La coopérative de travailleurs Horisol de Saint-Jean-Port-Joli peut dire mission accomplie. Plus d’une cinquantaine de personnes ont participé à son événement corporatif tenu le 27 octobre, une occasion pour la coopérative de faire connaître son offre de services souvent méconnue, et de présenter ses installations à ses partenaires.
Horisol est dans le paysage sud-côtois depuis 35 ans, mais plusieurs ignorent toujours sa mission. Membre du Conseil québécois des entreprises adaptées, elle emploie une main-d’œuvre constituée d’au moins 60 % d’employés ayant des limitations d’ordre physique, mental ou intellectuel. Son objectif est de faciliter l’insertion professionnelle de ces personnes qui autrement trouveraient difficilement leur place sur le marché du travail standard.
« On œuvre dans le domaine du rabotage et de la transformation du bois. On s’est fait connaître au fil du temps principalement par la confection de planches à clôture, mais notre offre de service s’est depuis beaucoup diversifiée. On fait, par exemple, de plus en plus de sous-traitance industrielle pour de grosses entreprises de la région ; du travail souvent peu intéressant pour des employés en usine, mais extrêmement valorisant pour nos travailleurs », résume Guylaine Harton, directrice générale.
La coopérative compte notamment parmi ses clients Maibec, Montel, Rousseau et Umano Medical. Avec la pénurie de main-d’œuvre qui affecte durement ces entreprises, Horisol cherche à se positionner de plus en plus dans ce marché comme une solution de sous-traitance efficace, de qualité et abordable, ce qui a motivé notamment la tenue de son événement corporatif.
Défis
Cette nouvelle réalité du marché du travail amène toutefois son lot de défis pour la coopérative de travailleurs qui emploie 60 personnes ayant des limitations, et environ une dizaine de professionnels-cadres, techniciens spécialisés ou employés en soutien à l’administration. Il n’est pas rare que certains travailleurs aux limitations moins importantes fassent le saut vers le marché courant, ce qui se voyait plus rarement lorsque la pénurie de main-d’œuvre n’était pas aussi criante. Parfois, ce changement peut être bénéfique pour ces employés, mais pour d’autres, la réalité les rattrape rapidement et un retour chez Horisol, où le travail est plus adapté à leur condition, est souvent nécessaire.
« Quand ces travailleurs reviennent chez nous, on est très contents de les revoir, mais ça vient aussi avec une baisse de leur productivité qui va se répercuter sur l’ensemble de la chaîne. Pour notre équipe d’encadrement, il y a tout un travail à faire pour amener ces employés à retrouver la confiance qu’ils avaient dans leurs tâches avant de nous quitter », résume la directrice générale.
Ce manque de productivité, qui est inévitable pour entreprise comme Horisol, est compensé par une accréditation au Programme de subventions aux entreprises adaptées (PSEA) d’Emploi-Québec qui permet à la coopérative de combler le manque à gagner qui en découle. Horisol évalue d’ailleurs la productivité de ses employés ayant des limitations à 60 % de celle d’un employé dit régulier. Par le passé, cette productivité était beaucoup plus grande, de préciser Guylaine Harton, mais la pénurie de main-d’œuvre qui a accentué ces allées et venues des employés vers le marché standard a occasionné une baisse de cette donnée. « On vit avec cette réalité, mais notre équipe s’adapte et les résultats sont là, ce qui nous permet d’envisager de mettre encore davantage l’accent sur la sous-traitance industrielle », conclut Guylaine Harton.