Le ministre des Finances du Québec Eric Girard a récemment déposé son budget pour l’exercice 2024-2025, et force est de constater que le déficit appréhendé trois mois avant par le gouvernement Legault dépasse largement les pires scénarios envisagés. Avec 11 G$ dans le rouge, il s’agit du plus grand déficit de l’histoire du Québec, dépassant même celui enregistré durant la pandémie de COVID-19 qui était, rappelons-le, de 10,7 milliards $ (2020-21).
La santé des finances publiques serait, dit-on, plombée par le ralentissement de l’économie, les catastrophes naturelles, ainsi que l’entente avec les enseignants qui, elle, augmente de plus de 3 milliards $ les dépenses annuelles du gouvernement. La crise de la COVID-19 serait également un autre facteur qui aurait contribué au résultat actuel.
Certes, je veux bien concevoir qu’une multitude de facteurs ait pu provoquer un tel déficit; cependant, il serait aussi de bon aloi de regarder la gestion du gouvernement caquiste pour comprendre le piètre état des finances publiques. Rappelons qu’à l’élection de la Coalition avenir Québec en 2018, le gouvernement libéral de Philippe Couillard avait laissé un montant avoisinant les 7,6 milliards de dollars en surplus budgétaire…
De mauvaises décisions et des promesses brisées
Plusieurs s’entendront sur ce fait, la Coalition avenir Québec s’est fait élire en clignotant à droite, mais a manifestement tourné à gauche. En 2018, François Legault avait promis de supprimer, dans un premier mandat, 5000 emplois de la fonction publique. Le résultat est tout autre, puisque la fonction publique québécoise a augmenté de plus de 12 %, soit environ 6000 fonctionnaires supplémentaires.
On peut également ici parler du Panier bleu, une initiative du gouvernement du Québec pour favoriser l’achat en ligne de produits québécois qui s’est soldée par un échec retentissant. 22 M$ auront ainsi été engloutis dans ce fiasco. Il y a aussi les Espaces bleus, un projet visant l’établissement de 17 lieux culturels et muséaux, que François Legault voyait comme son legs culturel. Pourtant, cet élan nationaliste vient d’être abandonné sous prétexte de dépassements de coûts. Le montant initial prévu à cet effet, d’environ 260 millions $, a finalement triplé pour se rapprocher du milliard.
Que dire maintenant de la myriade de mesures sanitaires imposées aux Québécois durant la crise covidienne ? Non seulement plusieurs d’entre elles étaient douteuses et inefficaces — et surtout non basées sur la science —, mais la fermeture de l’économie, et le climat de peur accentué par les grand-messes quotidiennes du premier ministre Legault en ont laissé plusieurs amers.
Combien cette folie aura-t-elle collectivement coûté ? Je conçois bien qu’au début, nous ne savions pas dans quelle galère nous étions, mais, six mois après, on aurait dû essentiellement comprendre que de fermer les écoles et les commerces, et laisser le champ libre à « Big Pharma », avec comme seul salut la vaccination à grande échelle pour recouvrer notre liberté, n’étaient sûrement pas les gestes à appliquer.
Aujourd’hui, en plus d’avoir comme conséquence un déficit record de 11 milliards de dollars, la nation est plus divisée que jamais, et le modèle québécois est indéniablement à bout de souffle. Il aura fallu que la Providence vienne en aide aux Canadiens de Montréal en 2021 pour que l’équipe puisse se rendre en final de la Coupe Stanley contre le Lightning de Tampa Bay, pour se rendre compte qu’en Floride, il n’y avait plus de mesures sanitaires, alors qu’ici, nous y étions toujours… Visiblement, le virus, plus qu’intelligent, respectait les frontières, au même titre qu’il était assez brillant pour ne pas infecter les gens assis au restaurant, choisissant davantage les cibles circulant debout. Heureusement, nous avions les masques et les flèches dans les épiceries pour nous protéger…
On peut également parler des Maisons des aînés au coût d’un million $ la chambre, qui selon le Parti Québécois sont vides, ou du projet de maternelles quatre ans qui n’aboutit pas. Quoi dire maintenant du projet Northvolt, qui a pu contourner la procédure du BAPE tout en bénéficiant d’aides financières de près de 7 G$, alors que dans le dernier budget Girard, on annonce la fin des subventions pour l’achat d’un véhicule électrique ? Qui plus est, au même moment, les grands de l’automobile abandonnent graduellement les véhicules électriques, puisque la demande n’est pas au rendez-vous, et que son coût de fabrication est trop élevé…
Que dire aussi de la saga du troisième lien, promesse phare de la CAQ ayant été abandonnée avec un show de boucane de la vice-première ministre Geneviève Guilbault qui, rappelons-le, était arrivée en point de presse avec plusieurs cartables afin de démontrer la non-pertinence du projet. Comme par enchantement, après que la CAQ ait subi une raclée face au Parti Québécois à la partielle de Jean-Talon, le projet fut ressuscité par François Legault… ah! bon.
Évidemment, on ne peut également pas passer sous silence les 25 M$ prévus pour le nouveau système informatique de la SAAQ, qui aura finalement coûté 500 M$. On parle bien ici d’un « foutu » programme informatique ayant, à titre comparatif, coûté 130 M$ de plus aux contribuables québécois que la construction du Centre Vidéotron, qui a coûté 370 M$ en 2015. Il a aussi les milliards $ en appels d’offres octroyés de gré à gré par Québec durant la crise de la Covid. Où sont les enquêtes ? Peut-on en savoir davantage ?
Autre signe alarmant, on apprenait dernièrement que la situation dans le milieu agricole était plus critique que jamais, puisque le revenu net des agriculteurs a diminué de 49,2 % en 2023, malgré des recettes sans précédent, et qu’on prévoit pour 2024 une diminution du revenu net de 86,5 %. Cette situation n’aurait, dit-on, pas été observée au Québec depuis près de 100 ans.
En appeler à des états généraux
La dette du Québec est désormais de 322 milliards de dollars. Le système de santé vacille. Les gens s’appauvrissent. Le domaine agricole est sur le point de craquer. La crise de l’immigration et du logement frappe de plein fouet. Les infrastructures sont en décrépitude, et l’éducation, à bien des égards, laisse à désirer, le français recule, etc. Bref, le modèle québécois chancelle, et je dirais même plus, il est sur le point de chavirer. Il serait ainsi peut-être temps de faire appel à la sagesse, et d’en appeler collectivement à des états généraux. Car, admettons-le, le Québec est présentement en crise, et l’avenir me paraît peu prometteur si on ne met pas rapidement les bons mécanismes en place.