L’accessibilité universelle a été un des points névralgiques de la consultation publique sur le projet de réaménagement de la 4e avenue Painchaud, le 22 novembre. Au front, Christiane St-Laurent, une résidente de La Pocatière qui demande timidement des stationnements sur rue pour les personnes handicapées, ce que la Ville n’a pas prévu dans le cadre de son projet.
Christiane St-Laurent souffre de fibromyalgie et de névralgie du trijumeau. Sa condition l’oblige à l’occasion à se déplacer sur la 4e Avenue en triporteur, ou à l’aide d’un déambulateur, d’une marchette ou d’une canne, chaque fois un véritable chemin de croix. Si l’accessibilité universelle n’est pas au rendez-vous pour la plupart des commerces de la rue, elle doit aussi se battre pour une place de stationnement à proximité, ce qui est souvent rare lors des heures les plus achalandées, car aucun espace réservé n’existe actuellement sur la 4e Avenue.
Mardi dernier, lors de la consultation publique, elle est montée au front à quelques reprises pour en savoir davantage sur les aménagements prévus pour les personnes à mobilité réduite, exposant au passage sa réalité. Or, il appert qu’en matière de stationnements réservés, la Ville n’a prévu aucun espace pour les personnes handicapées. « À notre connaissance, il n’y a pas de villes qui ont réservé des espaces de stationnement pour les personnes à mobilité réduite », a déclaré Simon Fissette, conseiller municipal à la Ville. La rue Lafontaine à Rivière-du-Loup en compte pourtant quelques-uns.
Selon le Guide pratique à l’intention des municipalités sur les stationnements réservés aux personnes handicapées préparé par l’Office des personnes handicapées du Québec, la Ville de La Pocatière détient pourtant le pouvoir de réserver des espaces de stationnement, ce dernier découlant du Code de la sécurité routière et de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme. L’article 295 du Code permet concrètement à une municipalité de réserver des espaces de stationnement aux véhicules utilisés par les personnes handicapées sur les chemins publics dont elle est responsable de l’entretien, ce qui est le cas de la 4e avenue Painchaud.
« L’article 113 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme permet aussi à une municipalité d’exiger par zone ou usage de son territoire qu’un certain pourcentage d’espaces de stationnement soit réservé pour les véhicules utilisés par les personnes handicapées. Ainsi, une municipalité pourrait adopter un règlement prescrivant que tout stationnement situé dans une zone commerciale doit offrir un certain pourcentage de ses espaces aux véhicules utilisés par les personnes handicapées », peut-on lire dans le document.
Consciente que les stationnements passeront de 44 à 26 sur la rue, c’est du bout des lèvres que Christiane St-Laurent a osé aborder cette question. « Disons que le contexte ne se prête pas vraiment à vouloir demander des espaces réservés pour les gens dans ma situation ; il y a déjà une grogne avec la disparition de près d’une vingtaine de stationnements sur la rue. Je n’ai pas le goût d’avoir la ville au grand complet sur le dos non plus à cause de mes revendications », disait-elle en marge de la consultation.
Accessibilité aux commerces
L’accessibilité universelle aux commerces de la 4e Avenue est aussi du nombre de ses préoccupations. Les rampes d’accès des commerces qui en ont une sont parfois trop pentues, ou se terminent avec des portes qui s’ouvrent sur l’extérieur. Le maire Vincent Bérubé a confirmé que les commerces seraient rencontrés pour qu’ils puissent profiter de la durée des travaux pour se mettre à niveau. Des programmes d’aide financière, notamment celui de la Société d’habitation du Québec appelé Petits établissements accessibles, peuvent aussi venir en renfort.
Chiropraticien sur la 4e Avenue, le Dr Yannick Lévesque a toutefois rappelé qu’il n’est pas toujours possible pour les commerces de rendre leurs bâtiments accessibles aux personnes à mobilité réduite. Lui-même a évalué cette option pour sa clinique, il y a quelques années, mais le manque d’espace sur son terrain l’a empêché de procéder. Cette réalité est certainement celle de plusieurs autres commerçants de la 4e Avenue, composée de vieux bâtiments construits parfois à quelques centimètres de la rue.
Rappelons que dans la mouture actuelle du projet, seuls les trottoirs, qui seront plus larges et abaissés au niveau de la rue afin de faciliter les déplacements des personnes à mobilité réduite et des familles en poussette, répondent à la préoccupation de l’accessibilité universelle. Christiane St-Laurent a offert son soutien à la Ville si cette dernière souhaitait aller plus loin sur cette question.