en faisant état d’une lettre envoyée au premier ministre François Legault par une ancienne employée de Marie-Eve Proulx à l’époque où celle-ci travaillait pour le réseau de l’Université du Québec. Dans cette missive, l’ex-employée se qualifierait comme une des victimes de la députée, accusant du même coup le premier ministre d’avoir un double discours concernant sa tolérance zéro face à la violence. Cette personne aurait même menacé de provoquer une sortie publique avec d’autres victimes alléguées de Marie-Eve Proulx afin d’éviter que cette situation ne se poursuive.
À la suite d’une rencontre effectuée entre la députée de Côte-du-Sud et le premier ministre, le 4 mai en avant-midi, un communiqué a été publié par le bureau de François Legault confirmant la démission de Mme Proulx comme ministre déléguée et ministre responsable des deux régions nommées précédemment. Ces responsabilités ministérielles seront attribuées prochainement à d’autres membres du gouvernement.
En point de presse, M. Legault a indiqué que le harcèlement psychologique en milieu de travail était « non-négociable » pour lui. « On peut être exigeant, travailler fort, mais ça doit se faire dans le respect, dans le plaisir. Ce n’est pas le genre de climat que je souhaite », a-t-il déclaré.
Situation connue
Ces « méthodes de gestion » de Marie-Eve Proulx n’étaient pourtant pas nouvelles puisqu’elles avaient déjà retenu l’attention au début 2020. À ce moment, la députée de Côte-du-Sud s’était retrouvée sur la sellette après que le départ de 14 employés en autant de mois soit porté à l’attention du public. On parlait déjà à l’époque de congédiement injustifié, de congés de maladie et de départs volontaires provoqués par une forme de climat de terreur entretenu par la ministre déléguée avec ses employés.
Le journaliste du Journal de Québec Marc-André Gagnon rapportait même que le cabinet du premier ministre était au courant de la situation à la suite d’une enquête interne, lui qui était auparavant intervenu pour remplacer trois de ses collaborateurs au sein d’autres cabinets ministériels. Malgré cela, François Legault s’était tout de même porté à la défense de Marie-Eve Proulx, une fidèle de la première heure de la CAQ, en mentionnant que ces cas relevaient de la « régie interne », expression constamment reprise depuis par la députée et ministre, lorsque questionnée sur ce sujet.
« On a eu des informations l’an dernier comme quoi il y avait un climat de travail difficile au bureau de Marie-Eve Proulx. On l’a rencontré et elle a eu droit à des services de coach. Malheureusement, la situation ne s’est pas améliorée », a expliqué M. Legault qui promet maintenant faire un suivi auprès du personnel de son bureau de comté, où la « situation serait relativement bonne » selon lui.
Réponse de la députée
Un an après les premières allégations rendues publiques au sujet de Marie-Eve Proulx, le nombre d’employés ayant quitté ses différents bureaux avoisinerait maintenant la vingtaine de personnes depuis son élection à l’automne 2018. Un de ses ex-employés a même déposé deux plaintes au tribunal administratif du travail : une pour harcèlement psychologique et une autre pour congédiement pour cause de maladie ou d’accident. Marie-Eve Proulx stipulait de son côté que ces plaintes étaient « non fondées ». Une entente de principe est survenue hors cour entre les deux parties, en avril dernier, évitant à Marie-Eve Proulx de témoigner.
Sur sa page Facebook à la suite de sa démission, Marie-Eve Proulx écrit : « J’ai été très affectée par les allégations des derniers jours me concernant et faisant référence à mon comportement qui aurait blessé certains des membres de mon équipe. Si c’est le cas, je m’en excuse. J’ai mes torts, mais je n’ai pas tous les torts. Je suis une fonceuse, c’est vrai. Je suis exigeante, c’est vrai, d’abord envers moi-même. Je suis, et demeure animée par la volonté de travailler à réaliser les ambitions du Québec. Constatant que j’étais devenue une distraction pour le gouvernement alors que toute notre attention doit être portée envers la gestion de la pandémie actuelle, j’ai informé le premier ministre de mon intention de quitter mes fonctions de ministre déléguée au Développement économique régional. Je le remercie de la confiance qu’il m’a témoignée en me permettant de servir le Québec en occupant cette fonction. Je continuerai de porter fièrement les couleurs de la Coalition Avenir Québec à titre de députée de la circonscription de Côte-du-Sud. »