L’aventure du Dep du Village à Saint-André-de-Kamouraska tire à sa fin. À moins qu’une relève ne reprenne le flambeau d’ici le 20 mars, les administrateurs de la coopérative de solidarité enclencheront à cette date le processus de fermeture.
« Il s’en fallait de peu », a déclaré Marie-Ève Morin, présidente du Dep du Village. Entre 40 et 50 clients faisaient des achats sur une base régulière au petit dépanneur de Saint-André-de-Kamouraska. Selon les calculs des administrateurs, quelques consommateurs de plus, qui auraient dépensé entre 10 et 20 $ par semaine, auraient pu faire la différence. « On ne s’attendait pas à ce que les gens du village fassent leur épicerie complète de 200 $ au Dep, mais oui, un peu plus de soutien local aurait fait la différence, c’est certain. »
La présidente et le conseil d’administration qu’elle représente ne tiennent pas à jeter le blâme sur les résidents de Saint-André pour autant. Tous sont conscients du contexte socioéconomique actuel, qui a fait gonfler depuis deux ans la facture d’épicerie. Les familles cherchent plus que jamais les aubaines, et le Dep du Village, avec son petit volume de ventes, pouvait difficilement rivaliser avec les spéciaux des grandes surfaces.
L’énergie a donc été mise sur l’animation du lieu et sur les thématiques, comme les journées pizza. Lors de la dernière, 240 de ces pizzas ont été vendues, un succès qui repose essentiellement sur les administrateurs bénévoles, quelques amis, et les employés à temps partiel qui travaillaient au Dep du Village. « Le conseil d’administration actuel est là depuis environ trois ans et demi. Ce niveau de bénévolat commençait à devenir lourd avec le temps. Quand les gens étaient au rendez-vous, on était revigoré, mais avec la population qui était de moins en moins au rendez-vous, la motivation a fini par s’estomper », a reconnu Marie-Ève Morin.
Difficultés financières
Le Dep du Village employait entre cinq et sept employés à temps partiel, principalement des jeunes du village pour qui il s’agissait de leur premier emploi. Les administrateurs bénévoles se partageaient la gestion des horaires, les commandes, la comptabilité et l’administration. Depuis son ouverture en 2019, la coopérative de solidarité traîne une dette qui avoisine les 30 000 $. La prochaine étape pour les administrateurs sera de s’entendre avec les créanciers de la coopérative sur cette question.
« Le bâtiment ne nous appartient pas, nous étions locataires », a précisé la présidente, évacuant la possibilité de vendre l’immeuble afin de rembourser la dette.
Seulement dans la dernière année, le Dep du Village a enregistré un déficit de 9500 $. Plusieurs facteurs, comme le refus de la contribution salariale d’Emplois d’été Canada et la fin des aides financières de la COVID-19, ont contribué à ces résultats, de l’avis de Marie-Ève Morin.
Ces différents constats avaient donc poussé le conseil d’administration à annoncer dans le journal municipal, en novembre 2022, que l’année 2023 serait déterminante pour l’avenir du Dep du Village. « On a senti un élan de la population, par la suite, durant deux ou trois mois. Malheureusement, ça ne s’est pas poursuivi. »
Si personne ne manifeste d’intérêt à la reprise du Dep du Village, le conseil d’administration enclenchera le processus de fermeture à partir du 20 mars prochain. La coopérative de solidarité pourrait demeurer ouverte encore quelques jours, le temps d’écouler les produits invendus et de permettre aux administrateurs, aux employés, et à la population de Saint-André de faire le deuil de ce commerce de proximité ouvert en 2019.