Horaires de faction : Le CISSS recommande des horaires à l’heure au Kamouraska

Photo : Maxime Doré (Unsplash.com).

La pdg du CISSS du Bas-Saint-Laurent Isabelle Malo recommande au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) de convertir des horaires de faction en horaire à l’heure pour les paramédics de Saint-Pascal et de La Pocatière. Ces recommandations et d’autres concernant cinq zones ambulancières bas-laurentiennes distinctes sont faites sur une base annuelle au MSSS par l’organisation.

Dans le détail de l’analyse fournie au Ministère, on explique que les zones de La Pocatière et de Saint-Pascal doivent être considérées ensemble, car lorsque cette dernière se retrouve à découvert, il est impossible de rapprocher les deux véhicules de La Pocatière fonctionnant selon un horaire de faction vers le centre du Kamouraska pour assurer une couverture ambulancière optimale du territoire. Le volume d’appels trop importants dans le secteur de La Pocatière explique cette difficulté, écrit-on.

Le taux d’occupation tend d’ailleurs à le démontrer. Selon les données d’utilisation de 2019-2020, celui de La Pocatière était de 26,20 heures, soit une utilisation à 93,59 % par rapport à l’ancienne norme de 28 h jadis considérée pour procéder à la conversion d’un horaire de faction en horaire à l’heure. En 2020-2021, selon les plus récentes données révisées en octobre dernier, l’utilisation moyenne d’un mobile de faction est désormais à 28,47 heures, pour un taux d’utilisation de 101,69 %.

« Nous avons procédé de la même façon que les années antérieures, bien qu’un comité provincial de vigie ait été formé pour revoir les améliorations à apporter à la desserte ambulancière provinciale. Nos priorités régionales ne tiennent pas compte nécessairement des paramètres de conversion actuels déterminés par le ministre, mais davantage des besoins reliés à l’offre actuelle de services préhospitaliers de notre région », écrit Isabelle Malo dans sa missive.

Dans l’analyse de la charge de travail fourni en annexe, le CISSS va plus loin et insiste : « Nous proposons la conversion d’un horaire de faction pour La Pocatière et Saint-Pascal, mais advenant l’accord d’une modification par le MSSS, nous priorisons La Pocatière étant donné qu’il y a un centre hospitalier receveur et que le volume d’appels est plus important ».

La Fédération des employés du préhospitalier du Québec (FPHQ) a quant à elle adressé une lettre au premier ministre François Legault demandant l’abolition des horaires de faction pour La Pocatière, mais également Saint-Alexandre-de-Kamouraska. La FPHQ argue que ces deux services ambulanciers se trouvent actuellement à un taux d’utilisation similaire à celui de Témiscouata-sur-le-Lac, dont un l’horaire de faction a été aboli en début d’année, ce pourquoi elle rappelle au premier ministre d’intervenir comme il l’a fait dans ce dossier en 2020, dans « un souci de cohérence ».

Rupture de service

Propriétaire des Ambulances Chouinard à La Pocatière, Tommy Chouinard s’est dit heureux de cette recommandation du CISSS du Bas-Saint-Laurent et de la demande formulée par FPHQ. Le 7 octobre dernier, son service ambulancier a été victime d’une rupture de service, dit-il. Dans les semaines qui ont suivi, des pressions auraient été exercées par les bureaux de la députée de Côte-du-Sud Marie-Eve Proulx et de la ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent Caroline Proulx afin que soit considéré son service pour une conversion d’horaire. Depuis, silence radio de la part du ministère de la Santé. « On a l’impression d’être encore tombé entre deux chaises », poursuit-il.

De passage à La Pocatière le 29 octobre dernier, le premier ministre François Legault a demandé encore un peu de patience aux paramédics de La Pocatière, confirmant que leur dossier, ainsi que celui de Saint-Jean-Port-Joli, était à l’étude. C’est à ce moment qu’il a aussi évoqué les nouveaux critères maintenant pris en considération dans l’analyse des dossiers, notamment la population, le délai d’intervention et la distance des véhicules par rapport aux différents hôpitaux, plutôt que l’ancienne norme de 28 h souvent évoquée par le passé.

« Ça veut dire que des endroits comme La Pocatière peuvent éventuellement se retrouver avec des horaires à l’heure, mais si c’est le cas, c’est parce que ça aura été étudié de façon équitable dans toutes les régions du Québec. D’ici quelques mois, ça sera annoncé », avait déclaré François Legault.

Tommy Chouinard aimerait bien être optimiste, mais il voit de son côté les semaines passées et des problèmes de main-d’œuvre l’affliger plus que jamais. « Je viens de perdre quatre paramédics. Deux qui sont partis à la retraite et qui s’accommodaient du 7/14 et deux jeunes qui eux ne voulaient plus rien savoir de ce genre d’horaire. »

Ces horaires de faction sont le nœud du problème, selon lui, la nouvelle génération de paramédics n’étant pas intéressée à travailler sous ces conditions. « Si au moins je pouvais avoir une date où l’horaire à l’heure va entrer en fonction, peut-être que je serais plus attrayant quand je vais me présenter au Cégep, dans pas long, pour recruter mon personnel », conclut-il.