Avec nos nouveaux élus municipaux, c’est à une véritable révolution municipale qu’il faut nous atteler. Il faut faire de nos gouvernements locaux le fer de lance de la prise en charge de nos territoires et de nos communautés.
Le sort réservé dans nos lois à nos gouvernements de proximité n’est plus adapté aux besoins actuels. La tutelle du gouvernement central sur nos gouvernements municipaux ne permet plus la prise en charge locale que nécessiteront de plus en plus la crise du climat, la protection de l’environnement, l’aménagement du territoire, la crise sociale et économique, et l’échec de nos bureaucraties gouvernementales centralisées.
Quand tous nos politiciens et entrepreneurs sont dépassés par les tarifs de Trump, ou les changements climatiques, ou le manque d’eau, ou les avatars informatiques, le seul recours qui reste est le maire, le conseil municipal, la MRC, et surtout les citoyens engagés sur le terrain. Et le jour n’est peut-être pas si loin où chaque ville, village ou MRC devra se préoccuper de produire sur place la nourriture et les biens essentiels dont elle aura besoin. L’appartenance et la solidarité locale, comme autrefois, seront de plus en plus indispensables.
Cette vaste réforme implique plusieurs volets : celui du Code municipal qui est à refaire complètement; celui du pouvoir politique des régions, du grand nombre de petites municipalités, de l’aménagement du territoire, de la protection de l’environnement et du territoire agricole, celui du régime agricole lui-même, celui de la taxation et de l’impôt, et par-dessus tout, la participation citoyenne.
Plus que jamais, le lien d’appartenance et d’identité sera déterminant, car il est la base de l’action et du développement collectifs. En ce sens, les fusions de municipalités pour des raisons bêtement administratives ne sont pas forcément la meilleure solution : une simple mise en commun de certains services, si la MRC joue son rôle, risque moins de miner la solidarité, le dynamisme des communautés et la participation des citoyens.
Un combat collectif
Nous devons tous mettre la main à la pâte. Les élus doivent donner le ton, et avoir le courage d’exiger des réformes et d’écouter leurs citoyens. Et les citoyens doivent respecter leurs élus, tout en faisant pression sur eux en faveur d’une vaste réorganisation du pouvoir et de la démocratie territoriale.
C’est inacceptable que le projet de constitution québécoise qu’on nous a présenté récemment ne fasse même pas allusion à une nouvelle répartition des pouvoirs entre Québec, les régions, les municipalités et les MRC. Pourtant, l’organisation du pouvoir territorial est de juridiction provinciale. Inutile de dire que la Constitution canadienne nous empêche d’agir. De même pour de nouveaux mécanismes de participation directe des citoyens comme l’initiative populaire.
Le rôle de la MRC
Au Kamouraska, le poste de préfet de la MRC fait l’objet d’une élection au suffrage universel. Le mandat du préfet vient des citoyens eux-mêmes. Nous sommes en droit d’attendre que la personne qui sera élue appuie les élus et les citoyens locaux dans ce combat majeur. Les MRC n’ont pas été créées pour servir de messagers au gouvernement, mais pour aider les élus et les citoyens locaux à prendre en charge leur milieu. Ce qu’on attend d’un préfet ou d’une préfète et de son équipe, ce n’est pas qu’il ou elle soit de tous les cocktails, mais qu’il ou elle aille au combat en première ligne, et rende des comptes non seulement aux maires, mais avant tout aux citoyens. Justement, iI faudrait peut-être commencer par réintroduire les citoyens à la MRC…

