Les Jardins du Clocher suspendent toutes leurs activités « pour une période indéterminée » à partir du 14 décembre. Placé devant une impasse financière, l’OBNL veut réfléchir à ses options pour assurer sa pérennité, alors que la mairesse de Saint-Pacôme avance de son côté que l’organisme pourrait tourner le dos à la technologie d’Inno-3B.
L’information a été communiquée le 5 décembre sur la page Facebook des Jardins du Clocher. On y écrit qu’une situation « hors de [son] contrôle » force l’organisme à mettre fin à sa culture horticole et aux autres activités communautaires qu’il pilote « pour une période indéterminée ». Les détenteurs de cartes privilèges des Jardins du Clocher sont invités à s’en prévaloir d’ici le 14 décembre lors de leurs achats, les jours de marché.
Invitée à commenter la situation, la présidente Lise Michaud a confié que la production, dans sa forme actuelle, n’était pas rentable. En quelques mois, les Jardins du Clocher sont arrivés au bout de leurs ressources financières pour payer les comptes à recevoir, ce qui menace aujourd’hui la pérennité de l’organisme. Le conseil d’administration veut maintenant attendre 2023, et réfléchir aux possibilités qui s’offrent à lui pour la poursuite des activités communautaires de l’organisme.
Départ difficile
En octobre dernier, Mme Michaud avait témoigné d’un démarrage plus difficile qu’appréhendé pour l’OBNL. Au départ, l’organisme devait cultiver des micropousses et des légumes-feuilles dans une tour de production verticale en milieu fermé, une technologie développée par l’entreprise Inno-3B de Saint-Pacôme. Or, des difficultés d’approvisionnement liées à la pandémie de COVID-19 ont retardé le montage de cette tour dans la sacristie, de telle sorte qu’Inno-3B s’est retrouvée à livrer temporairement une ancienne tour de production dans laquelle des problèmes d’arrosage sont apparus dès les premières cultures.
Afin de permettre son démarrage l’an dernier, les Jardins du Clocher se sont aussitôt tournés vers la culture de plateaux sous des lumières dans des étagères, une production artisanale au rendement trois fois inférieur à ce qu’elle aurait obtenu avec une tour de production d’Inno-3B, de l’avis de Lise Michaud. Martin Brault, président-directeur général d’Inno-3B et administrateur aux Jardins du Clocher, assurait à ce moment que la « tour promise » serait livrée d’ici un mois (novembre 2022), et que les retards dans sa livraison relevaient d’une question de financement. Deux mois plus tard, ladite tour n’est toujours pas complétée, de reconnaître la présidente.
La Municipalité en renfort
La Municipalité de Saint-Pacôme, invitée à soutenir l’OBNL dans sa recherche de solutions de rechange, a de son côté ouvert la porte à une autre technologie pour pérenniser la production des Jardins du Clocher. Rappelons que la Municipalité est dans les faits la bénéficiaire de la subvention de plus de 680 000 $ sur trois ans obtenue au début 2021, avec pour objectif de mettre en branle un projet de culture et de mise en marché de légumes produits en environnement fermé. En vertu d’une entente entre elle et les Jardins du Clocher, l’OBNL reçoit les sommes de cette subvention, en plus de 15 000 $ par année pendant trois ans versés par la Municipalité, afin de répondre aux obligations relatives à ce projet pilote.
« Comme la livraison de la tour par Inno-3B est compromise, nous sommes (la Municipalité) en communication avec le ministère de l’Environnement pour nous assurer que les Jardins du Clocher peuvent agir autrement pour la poursuite de leurs activités. Cela signifie que l’OBNL doit avoir la latitude pour se tourner vers une technologie différente qui lui permettra de cultiver de façon plus industrielle, ce qui lui assurera des revenus suffisants pour couvrir ses frais de fonctionnement. Si on ne fait pas ça et que l’on continue d’attendre la livraison de la tour par Inno-3B, les Jardins du Clocher vont s’éteindre », a résumé la mairesse Louise Chamberland.
Précisons toutefois que l’entreprise Inno-3B s’est engagée à donner la tour de production — estimée à 1 M$ — aux Jardins du Clocher. L’usage d’une autre technologie obligerait l’OBNL à assumer les coûts pour se la procurer, coûts dont Louise Chamberland ne s’est pas avancée à confirmer l’éligibilité dans le cadre de la subvention actuellement versée par le Ministère.