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La Montée en manque d’employés : L’AQCID demande un financement direct du gouvernement

Photo : Priscilla Du Preez (Unsplash.com)

La situation vécue au centre La Montée de Rivière-Ouelle n’est pas unique au Québec; plusieurs autres vivent des problématiques de recrutement de main-d’œuvre de la sorte, faute d’offrir des conditions de travail compétitives. L’Association québécoise des centres d’intervention en dépendance (AQCID) demande au gouvernement provincial de privilégier un financement direct de ces ressources communautaires.

Directeur adjoint à l’AQCID, Alexandre Ratté l’a reconnu d’emblée, la situation vécue à La Montée est particulièrement aiguë. Elle ressemble également à celle de plusieurs autres ressources communautaires d’hébergement en dépendance (RHD) situées en région, là où le bassin de population est beaucoup moins grand, ce qui complique le recrutement de ressources qualifiées.

« Ce qui est encore plus alarmant, c’est que le financement ne suit pas pour les centres d’intervention en dépendance depuis de nombreuses années. Le financement provient des CISSS de chaque région et va à la mission, ou par le biais du soutien aux organismes communautaires. C’est donc laissé à la bonne volonté des dirigeants des CISSS, qui sont sursollicités par le milieu communautaire, et ça varie d’une région à l’autre car il n’existe pas de balises claires », décrit-il.

Depuis quelques années, l’AQCID demande au gouvernement de financer directement les ressources communautaires comme La Montée, sans intermédiaire, avec une récurrence à long terme. Les programmes actuels par le biais des CISSS sont souvent basés sur trois ans, souligne M. Ratté. Avec une récurrence assurée, les centres d’intervention en dépendance pourraient travailler davantage sur la rétention de leurs ressources humaines.

« Le secteur des RHD est très normé et nécessite d’avoir des ressources humaines spécialisées sur le plan académique. On n’a aucun problème avec les normes, car elles existent pour une bonne raison et nos ressources se doivent d’offrir des environnements sécuritaires à la clientèle. Par contre, le financement qu’on obtient n’est pas en adéquation avec le cadre dans lequel on nous demande d’évoluer. »

Santé publique

Pour l’AQCID, il n’y a aucun doute dans son esprit que la fermeture d’un centre comme La Montée devient un enjeu de santé publique pour toute une région. Il rappelle qu’au-delà de l’aspect thérapie, tout le volet dépendance que déploie l’organisme dans les écoles secondaires, notamment, joue un rôle prépondérant dans tout le continuum de soins en dépendance d’une région.

« Selon nos données, 90 % des traitements en dépendance avec hébergement sont offerts par les ressources communautaires. Le 10 % serait assuré par le réseau public. Par contre, sur l’enveloppe ministérielle de 145 M$ en lien avec la prévention et le traitement des dépendances, on estime qu’environ 50 M$ sont attribués directement à des RHD. Il existe clairement une dichotomie au chapitre du financement. »

Une des conséquences de ce sous-financement est la fermeture d’environ cinq RHD depuis deux ans, ce qui accentue la pression sur les ressources comme La Montée qui aux yeux de l’AQCID est considérée comme étant « fermée temporairement », et non définitivement comme les autres cas rapportés précédemment. Afin d’éviter que le même sort ne soit réservé à La Montée, Alexandre Ratté s’interroge sur les actions du CISSS du Bas-Saint-Laurent dans ce dossier. « Je ne comprends pas que l’organisation n’ait pas encore réagi », a-t-il déclaré.

Le conseiller aux relations médias au CISSS du Bas-Saint-Laurent, Gilles Turmel, indique que son organisation est « au fait des problèmes de recrutement de main-d’œuvre dans les organismes communautaires comme La Montée ». « À part des aides financières ponctuelles non récurrentes de notre part, le financement vient du MSSS (programme de soutien aux organismes communautaires) et nous ne sommes que des intermédiaires », a-t-il rappelé.

En prévision de la réouverture de l’organisme prévue le 7 octobre, le CISSS envisagerait le prêt d’une ressource temporaire afin que le service puisse reprendre « avec le plus de stabilité possible ». « À noter que les usagers qui étaient sur place lors de la fermeture ont tous été relocalisés. Notre objectif est vraiment de limiter les impacts sur la clientèle. »

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