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L’information régionale, aussi essentielle que fragile

Louis Turbide affirme que la migration de la publicité vers Facebook menace directement notre type de publication. Photo : Le Placoteux

Le journal La Terre de chez nous a lancé la campagne « Si nous cessions d’exister, vous pourriez en être renversés », initiée afin d’alerter le public sur l’urgence de soutenir les médias québécois, particulièrement en région. Par ce slogan et une série d’initiatives engageantes, l’hebdo agricole souhaite provoquer une prise de conscience sur la fragilité du modèle économique de l’information locale, malgré un lectorat fidèle et avide de nouvelles vérifiées.

« On veut brasser la cage, et faire en sorte que les gens comprennent qu’une information de qualité ne tombe pas du ciel », affirme la rédactrice en chef Ariane Desrochers. Elle souligne que pour seulement quelques dollars par mois, il est possible d’appuyer un contenu utile, rigoureux, et ancré dans les réalités du territoire.

Cette nouvelle offensive coïncide avec une période difficile pour de nombreux journaux québécois qui, bien qu’ils aient réussi leur virage numérique, peinent à rentabiliser leurs activités dans un contexte de baisse marquée des revenus publicitaires. Pour La Terre de chez nous, qui appartient à l’Union des producteurs agricoles tout en conservant son indépendance journalistique, le moment est venu de rappeler au public qu’il a le pouvoir d’agir en choisissant de s’abonner.

La campagne se décline aussi sur les réseaux sociaux avec le mot-clic #sinouscessions. Le public est invité à se photographier avec une version papier ou numérique du journal… tenu à l’envers. Une manière simple et symbolique d’exprimer son appui à l’existence même des médias, à commencer par ceux qui couvrent les réalités du quotidien.

Encourager votre média

Ce message trouve un écho tout particulier dans les salles de presse régionales, comme celle du Placoteux. « Au niveau des hebdos régionaux, nous ne vivons pas un problème de lectorat. Notre journal est distribué dans tous les foyers des MRC [NDLR de Kamouraska et de L’Islet] avec 19 600 copies. Aucun autre média ne rejoint autant de gens dans notre région. Le journal est lu et attendu chaque semaine », affirme le directeur général Louis Turbide.

Mais comme ailleurs, ce sont les revenus publicitaires qui s’effritent, menaçant directement la survie de ce type de publication. « Les annonceurs sont moins présents qu’auparavant dans nos pages, ce qui pourrait en venir à mettre en péril notre modèle d’affaires. Certaines entreprises brandissent l’importance de l’achat local, mais investissent leur budget publicitaire sur Facebook. Cherchez l’erreur ! »

Pour M. Turbide, l’achat local ne devrait pas s’arrêter au panier d’épicerie. Il englobe aussi les médias qui soutiennent l’économie régionale, et garantissent un regard de proximité sur les enjeux qui touchent les citoyens. « C’est malheureux, car si un hebdo comme le nôtre venait à fermer, ce ne sont pas les médias nationaux ou les Facebook de ce monde qui couvriraient les enjeux de notre région. »

En lançant cette campagne, La Terre de chez nous espère provoquer une réflexion collective. Car si les journaux cessent d’exister, c’est la démocratie locale qui risque d’en être renversée.