Tous les entrepreneurs ne réagissent pas de la même façon à l’inflation, à la hausse des taux d’intérêt, ou encore aux remboursements à venir des prêts d’urgence offerts par les gouvernements durant la pandémie de COVID-19. Dans Kamouraska-L’Islet, les intervenants en développement économique sont confrontés à toutes sortes de situations qui témoignent d’une période en dents de scie pour les entrepreneurs de la région.
Anik Briand, directrice générale de la SADC du Kamouraska, est la plus catégorique des intervenants interrogés sur une forme de ralentissement observé dans le démarrage d’entreprise ou la relève entrepreneuriale sur son territoire. Son organisation demeure sollicitée à ces deux chapitres, mais elle observe un ralentissement dans les dépenses, notamment lorsqu’il est question de projets de construction, de rénovation ou d’agrandissement pour les entreprises.
« Ça fait 18 mois qu’on assiste à une augmentation soutenue des taux d’intérêt, et les coûts ont tellement explosé partout que plusieurs de nos clients ont décidé de reculer, car la facture a facilement doublé entre le moment où ils ont travaillé leur projet et celui où ils ont reçu leurs soumissions », explique-t-elle.
Au Service de développement territorial de la MRC de Kamouraska, le directeur Charles de Blois Martin et la conseillère en entrepreneuriat Valérie Mailloux vivent une tout autre réalité. Une recrudescence est observée en matière de lancement d’entreprises ou en soutien aux travailleurs autonomes.
« La prudence est tout de même au rendez-vous; les taux d’intérêt demeurent hauts. Nos entrepreneurs consolident leurs acquis en remboursant leurs prêts, par exemple, lorsque les liquidités sont au rendez-vous », ajoutent-ils.
La directrice générale du CAE Montmagny-L’Islet, Mireille Thibault, tient le même discours en ce qui concerne la consolidation. Elle observe d’ailleurs cette réalité davantage chez ses entrepreneurs de plus de 40 ans. Autrement, l’organisation compare 2023 aux années précédentes : un volume de dossiers sensiblement similaire, avec une effervescence qui se vit principalement chez les jeunes entrepreneurs qui peuvent bénéficier d’un prêt grâce au Fonds stratégie jeunesse, également offert à la SADC du Kamouraska, dont le taux d’intérêt d’à peine plus de 2 % entre en vigueur après 24 mois.
« Nos objectifs étaient modestes pour cette année, car on sentait ce qui s’en venait sur le plan économique. On a donc été plus conservateur dans le nombre de dossiers que nous allions traiter, et nos entrepreneurs ont aussi été plus conservateurs dans leurs projets », explique-t-elle.
Une légère baisse, « mais pas si marquée », se fait aussi sentir au Service de développement économique de la MRC de L’Islet. L’organisation a récemment révisé sa politique d’investissement afin d’offrir des taux d’intérêt un peu plus bas. Le directeur Sylvain Thiboutot fait donc référence à son tour à des dossiers de consolidation et d’expansion, mais également à « quelques démarrages ».
Une diminution de moitié à la mesure soutien au travailleur autonome a fait passer le nombre de dossiers à un total de huit.
« Ça se comprend; nous sommes quand même dans la région de Chaudière-Appalaches, qui a un des plus bas taux de chômage au Québec. Ce genre de mesure sert essentiellement à remettre au travail du monde au chômage », a-t-il relativisé.
Remboursement des aides
Tous les intervenants s’entendent toutefois pour dire que les remboursements des prêts d’urgence en lien avec la COVID-19 risquent de donner du fil à retordre à certaines entreprises. Mireille Thibault et Anik Briand sont de ceux-là, citant l’échéance du Fonds d’aide et de relance régionale reportée au 31 décembre 2023, et celle du Compte d’urgence pour les entreprises, dont la date d’échéance a été reportée au 18 janvier 2024.
Dans les MRC, le moratoire pour le remboursement du capital et des intérêts liés aux aides financières accordées dans le cadre du programme provincial d’Aide d’urgence aux petites et moyennes entreprises (PAUPME) avait été prolongé l’an dernier jusqu’au 31 décembre 2022. En date d’aujourd’hui, 865 000 $ ont été octroyés au Kamouraska dans le cadre de ce programme, et seulement 87 000 $ demeurent à rembourser. Dans L’Islet, Sylvain Thiboutot n’a pas fourni de données, mais il indique que son équipe suit les remboursements de près.