Le peu de place et de considération que font les élus municipaux à la participation des citoyens aux décisions qui les concernent me choque profondément. Une citoyenne de Saint-Pascal nous en offrait un bel exemple récemment dans une lettre ouverte publiée dans ce journal. Mais la situation est quasi généralisée.
Le discours de beaucoup de maires et d’élus municipaux est sensiblement celui-ci : « Vous nous avez élus pour gouverner : laissez-nous gouverner tranquilles! Si vous voulez vous informer et poser des questions, vous n’avez qu’à assister aux séances publiques du conseil le premier lundi du mois. »
La démocratie, surtout au niveau des communautés locales, ne doit pas se limiter à l’élection et à ce rôle passif. Les responsabilités municipales sont de plus en plus étendues et lourdes de conséquences pour tous. Elles ne se limitent plus à entretenir les trottoirs et les chemins secondaires, déneiger l’hiver, recruter quelques pompiers volontaires et présider les fêtes officielles. Aujourd’hui, les municipalités sont devenues de vrais gouvernements de proximité qui doivent s’occuper de l’eau potable, des égouts, de l’environnement, de l’adaptation au climat, de la sécurité, de la culture, du logement, de l’urbanisme, des loisirs, du développement, et de l’aménagement du territoire local et régional (MRC). Le moindre projet d’aqueduc, de bibliothèque, de centre sportif ou culturel met en cause des millions qui se répercutent sur les taxes et la vie quotidienne de chaque citoyen. Nos élus en ont plein les bras, j’en conviens : raison de plus pour ne pas gouverner seuls.
La participation citoyenne
La moindre des choses serait que les citoyens soient informés convenablement et régulièrement, par un bulletin, les journaux, des séances publiques d’information au besoin. Mais il faut aussi permettre aux citoyens, en permanence, d’intervenir dans le débat et les décisions. Et pour ça, les élus doivent faciliter la mise en place et le fonctionnement de comités de citoyens, ou même d’un conseil de participation citoyenne, grâce auxquels les citoyens pourront se rencontrer pour discuter et planifier les interventions qu’ils jugent nécessaires.
Il faut surtout cesser de nous faire croire que les séances publiques du conseil municipal font ce travail. D’abord, ces séances n’ont plus rien de public. Les décisions qui s’y prennent ont été soigneusement préparées dans des réunions à huis clos, de façon à éviter tout débat public. Les questions ne sont autorisées qu’au compte-gouttes, à la toute fin de l’assemblée, quand tout est déjà décidé. En d’autres mots, ces séances sont d’un ennui et d’une malhonnêteté sans nom pour les citoyens.
L’information et la participation réelles des citoyens, c’est autre chose. Et que dire de la MRC, où siègent nos maires, dont on n’entend jamais parler, où poser une question est une opération risquée, et où un contingent important de fonctionnaires s’agitent dans le secret le plus complet.
Je parle d’expérience. J’ai assisté pendant des années aux réunions du conseil municipal de mon village, et j’ai eu à me frotter à plusieurs reprises à la machine de la MRC lors de luttes citoyennes et comme journaliste.
Il est impératif de remettre les citoyens à l’avant-scène dans nos villages et villes. Il ne peut y avoir de communauté vivante sans démocratie, et la démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Présentement, les élus usurpent honteusement la souveraineté du peuple en gouvernant trop souvent à huis clos.