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Le conflit perdure à Saint-Omer

La mairesse de Saint-Omer, Nathalie Chouinard. Photo : José Soucy

Malgré des mesures annoncées par l’administration de Nathalie Chouinard pour répondre aux recommandations de la Commission municipale sur un audit de performance de Saint-Omer, le conflit perdure dans la localité. L’opposition, formée de quelques citoyens et du conseiller numéro 2 Gaston Daigle, souhaite toujours le départ hâtif de la mairesse et des autres conseillers, prétextant un manque de transparence général. On craindrait même la faillite prochaine de la Municipalité. Il n’en fallait pas plus pour que Mme Chouinard sorte de ses gonds.

« Le clan adverse dit à qui veut l’entendre que Saint-Omer serait sur le bord de la banqueroute. Pourtant, on a 178 000 $ dans notre compte-chèques, et 12 912 $ dans un autre. Dans le compte des terrains, il a 140 268 $, dans le compte pour les élections il y a 7311,12 $, et dans le compte des loisirs il y a 16 400 $. Dans le compte qu’on vient d’ouvrir, il y a aussi un montant de 10 009,26 $. Qu’on ne vienne pas me dire qu’on est sur le bord de la faillite », s’est exclamée, visiblement irritée, Nathalie Chouinard lors de la dernière séance du conseil ayant eu lieu le 14 janvier dernier.

Le groupe d’opposition, composé de Jean-Marie Fortin, Chantal Moisan et Gaston Daigle, a bel et bien déclaré au journal lors d’une rencontre qu’il avait des craintes concernant une faillite éventuelle si un coup de barre n’était pas rapidement donné afin de rétablir la situation financière de Saint-Omer.

« On se sert de l’argent des terrains vendus récemment pour balancer le budget. À ce rythme-là, ce sera bientôt la banqueroute », a déclaré M. Fortin.

Le conseiller numéro 2 Gaston Daigle, Chantal Moisan et Jean-Marie Fortin. Photo : José Soucy

À ce propos, la mairesse Chouinard a confirmé que l’administration se sert de l’argent de terrains vendus pour payer certaines choses, mais affirme que ce n’est que temporaire, car l’objectif est de ne pas payer d’intérêts inutilement, en attendant le remboursement de la TECQ (programme de la Taxe sur l’essence et de la contribution du Québec). « Oui, nous avons une dette de 43 000 $, mais nous avons dans nos comptes plus de 360 000 $. Nous sommes en excellente santé financière », précise-t-elle.

Ça joue dur

Le conflit ne date pas du résultat de l’audit de l’administration Chouinard par la Commission municipale. Depuis 2021, plusieurs altercations verbales ont eu lieu, menant même à l’envoi d’une mise en demeure contre le maire précédent, Lauréat Fortin. Dans cette dernière, la Municipalité accusait M. Fortin de propager de fausses rumeurs à l’égard de l’administration Chouinard et de ses employés, affirmant même que la conduite de l’ex-maire se rapprochait du harcèlement criminel.

Au mois d’août 2023, on a interdit à Chantal Moisan de se présenter aux futures séances du conseil, sous prétexte qu’elle troublait outrageusement l’ordre et le décorum, et tenait fréquemment des propos offensants et irrespectueux envers les membres du conseil et les employés de l’administration. « De plus, votre présence au bureau municipal n’est pas souhaitable également », peut-on lire dans le document en question.

Une plainte à la Commission municipale a aussi été déposée contre le conseiller Gaston Daigle qui, lors de la séance du conseil du 5 février 2024, a agrippé au collet le conseiller numéro 4 Daniel Pichruck pour le secouer. Il faut toutefois préciser que M. Pichruck s’était approché de M. Daigle en manifestant, selon le rapport de la commission, de l’agressivité, lui pointant l’index au visage et le traitant « d’hypocrite et d’osti de trou de cul », tout en l’invitant à aller dehors.

Puisque le conseiller Daigle, par son comportement, a manqué à son devoir d’agir de manière respectueuse et civile en ayant eu « une conduite qui porte atteinte à l’honneur et la dignité d’un élu », la Commission municipale lui a imposé le 7 mai dernier une suspension de 25 jours de sa fonction d’élu. Une plainte a également été déposée par le conseiller Pichruck à la Sûreté du Québec contre Gaston Daigle.

Une autre mise en demeure aurait aussi été envoyée récemment par la Municipalité, cette fois-ci à Jean-Marie Fortin. Le contenu de cette missive n’a toutefois pas été révélé au Placoteux.

Des départs assurés

Selon la mairesse Chouinard, l’ensemble des conseillers de Saint-Omer, mis à part Gaston Daigle, ne voudraient pas se représenter, visiblement exténués par les tensions au sein de la localité.

« C’est le même clan qui n’a pas accepté sa défaite aux dernières élections qui nous cause du trouble depuis 2021. Moi, je pense à me représenter, mais je n’irai pas seule, car je sais que l’autre groupe va présenter une équipe. À part de ça, c’est totalement faux de dire qu’on passe à l’action sans résolution, et si on a procédé de cette manière dernièrement, c’est par urgence, afin de changer les poignées de portes du garage, puisqu’une caméra de surveillance a été découverte dans le bâtiment, installée sans notre consentement et à notre insu », ajoute-t-elle.

Joint de nouveau par le journal, Jean-Marie Fortin — qui souhaitait faire circuler une pétition pour demander la démission complète de « l’équipe Chouinard » — a précisé que s’il n’y avait pas de départs avant la fin du mandat actuel, il travaillerait à mettre sur pied une équipe en vue des élections de novembre 2025. « On ne nous dit pas la vérité, et il faut toujours se battre pour obtenir des réponses. Il y a manifestement un manque de transparence et ça doit cesser », a-t-il conclu.