Il est de ces gens qui laissent un immense vide lorsqu’ils s’en vont. C’est le cas de Jean Martin, bénévole infatigable, citoyen engagé et figure respectée du Kamouraska, décédé subitement le lundi 13 octobre. Son départ a profondément bouleversé la communauté, tant il aura marqué son milieu par son dévouement, sa rigueur et sa bienveillance.
Infirmier de profession, Jean Martin a consacré plus de trente ans de sa vie à soigner les autres à l’Hôpital Notre-Dame-de-Fatima de La Pocatière. Retraité, il n’a jamais cessé de servir. Il s’est investi dans de nombreuses causes locales, présidant entre autres le comité Mes soins restent ici, et la Fondation de la Polyvalente de La Pocatière, en plus de s’impliquer dans le mouvement Sauvons notre piscine et diverses campagnes communautaires.
Au fil des années, il était devenu la voix tranquille, mais ferme, d’un mouvement citoyen déterminé à défendre les soins de proximité, et à rappeler que la santé devait d’abord être un service humain avant d’être une structure administrative. Dans une entrevue qu’il avait accordée au Placoteux, il dénonçait avec lucidité « les failles d’un système », sans jamais s’en prendre aux individus. Son combat, c’était celui de la solidarité, de l’équité et du respect des patients.
Une vague d’hommages
La nouvelle de son décès a suscité une pluie de témoignages sur les réseaux sociaux. La Fondation de l’Hôpital de Notre-Dame-de-Fatima a rendu hommage à « un bénévole d’exception, un homme généreux, engagé et profondément humain ». L’organisation a rappelé son dévouement professionnel et personnel : « Son humanité, son sourire et son immense cœur resteront à jamais gravés dans nos mémoires. »
La Fondation de la Polyvalente de La Pocatière, qu’il présidait depuis sa création, a salué « un homme de cœur qui donnait de son temps sans compter […] Jean aura toujours une place très importante dans le cœur de la Fondation », a souligné son conseil d’administration, offrant ses condoléances à son épouse Danielle Dumais et à ses enfants.
Le comité Mes soins restent ici, qu’il dirigeait depuis huit ans, s’est dit « sous le choc » : « Jean a agi avec conviction et sagesse à titre de porte-parole citoyen d’un mouvement déterminé à ramener dans notre communauté les ressources de proximité dont nous avons été privés depuis la réforme Barrette. Merci, Jean, tu nous laisses le souvenir d’un gars engagé, et toujours respectueux des gens avec qui tu devais débattre. »
Même son implication dans le comité Sauvons notre piscine a été soulignée : « Un homme qui a été dès le départ de la mobilisation citoyenne pour notre piscine, qui a appuyé et pris part aux actions concrètes pour conserver une offre en matière de sécurité aquatique au Kamouraska », a écrit Julye Letarte, l’une des membres fondatrices.
Des citoyens reconnaissants
Les témoignages de citoyens ont aussi abondé sur les réseaux sociaux. « Jean avait le mot bénévolat tatoué sur le cœur. Il était de toutes les campagnes de financement, des marches pour sauvegarder nos soins, des ventes de billets, de l’organisation de brunchs et de soupers. Positif, généreux, empathique, sans jugement et très aimant envers tous… un GRAND homme vient de nous quitter », a écrit Mary-Claude Lebel.
« Un grand homme ce Jean ! Un chef de file, un homme déterminé et dévoué, un grand humain au cœur d’or avec qui j’ai eu l’immense bonheur de travailler », a témoigné Marie-Josée Gagnon.
Une voix respectée
Jean Martin incarnait un bénévolat lucide, ancré dans la justice sociale et la responsabilité collective. Dans ses interventions publiques, il s’exprimait toujours avec calme, rigueur et respect, même lorsqu’il remettait en question les décisions des autorités.
Le Placoteux a eu l’occasion de lui donner la parole à plusieurs reprises au fil des ans. Il démontrait chaque fois une grande connaissance de ses dossiers, un sens critique affûté, et un profond respect pour le débat public. Ses interventions empreintes d’humanité ont contribué à élever la discussion sur les enjeux de santé dans la région.
Il laisse derrière lui le souvenir d’un homme juste, d’un bénévole rare, et d’un citoyen dont les convictions continueront d’inspirer longtemps.
Un infatigable défenseur des soins de proximité
Le décès soudain de Jean Martin a profondément secoué la communauté du Kamouraska. Figure centrale du mouvement Mes soins restent ici, il s’est battu jusqu’à la fin pour préserver l’accès aux soins hospitaliers dans la région.
« C’était un passionné, mais surtout un homme épris de justice sociale », confie la Dre Marie-Ève O’Reilly-Fromentin, médecin de famille au Kamouraska et proche collaboratrice de M. Martin au sein de l’organisation Mes soins restent ici. « Il voulait vraiment que tout le monde ait accès aux soins, peu importe où il habite. »
L’ancien infirmier s’est notamment illustré lors du vaste mouvement citoyen de 2018, organisé à la suite de la perte d’un service d’anesthésie. « Cette grande marche avait rassemblé près de 5000 personnes dans les rues à La Pocatière. L’activité s’est conclue devant l’hôpital, et c’est à ce moment-là que j’ai fait sa connaissance », se souvient la Dre.
De cette mobilisation sont nées une série d’actions concrètes menées par le groupe Mes soins restent ici, dont Jean Martin a rapidement assumé la présidence. « Il a pris les rênes du mouvement, et a su faire entendre la voix du Kamouraska jusque sur la scène nationale », poursuit-elle. Grâce à ses démarches, la région a pu obtenir un service de dépannage en anesthésie et en chirurgie, évitant ainsi de nombreuses ruptures de services.
« Il a permis que les femmes puissent continuer à accoucher ici, que les chirurgies puissent se faire sans interruption, et surtout que le gouvernement reconnaisse la réalité des petits milieux », souligne la médecin. Jean Martin n’a jamais hésité à porter la voix du Kamouraska jusqu’aux plus hautes instances. À plusieurs reprises, il s’est rendu à l’Assemblée nationale pour défendre le maintien des services hospitaliers dans la région. Il aura rencontré trois ministres de la Santé : Gaétan Barrette, Danielle McCann et Christian Dubé pour porter ce message avec conviction et détermination, mais toujours avec calme et respect.
Son décès brutal a surpris tout le monde. « Le matin même, il donnait encore une entrevue à la radio pour parler du brunch de la polyvalente, et de l’importance des soins de proximité », raconte Dre O’Reilly-Fromentin. « C’est dire à quel point il était engagé jusqu’à la toute fin. Son œuvre ne s’éteindra pas. Il est clair qu’il y aura une relève. C’est trop important de poursuivre ce qu’il a commencé », conclut-elle.