Baisse drastique du revenu net, paperasse trop abondante et laborieuse, ainsi que manque de réciprocité des normes environnementales de plus en plus contraignantes, les agriculteurs de la grande région de Chaudière-Appalaches en ont plus qu’assez. Voilà pourquoi près de 400 producteurs agricoles du secteur se sont mobilisés à Sainte-Marie-de-Beauce, le vendredi 19 avril dernier, devant le bureau du député caquiste de Beauce-Nord, Luc Provençal.
Les différents intervenants ayant pris la parole étaient unanimes quant à l’urgence d’agir.
« L’agriculture telle qu’on la connaît est à un point de bascule. En connaissez-vous beaucoup des travailleurs qui accepteraient une baisse de salaire de 87 %? Pourquoi nous, en agriculture, faut-il toujours tout accepter sans rien dire, comme se faire imposer des normes environnementales que les autres industries ne respectent même pas! », a mentionné James Allen, président de la Fédération régionale de l’UPA.
Vincent Méthot, membre du conseil exécutif de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec (APFFQ), abondait dans le même sens. « Depuis déjà quelques années, il semble que nous arrivons à un point de rupture, et force est d’admettre qu’aujourd’hui, le point de rupture est plus proche que jamais. Nous le crions haut et fort, nous avons un urgent besoin d’aide! »
Quant à Steve Pelletier, président de l’UPA de L’Islet, les règles imposées par le ministère de l’Environnement du Québec ne favorisent aucunement l’agriculture locale.
« Moi, ce qui m’amène ici, c’est la réciprocité des normes. On voudrait que les produits importés soient régis par les mêmes normes qu’on nous impose ici. Il faudrait que ça soit uniformisé, puisque nos normes environnementales sont beaucoup plus sévères que celles pour les bœufs importés du Brésil par exemple, de sorte que, en fin de compte, nous ne sommes plus concurrentiels. Actuellement, je dois l’admettre, je ne suis pas rentable, et la plupart des éleveurs sont aussi obligés, comme moi, d’avoir un autre emploi pour arriver. Si ça ne bouge pas, il y aura davantage de fermes qui seront obligées de déclarer faillite. Des sucreries dans le secteur de L’Islet ont été forcées de vendre, en raison de la dernière année qui a été plus que mauvaise du côté de la récolte, et des taux d’intérêt qui sont à la hausse. »
Caroline Pelletier, vice-présidente de l’UPA de L’Islet, était du même avis.
« C’est la passion qui nous garde encore dans le domaine. Mais je suis obligée de travailler à l’extérieur pour gagner mon revenu personnel. Avec les hausses des taux d’intérêt, seulement cette année, sur mon prêt qui n’est pas si élevé que ça, je vais devoir débourser 6000 $ de plus », a-t-elle expliqué.
René Roy, président des Éleveurs de porcs de la Beauce, s’est aussi prononcé sur la situation. « Comment pouvons-nous vivre de l’agriculture lorsque nous devons vendre nos produits agricoles sous leur coût de production, et ce, avec une assurance récolte qui couvre de moins en moins les pertes? J’aimerais que le gouvernement réponde à la question, car les éleveurs de porcs se la posent. Nous voulons des programmes d’aide adaptés pour les productrices et les producteurs, et non pour les compagnies de transformation! » a-t-il mentionné.
Paul Doyon, premier vice-président général de l’UPA et également producteur agricole à Saint-Joseph-de-Beauce, a rappelé l’importance de l’agriculture au Québec. « Chaque jour, les producteurs agricoles contribuent à un important projet de société, soit de nourrir leurs concitoyennes et leurs concitoyens, tout en contribuant au dynamisme économique de nos régions. Depuis quelques années, nous sonnons l’alarme sur la situation économique et financière des entreprises. Cet avenir est plus fragilisé que jamais, et il est plus que temps que des solutions porteuses et pérennes soient mises en œuvre. C’est l’assiette et le territoire des Québécois des dix, vingt, cent prochaines années qui sont en jeu ».
Le député Luc Provençal s’est ensuite adressé à la foule en rappelant qu’il représente un comté qui est à 93 % agricole. « Je confirme que je suis le porte-voix de l’agriculture au niveau de la CAQ, mais aussi au niveau de toutes les représentations qui sont faites par les agriculteurs du Québec », a-t-il mentionné.
Rappelons que les montants d’argent alloués à l’agriculture représentent moins de 1 % du budget du gouvernement provincial.