La Pocatière : Tracteurs et marcheurs investissent les rues en appui à la médecine vétérinaire

Passage sur la 4e avenue Painchaud. Photo : Maxime Paradis

Au moins 500 marcheurs et 21 tracteurs ont déambulé dans les rues de La Pocatière le 11 septembre afin d’exiger du prochain gouvernement un moratoire sur la construction du futur Pavillon de médecine vétérinaire à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Une étude sérieuse qui doit évaluer l’option La Pocatière a aussi été réclamée.

Il y a déjà eu des mobilisations qui font courir davantage les foules dans le passé à La Pocatière, mais celle pour la médecine vétérinaire passera certainement à l’histoire par la présence d’un convoi de 21 tracteurs venu bonifier la marche pour l’occasion. Partie à 14 h de l’hôtel de ville de La Pocatière, la marche a emprunté la 4e avenue Painchaud sous l’œil de dizaines de curieux, avant de s’arrêter au Marché public de la Grande-Anse, entre l’ITAQ et le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.

Plusieurs pancartes, reprenant des slogans faisant appel aux objectifs de la décentralisation du programme de médecine vétérinaire, mais valorisant plutôt l’option La Pocatière, ont été portées par des dizaines de marcheurs et de tracteurs tout au long du rassemblement. Les plus fréquentes, « L’enseignement agricole est né ICI en 1859 ! », « 100 M$ ICI ! On peut faire plus et faire mieux ! », « ICI ! Les gros animaux sont réels pas virtuels », mettaient toutes l’accent sur le mot ICI caractéristique du positionnement marketing de la Ville de La Pocatière depuis une dizaine d’années.

Les candidats politiques à l’élection du 3 octobre prochain dans Côte-du-Sud étaient aussi tous présents en appui à l’option La Pocatière, à l’exception de celui de la CAQ, Mathieu Rivest, qui continue de défendre la position Rimouski de sa prédécesseure Marie-Eve Proulx et du parti qu’il représente. Tous ses adversaires, dont le candidat conservateur Frédéric Poulin, appuyé à la marche par son chef Éric Duhaime qui lui était accompagné de son chien, n’ont pas manqué de relever l’absence du candidat caquiste en appelant les électeurs à garder cet élément en tête, le 3 octobre prochain.

Moratoire et étude

En préambule, le président de la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet, Gabriel Hudon, a rappelé les grandes étapes de mobilisation dans ce dossier depuis l’envoi, le 2 mai dernier, d’une lettre à l’attention du ministre de l’Agriculture André Lamontagne par André Simard, actuel maire de Saint-Roch-des-Aulnaies et ancien directeur général de l’ITA, demandant d’étudier l’option de La Pocatière pour la décentralisation du programme de médecine vétérinaire dont il est lui-même issu à la Faculté de Saint-Hyacinthe. Cet appel, comme tous les autres lancés par la suite, n’a toujours pas conduit à une rencontre entre le comité de mobilisation et des représentants du gouvernement Legault, outre la députée démissionnaire Marie-Eve Proulx.

« Ça fait plus de 17 semaines qu’on tente de se faire entendre. Nous avons l’appui d’une trentaine de conseils municipaux et plus de 2000 signatures à une pétition. Le milieu pocatois demande un moratoire et une étude sérieuse et complète [sur] où devrait être implanté le Pavillon de médecine vétérinaire », a déclaré Vincent Bérubé, maire de La Pocatière.

« Quatre mois déjà, un tiers d’année que le premier ministre du Québec, élu au suffrage universel, refuse de rencontrer trois élus (Vincent Bérubé, Sylvain Roy, André Simard), eux aussi élus au suffrage universel. M. Legault, si votre dossier était de béton, je suis persuadé que vous seriez déjà venu nous rencontrer, vous l’auriez fait avec fierté et on aurait bien compris. Mais voilà, votre dossier est cousu de fil blanc », a ajouté Sylvain Roy, préfet de la MRC de Kamouraska.

« J’ai été 14 ans directeur ici (ITA), sept ans à Saint-Hyacinthe, et je peux vous assurer qu’il y de place pour 25 étudiants par année, 75 sur trois ans, quitte à faire un petit agrandissement. C’est sans compter la Ferme-école et le milieu agricole auquel il est impératif d’intéresser les étudiants en médecine vétérinaire. Il n’est pas trop tard. Il reste trois semaines à la campagne électorale, trois semaines d’un temps de réponse minimum (du gouvernement). Le prochain geste qui sera à poser, après celui de cette marche, ça sera dans l’urne et ça vous appartiendra », a poursuivi André Simard, en s’adressant à la foule.

Vincent Bérubé est aussi d’avis que la population aura le dernier mot le 3 octobre, estimant de son côté que le milieu politique régional, et plus étroitement le comité de mobilisation, qui inclut également la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet, avaient fait leur« gros possible » pour se faire entendre. « Je crois que c’est rendu au gouvernement de nous répondre. Je pense que le signal qu’on voulait donner est là et qu’on n’aura pas besoin d’aller plus loin. Du moins, c’est mon impression. »

Ils ont dit…

« Nous, on a comme slogan : “Agissons là où ça compte !” Je pense qu’on a l’exemple parfait aujourd’hui. […| Nous, on va soutenir les efforts pour le programme de médecine vétérinaire à l’ITAQ. » — Sylvain Cloutier, candidat Équipe Autonomiste

 

« On veut former des médecins vétérinaires pour les gros animaux et ça adonne bien, ici (La Pocatière) on en a des fermes laitières, bovines, ovines et porcines pour entraîner nos futurs vétérinaires. » — Guillaume Dufour, candidat Québec solidaire

 

« Quand il faut se mobiliser, La Pocatière répond présente. […] Il faut arrêter avec des gouvernements qui ne nous écoutent pas, qui nous ignorent. […] À ceux qui veulent nous enlever des opportunités : on existe ! » — Michel Forget, candidat Parti Québécois

 

« Moi je n’ai pas envie de représenter ma cheffe, moi j’ai le goût de représenter ma région. Le 3 octobre, je serai fier de vous autres (les électeurs). Et en passant, je suis fier aujourd’hui de ceux qui l’ont organisé cette année (la mobilisation) ! » — Sylvain Lemieux, candidat Parti libéral du Québec

 

« Vous êtes le berceau de l’agriculture au Québec, ce n’est pas vrai qu’on va vous laisser vous faire déshabiller pour aller gagner un comté de la CAQ à Rimouski. Y’a toujours bien des maudites limites ! » — Éric Duhaime accompagné de Frédéric Poulin, candidat Parti conservateur du Québec