Le 3 septembre, les résidents de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et de Saint-Onésime-d’Ixworth se réveilleront en étant légalement devenus durant la nuit des Pocatois. Le gouvernement du Québec a donné son aval au projet de regroupement de ces municipalités avec la ville de La Pocatière.
C’est la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, qui en a fait l’annonce récemment. La nouvelle ville portera le nom de Ville de La Pocatière, et regroupera environ 6400 habitants. Québec donne ainsi suite à une demande issue d’une démarche conjointe des trois municipalités, à laquelle les citoyens ont également participé par le biais d’une consultation de la Commission municipale du Québec. Le rapport de cette dernière confirme la large adhésion de la population à ce nouveau regroupement.
Vincent Bérubé, maire de l’actuelle Ville de La Pocatière, agira à titre de maire du conseil provisoire de la nouvelle ville jusqu’à l’élection générale du 2 novembre prochain. Le maire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Jean-François Pelletier, et la mairesse de Saint-Onésime-d’lxworth, Cathy Fontaine, alterneront chaque mois à la suppléance de ce poste au conseil provisoire.
Un long fleuve pas toujours tranquille
L’idée a été lancée en 2024, considérant les enjeux et les défis auxquels les municipalités du Québec étaient confrontées. La Pocatière, Rivière-Ouelle, Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Saint-Denis-De La Bouteillerie, Saint-Onésime-d’Ixworth, Saint-Pacôme et Saint-Roch-des-Aulnaies ont adopté des résolutions demandant au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation de les accompagner dans la réalisation d’une étude de faisabilité sur leur regroupement potentiel.
Puis, Rivière-Ouelle, Saint-Denis-De La Bouteillerie, Saint-Pacôme et Saint-Roch-des-Aulnaies ont décidé de se retirer, alors que La Pocatière, Saint-Onésime-d’Ixworth et Sainte-Anne-de-la-Pocatière ont poursuivi l’exercice.
Plusieurs consultations ont eu lieu. Dans le rapport officiel, on lit que la Commission municipale du Québec a reçu au total 25 opinions écrites, dont 13 pour le volet audiences publiques. « Au total, 89 % des opinions reçues étaient en faveur du regroupement des trois municipalités. La totalité des opinions contre la démarche, soit 11 % des participants [quatre personnes] provenait du territoire de Saint-Onésime-d’Ixworth », précise le rapport.
D’ailleurs, la mairesse Cathy Fontaine avait avoué au Placoteux que la municipalité avait failli se retirer. « Lorsque les autres municipalités ont lâché, avec le maire M. Pilotto [qui a démissionné depuis pour des raisons de santé], on s’est sérieusement posé la question à savoir si ça valait la peine de continuer. Personne ne savait vraiment, mais une chose dont on était certain, c’est qu’on ne pourrait pas continuer à faire cavalier seul très longtemps dans le contexte actuel », disait-elle.
Les principaux points soulevés en faveur de l’exercice étaient l’amélioration des services municipaux, une meilleure gestion municipale avec moins de bureaucratie, la proximité et la complémentarité des municipalités, l’enjeu des ressources humaines, qui permettra d’offrir de meilleures perspectives de carrière dans une entité plus grande et plus structurée, l’optimisation des ressources financières, le développement économique, et la dévitalisation du secteur de Saint-Onésime.
Commentaires favorables
« Dire que le district de Saint-Onésime sera le plus avantagé est un euphémisme. Il est vital que nous soyons fusionnés pour soulager le fardeau économique des habitants de notre coin de pays. Autrement, je crains que la municipalité ne s’éteigne tranquillement, sans services, sans école, sans résidents permanents, sans touristes. » « Il est très difficile d’attirer des gens à venir rester sur notre territoire. Ce qui menace toujours notre petite école, ainsi que tous les commerces qui tentent de s’implanter ici », lit-on au nombre des commentaires.
Malgré le dépôt d’une pétition de 300 signatures au début de l’année 2025, peu d’opinions contre le projet ont été exprimées à la Commission. De fait, seulement quatre personnes se sont exprimées contre le projet de regroupement lors de l’audience publique, et la Commission n’a reçu aucun commentaire écrit contre le regroupement.
Un soutien du MAMH
Un soutien de 1,3 million $ sera versé sur trois ans par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation à la nouvelle Ville de La Pocatière. Cette somme permettra de couvrir les dépenses liées notamment à la restructuration organisationnelle, et à l’harmonisation des règlements d’urbanisme.
« Notre gouvernement est fier d’être à l’écoute des besoins des municipalités partout au Québec. En allant de l’avant avec cette demande commune de La Pocatière, Sainte-Anne-de-la-Pocatière et Saint-Onésime-d’Ixworth, nous soutenons l’autonomie municipale, et les initiatives en faveur d’une meilleure efficience des municipalités au bénéfice de la population. Je remercie chacune des personnes impliquées de près ou de loin dans cette démarche qui met à l’avant-plan les intérêts de leurs communautés. Bravo ! », a commenté Andrée Laforest.
« Dans un contexte où La Pocatière, Sainte-Anne-de-la-Pocatière et Saint-Onésime-d’Ixworth sont confrontées à divers enjeux, le regroupement permettra d’optimiser les services offerts à la population. Cela s’inscrit parfaitement dans la volonté de notre gouvernement d’aider les municipalités à trouver des solutions pour maintenir leur développement et favoriser le partage de ressources. Félicitations aux trois municipalités pour cette initiative bien orchestrée », dit Mathieu Rivest, député de Côte-du-Sud.
Une nouvelle ville, trois maires satisfaits
Les maires des municipalités concernées sont unanimes. La conclusion positive du projet de fusion est accueillie avec satisfaction et un sentiment d’accomplissement. Après plusieurs mois d’un travail intensif, parfois ardu, ils voient dans cette nouvelle étape une occasion de bâtir une entité plus forte, au service de leurs citoyens.
« Le regroupement de nos municipalités au sein d’une même entité est une étape importante de notre histoire. Depuis trois ans, nous avons uni nos forces autour d’une vision commune guidée par la volonté de consolider et d’optimiser nos ressources », ont commenté conjointement Vincent Bérubé, maire de La Pocatière, Jean-François Pelletier, maire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, et Cathy Fontaine, mairesse de Saint-Onésime-d’Ixworth.
Vincent Bérubé : efficacité et ouverture
Pour Vincent Bérubé, l’approbation de la fusion marque « une étape majeure vers une meilleure efficience dans la gestion de nos ressources et services ». Selon lui, les citoyens bénéficieront d’une utilisation plus optimale des fonds publics, ce qui, à moyen terme, pourrait se traduire par une baisse de la pression fiscale. « Mais c’est plus qu’une simple question de taxes. Nous voulons aussi développer des services de proximité en loisirs, culture, santé et bien-être », dit-il, reconnaissant que l’exercice n’a pas été simple.
« Si c’était à refaire, j’opterais pour un rythme plus soutenu, sans décomposer à l’excès chaque aspect technique. » Il considère par ailleurs cette fusion comme « une première étape prometteuse vers davantage de collaboration régionale », ouvrant la porte à de possibles discussions avec d’autres municipalités.
Jean-François Pelletier : une vision tournée vers l’avenir
À Sainte-Anne-de-la-Pocatière, le maire Jean-François Pelletier accueille aussi favorablement l’issue du processus, qu’il compare à la construction d’une maison. « On monte un plan, on rêve d’une maison, puis tranquillement on y arrive. Mais ce n’est pas fini. Le vrai travail commence maintenant. » Tout au long de l’exercice, malgré certaines résistances et de « forts vents contraires » au départ, il dit avoir maintenu un message clair auprès de sa population, insistant sur les raisons du projet, et la nécessité de bâtir un territoire plus solide collectivement.
Jean-François Pelletier insiste sur la cohérence de ce regroupement, rappelant que ses citoyens vivaient déjà au quotidien une proximité avec La Pocatière. « On avait des ententes de services, mais il fallait sans cesse renégocier. Désormais, on sera assis autour de la même table pour décider des projets ensemble, au lieu de se facturer mutuellement. » Selon lui, cette fusion permettra une gestion plus équitable et plus efficace des ressources, tout en évitant les lourdeurs administratives de trois conseils distincts.
Quant à la possibilité d’élargir le regroupement à d’autres municipalités, il se montre ouvert, mais prudent. « On ne ferme pas la porte, mais pour les quatre prochaines années, nous allons nous consacrer à mettre le regroupement actuel en place », dit-il, convaincu que le succès de cette première fusion servira d’exemple. « Si des municipalités voisines se montrent intéressées, on ne dira pas non. Mais notre priorité, d’ici là, c’est de consolider cette nouvelle ville, et de démontrer que le modèle fonctionne. »
Cathy Fontaine : un gain concret pour les citoyens
La mairesse de Saint-Onésime-d’Ixworth, Cathy Fontaine, salue quant à elle le travail de fond mené tout au long du processus : « La juge de la Commission municipale a reconnu un bel exercice démocratique, avec des séances d’information et la participation active des citoyens. »
Pour ses concitoyens, l’avantage est clair. « Il y avait ici la plus grande baisse de taxes. Imaginez répartir les dépenses à 6000 habitants plutôt qu’à 500 », dit-elle, estimant toutefois qu’un délai plus long entre l’annonce ministérielle et les élections aurait permis d’asseoir davantage les bases de la nouvelle ville avant de plonger en campagne électorale. Le premier conseil public de la nouvelle ville aura lieu le lundi 22 septembre à 19h.

