Saint-Pascal lançait sa planification stratégique 2020-2030 la semaine dernière. Saint-Germain-de-Kamouraska a fait de même récemment pour la période 2022-2032. Mais à quoi sert au juste une planification stratégique ? Marijo Couturier-Dubé, conseillère en développement rural à la MRC de Kamouraska, a accepté de nous éclairer sur la question.
Maxime Paradis (MP) : Marijo, le terme planification stratégique est quelque chose que nos lecteurs lisent souvent dans nos pages quand il est question de politique municipale, mais à moins de tremper là-dedans à longueur d’année, j’ai comme l’impression que ça ne veut pas dire grand-chose pour monsieur et madame Tout-le-Monde. Est-ce que je me trompe ?
Marijo Couturier-Dubé (MCD) : C’est pour ça que je préfère plutôt parler d’un plan de développement local, même si au final, on parle pas mal de la même chose. Une planification stratégique ou un plan de développement, ça demeure essentiellement une municipalité qui cherche à se doter d’une vision de développement sur différents axes, à la suite de consultations auprès de ses citoyens. Ensuite, il y aura grosso modo une série d’actions précises qui accompagneront chacun des objectifs qui découlent de ces axes et qui s’échelonneront dans le temps. Parfois, ces objectifs ou actions seront à l’origine de projets concrets menés par la municipalité.
MP : Donc, si j’ai bien compris, on fait un gros remue-méninges avec des citoyens, eux émettent des idées, on retient ce qui est plus cohérent avec la vision d’ensemble de développement et on rassemble ensuite cela dans un document qui va constituer le « plan » proprement dit ?
MCD : Si on cherche à simplifier, on pourrait résumer ça comme ça, mais ça serait faire abstraction de tout le travail qui est fait en amont des consultations. Parce que si les consultations sont une étape importante du processus, il faut toujours bien la préparer si on ne veut pas que ça parte dans tous les sens. Pour ça, il faut au préalable dresser le portrait de ce qui a été réalisé ou non dans les dernières années. Pour y arriver, on va souvent repartir de l’ancien plan, revoir les objectifs et évaluer s’ils sont toujours pertinents, puisque les choses évoluent. Il faut quand même s’assurer d’avoir un portrait socioéconomique fidèle à la réalité si on veut nourrir les citoyens dans leur réflexion. Ils ne partent donc pas de zéro. C’est un exercice fastidieux, qui demande du temps, mais hautement pertinent.
MP : Une partie de ton travail consiste justement à accompagner les municipalités kamouraskoises qui entament une démarche de renouvellement de leur planification stratégique. Cet exercice de consultation et de concertation qu’une démarche pareille oblige, est-ce assez fort pour stimuler le dynamisme au sein de communautés qui pourraient être considérées comme « endormies » ?
MCD : Quelques années après, souvent on constate qu’une consultation qui a mené à l’élaboration d’un nouveau plan de développement local a eu pour effet de stimuler un certain engagement communautaire dans les municipalités. Comme les idées à la base du plan viennent des citoyens, souvent ils vont choisir de s’impliquer au sein de comités qui eux s’assurent d’un suivi des actions qu’ils ont proposées dans le cadre de la consultation. Au final, c’est super, parce qu’un plan de développement local, oui c’est de belles orientations auxquelles un conseil municipal et une administration municipale peuvent se référer, se ramener même au besoin dans leurs prises de décisions, mais il faut aussi que les citoyens se l’approprient et en soient porteurs.
MP : Comme « payeur de taxes », on a souvent l’impression que les municipalités ne consultent jamais assez. C’est encore pire quand des équipes en entier sont élues par acclamation aux élections municipales. Mais dans le fond, ce n’est pas totalement vrai dans les municipalités qui décident de se doter d’une planification stratégique.
MCD : Le plan de développement est un bon moyen de consulter la population. Par contre, les municipalités peuvent consulter autrement, par exemple, par le biais du renouvellement d’une politique familiale et des aînés, ou pour un plan de transport actif. Peu importe la raison derrière la démarche, la partie la plus importante d’un processus comme celui-là demeurera toujours l’étape de consultation. C’est un moment unique qui ne se présente pas toujours sur une base régulière, mais où les citoyens ont réellement leur mot à dire sur le devenir de leur communauté.