Le Bas-Saint-Laurent encore loin de l’autonomie énergétique

Photo : Usukhbayar Gankhuyag (Unsplash.com)

Si le Bas-Saint-Laurent dépendait seulement de l’électricité, son autonomie énergétique aurait certainement de quoi faire rougir les territoires considérés comme les plus verts de la planète. La consommation d’hydrocarbures, avec en tête le pétrole, est ce qui vient plomber ce bilan théorique issu de la dernière recherche-action en la matière menée par FabRégion Bas-Saint-Laurent.

Un diagnostic énergétique régional avait déjà été mené en 2013 par le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent (CREBSL). Comme le souligne son directeur adjoint Patrick Morin, la production et la consommation d’énergie sur le territoire bas-laurentien avaient à l’époque été calculées, mais pas l’autonomie de la région à ce chapitre. Le récent travail réalisé par FabRégion Bas-Saint-Laurent, qui est parti du diagnostic de 2013 pour réaliser sa recherche-action entre 2018 et 2020, y remédie.

« Notre consommation énergétique se résume à environ 56 % d’hydrocarbures et 44 % d’électricité. Si on fait une moyenne des deux, notre autonomie théorique totale tourne autour de 35 %. On peut donc déduire que la production énergétique bas-laurentienne couvre environ 1/3 de la consommation actuelle », résume-t-il.

La consommation d’hydrocarbure qui a augmenté d’environ 20 % depuis 2013 est à la fois paradoxale, alors que la population du Bas-Saint-Laurent est pourtant passée de 201 091 habitants en 2013 à 197 987 personnes en 2020, selon les données de l’Institut de la statistique du Québec. « Sans cette augmentation, l’électricité comblerait certainement 50 % des besoins en énergie à l’heure actuelle au Bas-Saint-Laurent », poursuit Patrick Morin.

Le parc automobile, de plus en plus gourmand en essence, expliquerait en partie ces résultats, de l’avis du directeur adjoint du CREBSL. Entre 2000 et 2020, la région a vu son nombre de voitures diminuer de 76 000 à 68 000 alors que le nombre de camions légers ou VUS a quant à lui augmenté de 39 000 à 80 000, précise-t-il.

« Pour les déplacements en automobiles, si on se réfère au diagnostic de 2013, on sait que le tiers d’entre eux sont liés à des obligations comme le travail et les études et que les deux tiers sont rattachés aux loisirs et à la vie personnelle. On peut donc dire qu’une grosse partie de cette consommation d’hydrocarbures est simplement liée à nos habitudes de vie actuelles. C’est sûr qu’il va falloir revoir notre aménagement du territoire, mais également la façon dont on réfléchit nos déplacements pour se tourner vers des options moins énergivores, tant que l’électrification des transports ne sera pas complétée. »

Éolien

Tout le portrait n’est pas noir pour autant. La production d’électricité par le biais de l’éolien laisse entrevoir de beaux espoirs dans le futur en matière d’autonomie énergétique au Bas-Saint-Laurent. Des projets de nouveaux parcs éoliens sont d’ailleurs dans l’air à l’heure actuelle, dont un qui pourrait voir le jour au Kamouraska. Selon Patrick Morin, il n’est pas exclu que le Bas-Saint-Laurent soit entièrement autonome à ce chapitre dans le futur alors que l’électricité produite dans la région couvre actuellement l’équivalent de 79 % des besoins en la matière.

Fait intéressant à souligner, cette part d’électricité provenant de l’éolien est ce qui distingue désormais la région. En 2010, le Bas-Saint-Laurent pouvait compter sur six centrales hydroélectriques pour une puissance avoisinant les 20,15 MW. Dix ans plus tard, seules trois sont toujours opérationnelles avec une puissance installée de 8,5 MW.

En comparaison, seulement trois projets éoliens étaient pleinement fonctionnels en 2010 et produisaient à eux seuls 279,75 MW d’électricité. Dix ans plus tard, c’est maintenant 11 sites qui sont en opération sur le territoire avec une puissance installée qui a été multipliée par trois pour atteindre 1114,65 MW.