Le Kamouraska n’avait toujours pas d’éoliennes sur son territoire, même s’il touchait des revenus d’exploitation par le biais de l’Alliance de l’énergie de l’Est dont il est partenaire. D’ici la fin 2026, le décor risque cependant de changer au sud-est de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, où le territoire non organisé (TNO) de Picard accueillera la majeure partie des éoliennes du projet Pohénégamook—Picard—Saint-Antonin, ciblé pour produire près de 350 MW d’électricité.
L’annonce de ce projet fait suite à l’appel d’offres d’Hydro-Québec lancé en décembre 2021 et qui consistait à l’acquisition d’un bloc de 480 MW d’énergie de sources renouvelables, et d’un bloc de 300 MW d’électricité issue de sources éoliennes. Le projet Pohénégamook—Picard—Saint-Antonin, qui offrira une puissance installée de 349,8 MW d’électricité de source éolienne, est le plus gros des cinq projets confirmés le 15 mars par Hydro-Québec dans l’Est-du-Québec, mais également le plus imposant des trois dont l’Alliance de l’énergie de l’Est est partenaire. « On n’est dans aucun autre projet de dimension égale ou supérieure. C’est une excellente nouvelle pour la région », s’est exclamé Michel Lagacé, président de l’Alliance.
Le projet Pohénégamook—Picard—Saint-Antonin, qui sera réalisé en partenariat égal par Énergies renouvelables Invenergy Canada et l’Alliance de l’énergie de l’Est, avait fait l’objet de consultations publiques dans la région, dont une à Saint-Alexandre-de-Kamouraska en mai 2022. La proposition incluait 70 éoliennes, dont une cinquantaine seraient installées sur le TNO Picard selon le préfet de la MRC de Kamouraska Sylvain Roy. « Ce nombre pourrait varier à la suite des discussions entre les actionnaires et le turbinier », dit aujourd’hui Michel Lagacé.
Retombées
Comme dans les autres projets dont elle est actionnaire, l’Alliance de l’énergie de l’Est veut maximiser les retombées économiques dans la région lors de la réalisation de ses nouveaux parcs éoliens. Pour le seul projet de Pohénégamook—Picard—Saint-Antonin, l’investissement avoisine les 900 M$, et 300 travailleurs, voire davantage, pourraient travailler à sa réalisation, et une quinzaine ensuite pour son exploitation. « Comme pour le parc éolien Nicolas-Riou, on veut produire un bottin des services offerts au Kamouraska, dans le Témiscouata et dans Rivière-du-Loup pour les entreprises intéressées à travailler sur le chantier », explique le président de l’Alliance.
L’Alliance de l’énergie de l’Est tire déjà des revenus de 13,5 M$ par année sur 25 ans, redistribués également entre les MRC et les municipalités partenaires des deux premiers parcs éoliens dont elle est actionnaire. Selon la formule en vigueur pour ces deux projets, l’Alliance a permis à la MRC de Kamouraska de toucher 900 000 $ par année en redevances, somme ensuite répartie entre ses 17 municipalités. Ces montants ont été cumulés depuis dans certaines municipalités, alors que d’autres les ont utilisés pour différents projets de développement, ou même pour rembourser des emprunts. « L’éolien est un modèle de développement unique au Québec, qui va certainement faire école. Enfin, on dispose de revenus autonomes qui nous permettent de réaliser des projets sans attendre après les programmes de subvention gouvernementaux », a déclaré le préfet de la MRC de Kamouraska.
Dans le cadre des projets annoncés le 16 mars, le coût moyen de fourniture à Hydro-Québec a été établi à 6,1 ¢/kWh. Le partage des revenus établis doit se faire à 60 % au Bas-Saint-Laurent, 30 % en Gaspésie, et 5 % pour chacune des MRC de L’Islet et de Montmagny. Sylvain Roy anticipe avec ces nouveaux projets des revenus additionnels de 2 M$ pour le Kamouraska seulement, pour les 25 prochaines années.