L’histoire de la seigneurie de L’Islet-du-Portage est méconnue. Se situant entre les villages actuels de Kamouraska et de Saint-André-de-Kamouraska, c’est son domaine forestier plus au sud qui attira l’attention durant un certain temps.
Concédée en 1672 au seigneur de l’île aux Oies Pierre Bécard de Grandville, la seigneurie est peu exploitée sous le Régime français. Voyant l’intérêt que certains portent au bois de la seigneurie, son héritière, Marie-Anne Bécard de Grandville, est à l’origine en avril 1727 d’une ordonnance de l’intendant Claude Thomas Dupuy défendant à quiconque de « couper, entailler, abattre, bruler et enlever aucuns (sic) bois sur les terres et seigneuries d’autrui ».
Malcolm Fraser fait l’acquisition de la seigneurie en 1777. Appréciant le potentiel de la forêt derrière son domaine de L’Islet-du-Portage et Rivière-du-Loup, il s’associe en 1782 avec l’important marchand de bois de Pointe Lévy Henry Caldwell, pour former la Madawaska Company. Il est alors à l’origine d’un petit chantier de construction navale se situant à Pointe Sèche. Certains trouvent des avantages à s’y établir et à prospérer dans le commerce du bois. C’est le cas d’Alexandre Roy dit Desjardins de Kamouraska qui acquiert un moulin à scie de Sébastien Chassé le 30 août 1783.
Après avoir acquis des Fraser la seigneurie, en 1835, le marchand de bois de Québec John-Saxton Campbell se fait construire un manoir, un moulin à scier, un grand quai de 1 300 pieds de longueur environ et une jetée de 200 pieds permettant l’accostage de navires importants. Deux ans plus tard, il achète « deux arpents de terres de front du domaine au fleuve » de Joseph Roy dit Desjardins et y installe un vaste bâtiment pouvant servir d’entrepôt, d’atelier, de manufacture et de boutique de réparation ; tout ceci pour perpétuer la tradition de construction navale à Pointe Sèche. Enfin, on constate que le potentiel forestier de cette seigneurie peu peuplée attira surtout des seigneurs entrepreneurs écossais et anglais.