Mathieu Rivest devrait-il remplacer Éric Caire?

Éric Caire. Photo tirée de Facebook

Le député caquiste de Côte-du-Sud, Mathieu Rivest est issu du milieu culturel, et s’il devait un jour être nommé ministre, il serait tout naturel pour lui d’obtenir le ministère de la Culture et des Communications. Si je me permets de parler de ce sujet, c’est que plusieurs députés de la Coalition avenir Québec souhaitent actuellement que le premier ministre François Legault procède à un remaniement, car visiblement, il commence à y avoir de la grogne au sein du caucus caquiste, si on se fie au papier d’Antoine Robitaille du Journal de Québec.

Selon ce dernier, la défection du whip du parti Éric Lefebvre, devenu indépendant et simultanément candidat conservateur au fédéral, aurait eu comme conséquence de délier certaines langues, même que plusieurs ne se gêneraient plus pour exprimer tout haut leur écœurement, allant même jusqu’à menacer de démissionner.

Évidemment, comme le rapporte Robitaille, les bonzes de la CAQ ne veulent pas d’une autre élection partielle comme celle ayant eu lieu dans Jean-Talon, car une autre défaite pourrait faire énormément mal aux caquistes qui, déjà écorchés, ne récoltent que 25 % des intentions de vote au Québec.

Par contre, si le premier ministre ne procède pas à un remaniement, ou s’il décide d’en faire un sans pour autant toucher aux piliers du gouvernement — dont font partie Dubé, Girard, Fitzgibbon, Drainville et Lebel —, il pourrait aussi créer d’autres mécontents. Legault n’est donc plus en position de force comme il le fut naguère pendant la crise covidienne, et les obstacles se multiplient sur sa route.

Le cas d’Éric Caire

Député caquiste de la circonscription de La Peltrie située dans la grande région de la Capitale-Nationale, Éric Caire ne passera sûrement pas la postérité pour avoir brillé comme ministre de la Cybersécurité et du Numérique. Que ce soit le nouveau système informatique de la SAAQ — qui a coûté 20 fois le montant prévu initialement, avec pour résultat un système plus ou moins fonctionnel, alors qu’il pensait mériter des félicitations pour la part de son travail exécuté dans le processus —, ou bien la récente explosion des coûts pour entreposer les informations des Québécois dans des systèmes infonuagiques — pour une facture globale s’élevant désormais à 372 M$, alors qu’on promettait, dès 2023, des économies de 100 M$ par année —, rien ne nous indique qu’Éric Caire livre la marchandise, bien au contraire.

Ce serait d’ailleurs la moindre des choses qu’on ventile publiquement les chiffres concernant les deux projets sous la gouverne du ministre de la Cybersécurité et du Numérique, afin de savoir comment ces sommes astronomiques ont été dépensées. Pensons-y, 500 M$ pour la mise en place de SAAQclic, supposé valoir 25 M$ au départ, et 372 M$ pour des systèmes infonuagiques, alors qu’en 2019 on estimait le montant à défrayer à 155,9 M$, avant d’y inclure les réseaux de la Santé et de l’Éducation pour un budget bonifié à 324 M$ qui vient juste de connaître une hausse de 50M$…

Serait-ce exagéré ici de demander une bonne reddition de comptes à nos élus, dont Éric Caire fait partie, alors que ceux-ci ne se gênent pas pour nous taxer, ou encore pire, se voter une augmentation de salaire de 30 % au moment même où les Québécois ont de la difficulté à joindre les deux bouts, et que l’appareil gouvernemental et ses infrastructures sont en décrépitude?

La comparaison est de mise

Évidemment, étant en situation inflationniste, il est clair que chaque nouveau projet coûte plus cher qu’il ne l’aurait fait dix ans auparavant. Et si vous demandez à n’importe quel comptable compétent de vous faire un budget pour un projet quelconque, il vous dira sûrement de prévoir un montant supplémentaire de 10 à 15 % pour les possibles dépassements de coûts, afin d’avoir assez de liquidités en cas d’imprévu, ce qui est normal, voire nécessaire.

Mais lorsque vous évaluez les coûts d’un projet à 25 M$, et qu’au final, vous devez débourser 20 fois le prix attendu — 500 M$ dans le projet de la SAAQ —, et qu’il n’y a aucune reddition de comptes et aucune enquête publique sur le sujet, vous êtes plus qu’en droit de vous poser certaines questions, et de demander des comptes. Mais où sont les enquêtes?

Pourrais-je vous rappeler ici que le Centre Vidéotron, à Québec, a coûté 370M$ en 2015, alors que 3600 travailleurs (avec les salaires de l’industrie de la construction) ont consacré 1,30 million d’heures pendant trois ans, avec une pléiade de matériaux et d’équipements dernier cri, pour l’érection de ce temple consacré au monde du hockey et du spectacle, un monument visible à des kilomètres et qui fait la fierté de Québec?

Par ailleurs, si cette chronique s’intitule « Mathieu Rivest devrait-il remplacer Éric Caire? », c’est que je crois sincèrement qu’il ferait certainement mieux que le député de La Peltrie dans ce ministère. Mais à vrai dire, puisque j’estime personnellement notre député local, je lui conseillerais plutôt d’attendre son tour comme prochain ministre de la Culture et des Communications, car être obligé de répondre du bilan de Caire pourrait fortement être préjudiciable à son avenir politique.

En attendant, si le premier ministre Legault devait déboulonner Éric Caire au profit de la députée de Fabre Alice Abou-Khalil, comme plusieurs le pensent, et qu’au final le député de La Peltrie démissionnait afin de mettre de la pression sur les hautes instances de la CAQ qui ne souhaite pas une autre élection partielle, Éric Caire honorerait au moins, malgré lui, l’une de ses promesses, soit qu’il démissionnerait si son gouvernement ne réalisait pas le troisième lien…