La construction d’une piscine à Saint-Pascal est un sujet chaud depuis plusieurs années. En consultant le public en prévision de la planification stratégique 2020-2030, les citoyens ont clairement exprimé leur désir d’avoir une piscine dans leur municipalité. Pour concrétiser ce souhait dans les plus brefs délais et pour amoindrir le coût pour les contribuables, Saint-Pascal est allée de l’avant avec un projet de piscine extérieure. Cependant, plusieurs se demandent pourquoi leur piscine ne pourrait pas être intérieure, pour une utilisation à l’année.
Les arguments sont multiples. Tout d’abord, les enfants auraient un meilleur accès aux cours de natation. Souvent partis durant l’été, la période d’ouverture des piscines extérieures leur laisse peu de temps pour l’apprentissage. De plus, l’offre de sites de baignade abonde déjà durant cette même période. Mis à part les piscines extérieures de Mont-Carmel et de Notre-Dame-du-Portage, on peut penser au fleuve et aux autres cours d’eau. En ce qui a trait aux installations intérieures les plus proches, soit à Rivière-du-Loup et à La Pocatière, elles sont fortement achalandées.
Alors, « pourquoi une piscine extérieure plutôt qu’intérieure? La réponse est fort simple : le coût de construction et les coûts de fonctionnement annuels », écrit Jean Langelier, directeur général de la Ville de Saint-Pascal, dans un courriel au Placoteux. Mais l’enjeu des dépenses serait, semble-t-il, plus complexe que ne laissent entendre ces mots.
Étude de faisabilité
Une étude de faisabilité pour la construction de la piscine extérieure est en cours. Le mandat, accordé à Poirier Fontaine Architectes inc., a débuté en janvier et doit aboutir d’ici le 31 décembre 2023 pour répondre aux exigences du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Ce dernier verse plus de 20 000 $ pour l’étude, alors que la Ville y met un peu moins de 5000 $.
Cette aide financière du Ministère concerne seulement l’étude de faisabilité; aucun chiffre n’a encore été émis concernant les estimations du coût de construction et de fonctionnement pour une piscine extérieure à Saint-Pascal, et encore moins pour une piscine intérieure. Jean-Philippe Grenier, chargé de projets à la Ville, soutient cependant que des recherches ont été faites au préalable, et qu’un projet d’une telle envergure est « souvent de l’ordre de millions de dollars. »
En se fiant sur des exemples de villes qui se sont récemment dotées d’une piscine, la Ville aurait déterminé qu’une installation extérieure « potable » coûterait entre 2,5 M$ et 5 M$. Quant aux installations intérieures, le budget se hisse entre 5 M$ et 15 M$, une fourchette « vraiment beaucoup plus chère », insiste le chargé de projet. À titre comparatif, la réfection de la piscine intérieure du cégep de La Pocatière a été évaluée à 6 M$, l’année dernière.
L’eau profonde des finances
À une telle échelle, la Ville doit peser les risques financiers courus. Plus les frais sont élevés, plus elle doit aller chercher des partenaires financiers, et plus elle devra recourir à des emprunts, ultimement payés par les contribuables. « L’idée c’est d’être judicieux, de faire un projet qui est respectable au niveau des coûts, pour ne pas mettre une trop grosse charge financière sur le dos des citoyens. »
Jean-Philippe Grenier s’inquiète de la capacité de la Ville de Saint-Pascal à obtenir des partenaires financiers si elle devait s’engager dans un projet d’envergure de piscine intérieure.
« Tout est dans le défi d’acquérir ces partenaires financiers là. […] C’est moins compliqué d’aller chercher un ou deux millions auprès de partenaires financiers que sept ou huit millions. Ça prend beaucoup plus de recherche et de temps. »
Les Pascalois seraient-ils prêts à payer davantage et à attendre plus longtemps pour leur piscine, si cela leur permettait d’accéder à une installation intérieure à proximité de chez eux? Le chargé de projet ne dispose pas de cette réponse spécifique, mais lance que « la question est plutôt de savoir si nos partenaires sont prêts à attendre des années pour pouvoir contribuer au financement ».
Au-delà de la facilité à obtenir le financement, un processus qui s’étend sur plusieurs années comporte ironiquement le risque de perdre ce même financement. Plus le projet est cher, plus le nombre de partenaires financiers nécessaires est élevé, affirme Jean-Philippe Grenier. Plus le temps attribué à la recherche de ces partenaires est long, plus il y a de risques de dépasser les délais imposés par ceux-ci, et de les voir ainsi se retirer du projet.
« Il y a tout ce jonglage-là, ce jeu de dominos là, qu’il faut orchestrer, illustre-t-il. On essaie d’être réaliste dans l’exécution de ce projet-là, pour qu’il puisse se concrétiser le plus rapidement possible. »