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Karl Blackburn présente sa vision politique

Karl Blackburn et sa femme Annie Tremblay ont souligné au passage leur 33e anniversaire de mariage. Photo : José Soucy

De passage récemment en Côte-du-Sud dans le cadre de la course à la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ), le candidat Karl Blackburn a partagé avec Le Placoteux les grandes lignes de sa vision politique. Se présentant comme le candidat de l’économie, mais se disant également un nationaliste enraciné dans les régions, l’ancien président du Conseil du patronat du Québec croit fermement qu’il est celui qui pourra rassembler les troupes dès le lendemain du vote prévu pour le 14 juin.

Cette candidature officielle est d’autant plus significative qu’elle survient après une année marquée par des enjeux personnels majeurs. En juin 2024, Karl Blackburn recevait un diagnostic de cancer de la prostate, ce qui l’a contraint à se retirer temporairement de la vie publique. Opéré en novembre 2024, il a mis plusieurs mois à récupérer. « Lors de mes derniers suivis médicaux — parce que là, maintenant, j’ai des suivis tous les trois mois —, mon médecin m’a dit qu’il n’y avait plus de traces de cancer dans mon sang, et qu’on avait retiré la masse dans l’opération que j’ai eue », confie-t-il, confiant en l’avenir.

Le candidat de l’économie

Pour M. Blackburn, son expérience économique est son principal atout. Ayant fondé sa propre entreprise, et étant toujours actif dans le domaine des affaires, il a aussi dirigé le Conseil du patronat pendant près de cinq ans, défendant les intérêts des employeurs québécois. « Le Parti libéral a besoin d’un leadership économique crédible pour redevenir pertinent. Je suis ce candidat », ajoute-t-il avec aplomb.

Originaire de Roberval, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Karl Blackburn, père de quatre enfants, s’est toujours défini comme un homme des régions. Il affirme que le PLQ doit impérativement reconnecter avec le Québec régional s’il souhaite redevenir une force politique majeure. Il mise également sur sa capacité à rallier les milieux économiques de Montréal, où il a bâti un important réseau. « Je suis le candidat qui a la plus forte vision économique. Je suis également le candidat qui peut reconnecter avec les régions. Parce que le Parti libéral ne pourra jamais redevenir un gouvernement si on n’arrive pas à reconnecter avec les régions du Québec. »

Ancien député libéral de Roberval élu en 2003, il a été adjoint parlementaire au ministre du Développement économique et régional, puis au ministre de la Sécurité publique. Son parcours au sein du PLQ ne s’arrête pas là, puisqu’il a aussi été organisateur en chef et directeur général du parti, notamment lors de la victoire majoritaire de 2008. « Le 15 juin au matin, je saurai exactement quoi faire. Je suis prêt à entrer en mode électoral immédiatement », précise celui qui souhaite diriger les destinées du Québec.

Le rassembleur

Karl Blackburn affirme qu’il a des appuis solides, malgré son arrivée plus tardive dans la course. Parmi les anciens députés libéraux qui le soutiennent, on peut compter David Whissell, Yvon Marcoux, Norman MacMillan et Yvon Vallières. Il reconnaît que d’autres, comme Jean D’Amour et Norbert Morin, soutiennent Charles Milliard, mais croit en contrepartie pouvoir les rallier à la cause libérale au lendemain de son élection. « J’ai travaillé avec eux. Je peux tous les réunir autour du Parti », assure-t-il.

Selon lui, le PLQ doit retrouver son rôle central dans la société québécoise en revenant aux « vraies affaires », en l’occurrence la santé, l’éducation, les infrastructures, les garderies, le soutien aux entrepreneurs, et l’allègement de la bureaucratie. Pour ce faire, il propose trois axes majeurs : une vision économique solide, une décentralisation des pouvoirs vers les régions, et une reconnexion franche avec les francophones.

Ses critiques

Karl Blackburn accuse François Legault de diviser le Québec : régions contre Montréal, francophones contre anglophones, Québec contre le reste. Il reproche également à Paul St-Pierre Plamondon, le chef du Parti Québécois de vouloir replonger le Québec dans des querelles constitutionnelles. « Le Québec doit regarder vers l’avenir, pas vers les vieux débats », déclare-t-il.

S’il se réclame du nationalisme de Jean Lesage et de Robert Bourassa, il rejette cependant l’idée d’un repli identitaire. Il souhaite malgré tout que le Québec devienne une nation forte et influente à l’intérieur du Canada, et ouverte sur le monde. Il évoque aussi le déclin démographique du Québec, notamment le solde naturel négatif enregistré en 2024, et le déséquilibre générationnel : « Pour dix retraités, on n’a que neuf jeunes qui entrent sur le marché du travail. »

Pour combler ce manque, il plaide pour une immigration économique accrue et mieux encadrée. Il distingue cette immigration, bénéfique et intégrée, de l’immigration humanitaire concentrée à Montréal. Il illustre ses propos avec l’exemple d’un projet de serre à Saint-Félicien, sauvé par des travailleurs guatémaltèques. « Le Québec, on est 22 % de la population canadienne. Alors normalement, on devrait recevoir 22 % de l’immigration humanitaire en sol Québécois. Mais ça n’est pas le cas présentement, puisqu’on reçoit presque 50 % de cette clientèle-là ici. Alors les autres provinces doivent faire leur effort », juge-t-il.

Responsabilité et éducation

Karl Blackburn propose également une réforme inspirée du modèle suédois, où les décisions sont prises localement selon les besoins. Il s’insurge aussi contre les dépassements de coûts publics et la lourdeur de l’État, en dénonçant notamment le coût démesuré des maisons des aînés construites par le gouvernement, comparativement aux résidences privées. Il mise ainsi sur un retour de la responsabilité ministérielle (imputabilité), et sur l’usage accru des partenariats public-privé (PPP), sans pour autant demander des enquêtes publiques.  « Mais je te dirais, ce qui est le plus important, c’est l’imputabilité et la responsabilité ministérielle. Là, actuellement, dans les fiascos qu’on voit du côté du gouvernement de la CAQ, il n’y a plus personne qui est responsable de rien. Tu dépenses 1 million, 100 millions, 1 milliard, comme si de rien n’était, et plus personne n’est responsable de rien », s’insurge-t-il.

Pour l’éducation, il se désole des taux de littératie au Québec, et du décrochage scolaire chez les garçons. Il appelle à une implication accrue des parents, et à une éducation axée sur les valeurs fondamentales. « Le français, les mathématiques, l’économie, l’histoire, la science. Je pense que ça, c’est la base qu’on devrait enseigner dans nos écoles secondaires. »

En matière de santé, il défend une approche préventive basée sur les habitudes de vie, comme le souhaite son ami Pierre Lavoie. Enfin, en fiscalité, il souligne que 40 % des Québécois ne paient pas d’impôt en raison de leur pauvreté : « Le Québec est pauvre en riches et riche en pauvres », ironise M. Blackburn.

Rétabli, et se disant expérimenté et déterminé, Karl Blackburn souhaite aujourd’hui mettre toutes ses énergies au service du PLQ. « Il est temps de se retrouver, et de reconstruire ensemble cette grande formation politique qui a par le passé façonné le Québec », conclut-il.