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Les chasseurs printaniers de l’oie blanche, alliés des cultivateurs

Photo : Louis Turbide.

La chasse à l’oie des neiges bat son plein ce printemps. Plusieurs ententes avec des agriculteurs permettent d’éviter le saccage de leurs terres, à un moment crucial de la saison.

Il y a un siècle environ, l’oie blanche était menacée et des mesures ont été mises en place pour lui permettre de survivre, raconte le biologiste à la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs Michel Baril.

Puis, l’espèce est redevenue abondante, voire surabondante. Les derniers inventaires effectués avant la pandémie estiment à environ 700 000 le nombre d’oies présentes au Québec alors que la cible est de maintenir la population entre 500 000 et 750 000. C’est pourquoi la récolte de conservation printanière de l’oie blanche est autorisée chaque printemps, puisqu’environ 75 000 oies sont abattues par les chasseurs au printemps et à l’automne, bon an mal an.

« Le comportement de la grande oie des neiges a évolué dans les dernières décennies. Elle a pris cette habitude de manger sur les terres agricoles, soit le grain laissé à l’automne ou les nouvelles et jeunes pousses », explique M. Baril.

Chasse oie

Marc Harvey est guide de chasse à l’oie blanche depuis 35 ans. S’il habite dans la MRC de Montmagny, il œuvre un peu partout au Québec. Il approche les cultivateurs pour obtenir une autorisation d’accès à leurs terres.

« Dans 90 % des cas, on est très bien accueilli », indique Marc Harvey. Ceux qui refusent peuvent avoir vécu par le passé des mauvaises expériences avec des chasseurs qui auraient brisé ou non respecté leurs terres, selon lui.

La façon de chasser l’oie aux champs avec des appelants permet de protéger un secteur vulnérable de l’agriculture en déplaçant les oies vers des secteurs où elles ne causent pas de dommages, l’objectif que les agriculteurs poursuivent. En effet, un des pires scénarios est lorsqu’elle mange la luzerne que certains cultivateurs incluent dans leurs semis, mais qui est dispendieuse et bisannuelle. Comme c’est riche en protéines, les oies blanches en raffolent et font même des trous dans le sol pour aller chercher toute la nourriture.

 « Habituellement, le cultivateur va m’appeler pour me signifier la présence des oies blanches. On va donc marcher la terre en premier pour les faire sortir de là, surtout si c’est un champ vert (avec luzerne). Puis on s’installe dans la nuit et on va passer l’avant-midi là, en abattant les oiseaux qui viennent nous voir. On protège le site en restant longtemps et le bruit des décharges va même décourager tous les oiseaux sur les terres environnantes », résume M. Harvey.

La récolte de conservation printanière de l’oie blanche se poursuit tout le printemps.