On part en croisade pour… la tempérance

La croix de tempérance de L’Islet-sur-Mer, Carte postale vers 1940. Photo : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, BANQ.

Des croix noires, des colonnes, des monuments, des fontaines et même des bières de tempérance. Mais que se passe-t-il donc durant la seconde moitié du XIXe siècle ?

Dès que l’offre d’alcool s’est avérée plus importante au XIXe siècle, la consommation aurait augmenté et mis en péril la famille canadienne-française. C’est ce que prétendent les membres du clergé. Ceux-ci ont en partie raison, car dans les villes où le nombre de tavernes et de buvettes explose, les problèmes de désordre et de violence conjugale liés à l’alcool deviennent de plus en plus fréquents. Solution, il faut promouvoir la tempérance, sinon la prohibition de l’alcool. Étonnamment, ce mouvement naît en milieu rural, là où l’alcool est plus rare.

Sur la Côte-du-Sud, il prend forme en 1842 à Saint-Denis-de-la-Bouteillerie sous l’impulsion du curé Édouard Quertier (1796-1872). Ce dernier forme une Société de tempérance et l’exemple du curé de Saint-Denis est suivi dans toute la région. Presque chacune des paroisses adhère à ce mouvement. Pour le faire connaître, des retraites paroissiales sont organisées par certains des membres du clergé. Celle de l’abbé Alexis Mailloux à L’Islet en juillet 1842 a marqué la mémoire.

Pour commémorer cette croisade, l’année suivante, le curé de L’Islet, François-Xavier Delage met sur pied sa Société de tempérance et décide d’ériger une croix sur un rocher à l’est de la paroisse. En 1873, à la suite d’une tempête et de forts vents, celle-ci s’écroula et il fallut en construire une deuxième, laquelle fut alors consacrée au Sacré-Cœur de Jésus le 12 juillet 1873. C’est cette croix que l’on voit s’élever aujourd’hui en bordure de la route 132. Elle a été restaurée en 1940 et on a commencé à l’illuminer à partir de 1951.

Pour rappeler le centenaire de la croisade de 1843, les paroissiens du village de L’Islet-Station érigèrent une croix blanche et une grotte consacrée au Christ-Roi sur un petit rocher de la 9e rue. L’événement ne passa pas inaperçu puisque la bénédiction était faite devant le premier ministre Adélard Godbout le 31 octobre.