Gaétane St-Cyr sait prendre son temps pour atteindre ses objectifs. Le 23 mai prochain, elle laissera s’envoler l’œuvre qu’elle peaufine depuis 35 années. L’enfant et le béluga paraîtra officiellement le 23 mai prochain, en formule 5 à 7 au Centre d’art de Kamouraska, là où tout a commencé.
C’était en 1988. Ce qui était encore l’Ancien palais de justice présentait un atelier sur la structure du conte traditionnel, donné par l’écrivaine Johanne Lepage qui y était en résidence d’artiste. Gaétane St-Cyr y assiste. L’objectif pour la dizaine de participants est de rédiger un conte à partir des notions présentées par l’artiste.
Mme St-Cyr compose alors le premier jet d’un conte philosophique inspiré en partie par un article de Maurice Gagnon dans Le Placoteux sur le déclin de la population de bélugas dans le Saint-Laurent, principalement à cause de la pollution par les produits chimiques. L’auteure raconte l’histoire de Xavier, un enfant connecté à la nature et à la Terre, qui par amitié pour un béluga part en mission contre La Trompeuse, un personnage maléfique, comme dans les contes. « La morale de l’histoire, souligne l’auteure, c’est que l’amour est la solution. »
Cette histoire, née de son amour pour le fleuve et pour ses petits-enfants, allait la suivre pour les décennies à venir. Il est passé du papier au clavier, cent fois relu, cent fois remanié, patiemment et inlassablement.
Entre artistes
Quand, en décembre 2015, Gaétane St-Cyr prend sa retraite de l’enseignement, elle sent que le moment est venu de publier son conte. Encore une fois, elle prend son temps. Elle le fait relire à ses amis, peaufine encore. Jusqu’en 2023, où elle découvre sur internet Jérémie Parent, accompagnateur littéraire. Sur ses conseils, elle atteint la version « finale » de L’enfant et le béluga. Son conte sera publié.
Mais dans un conte, il faut des illustrations. L’auteure est depuis longtemps une amie du Symposium de peinture à Saint-Germain. Elle le fréquente assidûment, et connaît bien plusieurs artistes. Ses amis les peintres ne sont pas difficiles à convaincre, et une dizaine d’entre eux acceptent de créer une œuvre à partir d’un extrait du livre.
Elle ne s’arrête pas là. La spécialiste en écologie des écosystèmes Lyne Morissette signe la préface. Et pour la version audio, la comédienne Ève Landry a généreusement tenu une promesse faite il y a longtemps, et a enregistré le conte, avec Guillaume Tellier au montage. Cette version audio sera offerte gratuitement aux acheteurs du livre papier.
Pour la cause
Le livre a été imprimé en partie grâce à une campagne de sociofinancement qui a connu un grand succès. Déjà cent copies ont été vendues, et il sera distribué sous peu chez Archambault, Renaud-Bray, et dans le réseau des Libraires.
Le destin de ce conte sera à l’image de l’histoire. Si, par amour pour ses amis, le jeune Xavier vainc les forces du mal, il était logique que la vente du livre vise aussi un noble objectif. Une fois les frais de production payés, tous les profits seront remis à un organisme voué à la protection de l’environnement, dont le nom sera dévoilé au lancement. Gaétane St-Cyr espère voir une foule nombreuse au Centre d’art de Kamouraska, là où a commencé l’aventure patiente de L’enfant et le béluga. La boucle sera ainsi bouclée.