Selon le dernier recensement, le Québec, malgré une cinquantaine de milliers d’immigrants par année, n’arrive plus à augmenter sa population et à combler ses besoins de main-d’œuvre. Et les effets du vieillissement de sa population vont s’aggraver encore dans les dix prochaines années.
L’immigration risque donc de se retrouver une fois de plus au cœur de la prochaine campagne électorale. Le défi pour le Québec est particulier, étant donné la condition précaire de la langue québécoise commune, le français. Il faut absolument faire en sorte que Québécois d’origine et Québécois d’adoption ne forment qu’un seul peuple québécois et deviennent tous des citoyens québécois qui, non seulement jouissent des mêmes droits, mais partagent l’identité, la vie, la langue et le projet politique de ce petit peuple francophone noyé dans l’océan anglophone du Canada et des États-Unis.
Le premier ministre Legault a affirmé récemment que la condition essentielle pour y parvenir est que le Québec obtienne les pleins pouvoirs pour choisir ses immigrants de façon à garantir le plus efficacement possible leur intégration rapide à langue, à la culture, au milieu de travail et à la vie démocratique du peuple québécois. Sans surprise, Trudeau s’est empressé de dire non.
Si on veut y arriver, il va donc falloir valoriser ce qu’on appelle la « citoyenneté québécoise ». Un citoyen québécois est différent d’un citoyen américain, français, italien ou sénégalais. Chaque pays comme chaque famille a son identité qui s’est construit au cours des années, en rapport avec son territoire, son climat, le passé de ceux qui l’ont peuplé, la langue et le modèle de société qui s’est imposé au fil du temps. Être citoyen québécois, c’est partager cet héritage et en être fier, sans pour autant renier ses identités personnelles ou d’origine, et sans non plus se refermer sur soi. D’ailleurs, les moyens de communication modernes nous permettent aujourd’hui d’entrer en contact quotidiennement avec le monde entier.
Les jeunes aiment souvent se définir comme des « citoyens du monde ». C’est une attitude d’esprit louable, mais au sens strict, il n’y a pas de citoyens du monde, parce qu’il n’y a pas d’État mondial ni de passeport mondial. L’État qui prend en charge concrètement notre santé, nos enfants, notre territoire, l’organisation des transports et l’utilisation de nos ressources, c’est encore partout des États nationaux.
La citoyenneté québécoise, c’est ce qui unit, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, ceux qui ont choisi de vivre au Québec. C’est notre force comme peuple. Pour valoriser cette citoyenneté québécoise, l’État québécois ne devrait-il pas instituer la carte de citoyen québécois, donnant un accès de droit à tous les biens et services publics ? Cette carte de citoyen pourrait être accordée en premier lieu à tous les membres des Premières nations présents bien avant nous sur le territoire du Québec, puis à tous les Québécois nés ici, à leur majorité (ou à la fin de leur secondaire), et, enfin, à tous les nouveaux arrivants, avec l’accord des autorités municipales de la localité où ils auraient vécu un certain nombre d’années (comme le fait la Suisse).
Il va de soi que la citoyenneté québécoise devrait faire l’objet d’une éducation soutenue et de célébrations ponctuelles tout au long du parcours scolaire des jeunes, car l’appartenance au peuple québécois est ce qui fonde les droits et les devoirs de tous en ce qui a trait à l’égalité, la liberté et la solidarité de tous.