De Saint-Jean-Port-Joli à Londres, de Mexico à Beyrouth, le court-métrage Marée Noire poursuit une ascension fulgurante dans le monde des arts et du cinéma. À ce jour, le film cumule près de 60 sélections officielles, et plus de quinze prix internationaux, confirmant son statut d’œuvre majeure de la vidéodanse contemporaine.
Au cours des derniers mois, Marée Noire a reçu quatre nouvelles distinctions, dont le Best Directing Award au Nickel Independent Film Festival à Saint-Jean (Terre-Neuve), la Meilleure vidéodanse au Encuentro para Cinégrafos au Venezuela, et le Best Choreography Award au Mexico City Videodance Festival. Le film a aussi été honoré au Women Over 50 Film Festival au Royaume-Uni, et au Beirut International Women Film Festival, où il a décroché deux prix, saluant à la fois sa portée environnementale et sa force chorégraphique.
La beauté du mouvement pour parler du monde
S’inspirant de la fragilité du fleuve et des marées souillées, Marée Noire explore le rapport intime entre l’humain et la nature à travers une chorégraphie tournée sur les glaces du Saint-Laurent, en pleine tempête de neige. Chantal Caron transforme le désastre en beauté. Cette esthétique à la fois brute et poétique a séduit les jurys d’Europe, d’Amérique et d’Asie.
Le film a été projeté dans des lieux prestigieux comme la Galerie nationale de Singapour, à Berlin, Paris, Lisbonne et Los Angeles, ainsi qu’au Festival international du film sur l’art de Montréal. Marée Noire conjugue la rigueur de la danse et la puissance du paysage. Sans dialogue, le mouvement devient un cri silencieux.
Pour Chantal Caron, ces reconnaissances confirment la portée universelle de son art. « Aujourd’hui, j’ai la sensation de partager les possibles, de prendre parti pour un art qui transforme, qui fait réfléchir, qui apporte la beauté et relie les êtres humains. »
Si Marée Noire connaît un tel succès, c’est aussi parce qu’il porte la signature d’une créatrice enracinée dans son territoire, et tournée vers le monde. « Mon mari, Jean St-Pierre, a toujours cru en ma vision, et m’a permis de devenir la créatrice que je suis aujourd’hui. Son soutien constant et sa confiance sont au cœur de tout ce que j’ai pu accomplir », dit-elle.
Autour d’elle, la famille et la relève s’impliquent. Sa fille Émie-Liza soutient la compagnie, tandis qu’Éléonar perpétue la mission d’éducation artistique. À travers Marée Noire, Chantal Caron transforme la douleur écologique en puissance artistique. Ses images, à la fois douces et bouleversantes, réaffirment la force d’une artiste pour qui la danse est un langage essentiel.
Et au fil de ses projections d’un continent à l’autre, une certitude s’impose. La marée, noire ou lumineuse, porte désormais le nom de Saint-Jean-Port-Joli.
aFleuve | Espace danse a fait vibrer Montréal avec L’Effet Marée Noire
La Marée Noire de Chantal Caron a déferlé sur le Quartier des spectacles à Montréal récemment. Présentée en plein centre-ville de Montréal, sur la façade de l’édifice Wilder, chaque soir durant deux semaines, l’œuvre percutante et bien connue a été vue par des milliers de personnes. Une autre reconnaissance pour Chantal Caron, chorégraphe de Saint-Jean-Port-Joli et instigatrice du projet.
« Dans un monde fragmenté où les débats s’entrechoquent, la danse ouvre un espace sensible et rassembleur, capable de toucher autant les publics internationaux que les spectateurs d’ici, confie Chantal Caron. Elle nous invite à habiter le monde autrement, à nous relier les uns aux autres, et à retrouver par le mouvement un espoir partagé. »
L’endroit s’est métamorphosé en un vaste espace chorégraphique à ciel ouvert lors de l’inauguration de la nouvelle installation d’arts médiatiques signée Fleuve | Espace danse. De fait, la Place des Festivals s’est animée lors d’une soirée d’inauguration gratuite, où les interprètes de la compagnie ont présenté une performance exclusive de Marée Noire avant la projection du film. Une manière pour Fleuve | Espace danse de réunir sur un même lieu les trois volets de ce grand projet : la danse, le cinéma et l’installation.
Coproduite avec le Partenariat du Quartier des spectacles, l’installation incluait la projection du court-métrage Marée Noire chaque soir, accompagnée de trois structures artistiques au sol. Ces installations poétiques offraient aux passants des fragments d’images, de mots et de souffle inspirés par le film et par la nature puissante du fleuve Saint-Laurent.
Un art qui relie et transforme
À travers L’Effet Marée Noire, la créatrice a transformé la réalité écologique des marées souillées en un langage artistique qui fait dialoguer beauté et conscience. L’œuvre s’inspire des déversements de pétrole en mer, et de leurs ravages sur les écosystèmes marins. Sur les structures lumineuses, on découvre des images inédites du tournage sur les glaces du fleuve, captées en pleine tempête, un hommage à la nordicité, à la fragilité du vivant et à la puissance du mouvement.
Pour Chantal Caron, cette présence au cœur de la métropole résonne comme un accomplissement. « À cette étape du parcours de Fleuve | Espace danse, je ressens une immense gratitude pour tout le chemin parcouru. Je n’aurais jamais pu y arriver sans la complicité et le soutien indéfectible de ma famille, qui m’accompagne avec amour et bienveillance depuis le tout début. »
Elle souligne aussi l’engagement de sa fille Émie-Liza, « précieuse complice dans le déploiement de la compagnie », et celui d’Éléonar, qui a repris son école de danse à Saint-Jean-Port-Joli. « Je ressens plus que jamais cette fierté de dire : je viens de Saint-Jean-Port-Joli », conclut-elle.

