La gestion des plastiques agricoles changera, mais pas dans l’immédiat

Des plastiques d’ensilage que l’on retrouve à Récupération des Basques. Photo : Évariste Feurtey

Les plastiques d’enrubannage, utilisés pour entreposer et entretenir la qualité des fourrages, composent une part importante des plastiques agricoles dans le Bas-Saint-Laurent. Au Kamouraska, 195 tonnes en sont générées chaque année. Actuellement, ces plastiques sont acceptés dans le bac bleu, mais ce système pourrait être appelé à changer prochainement, pour des raisons législatives.

« C’est une très bonne habitude » qu’ont prise les producteurs du Kamouraska que de placer leurs plastiques d’ensilage au recyclage, selon Solange Morneau, directrice générale de Co-éco. Cependant, la nouvelle législation pourrait contraindre les producteurs à se déplacer pour s’en débarrasser, ce qui les inquiète.

Cette législation requiert qu’un système de récupération et de valorisation respectant les nouvelles normes soit mis en place pour toutes les entreprises d’ici le 30 juin 2023.

Selon Solange Morneau, l’échéancier sera difficile à respecter; elle s’attend à voir la date repoussée. Elle mentionne notamment qu’un des organismes clefs à l’opération n’aurait pas encore été désigné par le gouvernement québécois, ce qui a pour effet de retarder le processus.

En fait, les producteurs du Kamouraska peuvent être rassurés; leurs habitudes pourront rester les mêmes jusqu’à nouvel ordre. Une fois l’organisme en question désigné, la directrice générale soutient que Co-éco et les autres acteurs du monde de l’agriculture dans la région se donneront un an pour explorer les possibilités de système de collecte et ainsi déterminer le fonctionnement de la « machine ».

Émilie Dupont, coordonnatrice du projet de Synergie BSL hautement impliquée dans le dossier des plastiques agricoles, fait valoir l’importance de prendre le temps nécessaire à la transition : « Ce qu’on ne voudrait vraiment pas, c’est de faire changer l’habitude [des producteurs], pour ensuite la changer à nouveau quelques mois plus tard. On veut arriver à quelque chose de pérenne. » Mais pour y arriver, explique-t-elle, il faut avoir la certitude que les plastiques seront acheminés à un endroit où ils pourront effectivement être recyclés.

Tous attablés

Le développement de ce projet réunit plusieurs groupes et organismes, dont l’Union des producteurs agricoles, les municipalités, les centres de tri et bien d’autres. C’est une collaboration nécessaire pour trouver des solutions aux contraintes imposées aux agriculteurs par la législation, affirme Émilie Dupont. « Ça ne veut pas dire qu’on ne va pas réussir, mais si on le veut, il faut que tout le monde de la chaîne de valeur [des plastiques agricoles] soit assis autour de la même table. Pour que les solutions qu’on trouve soient durables, il faut que tout le monde y trouve son compte. »

Émilie Dupont et Solange Morneau se réjouissent toutes les deux du fait que « la bonne nouvelle, c’est que les producteurs, globalement, veulent être dans l’action. Ils veulent que ça bouge, ce dossier-là, et que le plastique soit recyclé. »