Il fut un temps où l’on retrouvait des vergers de pommiers et de petits fruits partout sur la Côte-du-Sud. On ne les voyait pas toujours, on les trouvait derrière les maisons à l’abri du vent.
Dans certaines familles comme celle des Chapais à Saint-Denis-de-Kamouraska, les vergers avaient une grande importance. Agronome se passionnant pour les arbres fruitiers et conservationniste, Jean-Charles Chapais (1850-1926) aménage le terrain derrière la demeure familiale pour planter des pommiers, des pruniers et des poiriers.
Quelques marchands de la Côte-du-Sud profitent également de ce créneau puisque le climat du territoire se prête à l’arboriculture fruitière. L’un des plus importants est Amable Morin (1793-1877) qui à Saint-Roch-des-Aulnaies se constitue un verger commercial de pommiers comprenant plusieurs variétés. L’une d’elles porte le nom de Germain Saint-Pierre. Cette variété s’est d’abord implantée à Saint-Jean-Port-Joli.
D’autres commerçants de la région l’imitent. À Saint-André-de-Kamouraska, Sifroy Guéret dit Dumont (1813-1881) possède un verger imposant spécialisé toutefois dans la production de prunes de Damas et de prunes Bleues. Avec sa prunelaie comptant près de mille arbres, il réussit à en expédier une partie vers le marché de Québec. Aujourd’hui, la maison de la Prune, établie dans l’ancienne maison de Guéret dit Dumont, rappelle toute une époque.
Le pépiniériste Auguste Dupuis (1839-1922) apporte également une contribution à l’arboriculture fruitière dans la région. En 1860, il ouvre une pépinière à Saint-Roch-des-Aulnaies et semble être l’un des premiers à utiliser un catalogue pour vendre ses arbres incluant pommiers et pruniers. « Plantons des arbres (dit-il), c’est le moyen d’embellir nos résidences et donner à nos campagnes un aspect nouveau ».
Pour en savoir : Paul Louis Martin, Les fruits du Québec Histoire et traditions de douceurs de la table (Septentrion, 2002).