J’étais de ceux qui croyaient que le Parti québécois aurait dû laisser passer Éric Duhaime dans la partielle de la circonscription d’Arthabaska, et ce, par courtoisie électorale comme on l’a déjà vu par le passé au Québec. Manifestement, je me suis trompé, mais…
Le chef du Parti conservateur ayant de bonnes chances de remporter cette élection partielle, le PQ en ne présentant pas de candidat, aurait évité une possible défaite tout en passant pour gentilhomme, puisque perdre aurait pu briser son élan, ou au mieux le ralentir. Selon moi, il fallait jouer safe.
Eh ! bien non, la formation souverainiste a décidé de faire fi de ladite courtoisie électorale en présentant Alex Boissonneault, un ancien animateur de radio de la société d’État canadienne avec un passé, disons-le, non conventionnel. Il a en effet déjà eu à son actif un casier judiciaire en lien avec le Sommet des Amériques s’étant déroulé en 2001 à Québec. Il a néanmoins obtenu son pardon en 2011.
Force est de constater toutefois que les stratèges péquistes ont vu juste. Malgré cet état de fait et une excellente campagne d’Éric Duhaime, le PCQ a malgré tout mordu la poussière en arrivant deuxième avec 35 % des voix exprimées, contre 46 % pour le Parti québécois. La candidate libérale Chantale Marchand suit loin derrière avec 9,32 % des voix, tandis que la Coalition avenir Québec, représentée par Keven Brasseur, a subi une cuisante défaite en ne récoltant que 7,21 % des suffrages. Québec solidaire a terminé bon dernier avec moins de 2 % des voix exprimées.
L’élan péquiste
Cette éclatante victoire donne encore une fois une poussée au Parti québécois qui profitera sûrement de ce momentum pour se positionner davantage comme l’alternative naturelle au gouvernement actuel, tout en moussant son option indépendantiste.
Qui plus est, avec le dernier sondage qui place l’appui à la souveraineté à 56 % chez les 18 à 34 ans, il n’est pas exagéré de penser que les Québécois, d’ici cinq ans maximum, pourraient être appelés à se prononcer sur un troisième référendum.
Par contre, avant de penser avoir une chance de remporter un tel exercice démocratique, le Parti québécois doit bien comprendre qu’il faut créer une grande coalition nationaliste englobant toutes les tendances au Québec, ce qui comprend évidemment la droite. Les ennemis d’hier seront à convaincre demain. Et chez les partisans d’Éric Duhaime, plusieurs n’ont pas fermé la porte à l’indépendance, étant désormais désabusés du Canada… Seulement, si les péquistes persistent à les diaboliser, ils seront évidemment moins enclins à joindre cette coalition. La sagesse doit primer ici. En politique, on ne soustrait pas, on additionne, surtout lorsqu’on parle de la survie de la nation…
La défaite honorable d’Éric Duhaime
Encore une fois, le chef du Parti conservateur du Québec a eu à faire face à un fort vent contraire, notamment par certains de nos médias traditionnels qui ont vivement participé à la création d’un vote anti-Duhaime. Ce dernier a en effet subi plusieurs tirs groupés à son endroit, ce qui a certainement profité au Parti québécois.
Cependant, même si je m’attendais à un résultat plus serré, les 35 % récoltés par Éric Duhaime lui confèrent tout de même le prix de consolation, soit une dernière chance de briller aux prochaines élections générales qui auront lieu en octobre 2026. Par ailleurs, si on se fie aux résultats de cette partielle et aux sites de projections électorales, il y a fort à parier qu’il y aura plusieurs duels entre le PCQ et le PQ dans les régions de Québec et de Chaudière-Appalaches. En somme, Éric Duhaime a encore sa place à la tête de sa formation, quoi qu’en disent certains de ses détracteurs. Le chef conservateur demeure à mon sens une bête politique qui n’a pas dit son dernier mot.
La débandade caquiste
En l’espace de trois ans seulement dans Arthabaska, la Coalition avenir Québec est passée de 52 % des suffrages en 2022 à seulement 7 % en 2025, un recul de 45 points de pourcentage. Plus précisément, le candidat caquiste Keven Brasseur n’a récolté que 7,2 % des votes, ce qui représente véritablement une catastrophe pour le gouvernement en place. Pourtant, jusqu’à tout récemment, cette circonscription était un solide château fort pour François Legault.
Le premier ministre a par ailleurs beau dire prendre l’entière responsabilité de la défaite, faire un mea culpa de théâtre d’été sur ses piètres performances, affirmer prendre acte de la situation tout en promettant du changement, la seule manière dont la Coalition avenir Québec puisse sauver les meubles, c’est littéralement en changeant de chef. Même là, je n’en suis pas certain… Seul Mario Dumont pourrait faire la différence, mais il a déjà fermé la porte à double tour. Les ministres restants du gouvernement n’ont pas l’étoffe ni le prestige pour ramener les troupes caquistes vers de meilleurs jours.
Par ailleurs, si le Parti québécois est actuellement sur une lancée avec ses dernières victoires, l’avion de la CAQ est véritablement en chute libre, en vrille, et son commandant et l’équipage sont incapables de redresser l’appareil… Si j’étais un député caquiste, je m’interrogerais fortement sur mon avenir politique, ce qui inclut également notre député local.
L’effet Pablo Rodriguez ?
Élu récemment à la tête du Parti libéral du Québec, Pablo Rodriguez a ramené du même souffle ce parti sous l’influence directe de son grand frère à Ottawa, alors que depuis Jean Lesage, la formation provinciale était devenue une créature indépendante de la volonté du PLC. Il n’est pas surprenant ici que plusieurs anciennes vedettes du PLQ aient annoncé leur départ de cette organisation à la suite de l’élection du dernier chef. Le parti est désormais trop à gauche, et son aile nationaliste est quant à elle sous respirateur artificiel.
Avec le 9,32 % de sa candidate dans Arthabaska, il est apparent à mon sens que Pablo Rodriguez n’a eu que peu d’effet, bien qu’en 2021 le PLQ n’avait récolté que 3,8 % des voix. Par contre, avec la dernière victoire du Parti québécois qui confirme sa lancée, jumelée à la menace référendaire et à la chute quasi irréversible de la CAQ, il est fort possible que, par dépit, le Parti libéral du Québec reprenne du galon. Quant à Québec solidaire, ce parti semble également à l’agonie avec 1,47 % des voix exprimées, alors qu’en 2022, la candidate Pascale Fortin a obtenu 9,2 %.