Amélie Martin, conseillère en agroenvironnement au Groupe conseil agricole de la Côte-du-Sud, considère qu’il est essentiel de reconnaître l’importance de la biodiversité dans les pratiques agricoles au Bas-Saint-Laurent, dans un contexte où le territoire agricole dédié à la production doit coexister avec la nature environnante.
« Nous, en agriculture, nous bénéficions des rendements pour nourrir les gens, mais il est crucial de ne pas oublier que cet environnement appartient aussi aux oiseaux, aux animaux et à la végétation », explique-t-elle, insistant sur la nécessité de créer un espace pour tous, où la nature peut prospérer tout en contribuant à l’agriculture.
« Par exemple, en préservant l’habitat des coccinelles, celles-ci peuvent contrôler naturellement les populations de pucerons nuisibles aux cultures de soja. Cette approche montre comment la biodiversité peut jouer un rôle direct dans la protection des cultures, sans recourir à des pesticides. »
C’est dans cette optique que l’UPA du Bas-Saint-Laurent reconnaît 22 entreprises qui ont effectué des actions en ce sens. Elles seront prochainement repérables du grand public grâce à un panneau « L’agriculture complice de la diversité » qui sera apposé sur leur ferme. Le tout est issu du programme du même nom, qui a pour objectif de souligner les bonnes pratiques agroenvironnementales et les aménagements réalisés sur les fermes, qui vont au-delà de la réglementation environnementale.
Des actions pour l’environnement
Par exemple, notons l’aménagement de bandes riveraines élargies, la mise en place d’aménagements favorisant la biodiversité, les pratiques diminuant les risques de compaction des sols, ou encore l’adoption de pratiques favorisant la présence des oiseaux et des pollinisateurs. « Les producteurs agricoles sont souvent associés à diverses problématiques environnementales, et sont rarement reconnus pour les nombreuses actions qu’ils posent quotidiennement en faveur de la biodiversité », explique Nathalie Lemieux, présidente de l’UPA du Bas-Saint-Laurent.
Amélie Martin souligne d’ailleurs l’importance de conserver des zones non cultivées, telles que les bandes riveraines, qui jouent un rôle crucial dans la filtration de l’eau et la protection des sols. « Ces lieux, qui ne sont pas productifs pour l’agriculture, sont essentiels pour la filtration de l’eau des sols agricoles vers les cours d’eau. En y ajoutant des arbustes et des arbres, nous renforçons également la biodiversité », ajoute-t-elle.
Une nécessité croissante
Le concept de biodiversité n’est pas une mode passagère, mais une nécessité croissante dans un contexte où l’agriculture industrielle a parfois poussé les pratiques agricoles à l’extrême, en éliminant fossés et haies au profit de la monoculture. Cette approche a conduit à une diminution de la biodiversité, avec des conséquences négatives sur la santé des sols et des écosystèmes. Cependant, selon Amélie Martin, les agriculteurs commencent à réaliser l’importance de réintégrer ces éléments naturels dans leurs pratiques.
La conseillère observe également une adoption croissante des techniques de semis d’engrais verts après la récolte des cultures principales, une pratique qui contribue à maintenir la santé des sols. « Il y a 10 ou 15 ans, les engrais verts étaient peu vendus, mais aujourd’hui, ils sont de plus en plus demandés par les producteurs, conscients de l’importance de garder des racines vivantes dans le sol pour la biodiversité », conclut celle pour qui l’avenir de l’agriculture au Bas-Saint-Laurent réside dans un équilibre entre production et conservation. « En intégrant des pratiques favorables à la biodiversité, les agriculteurs peuvent non seulement améliorer la résilience de leurs cultures, mais aussi contribuer à la préservation des écosystèmes locaux. »