La famille Zakrenychnyi ne se doutait pas, à son arrivée à Saint-Roch-des-Aulnaies le 19 mai dernier, qu’elle recevrait un si bel accueil de la communauté, elle qui a fui l’Ukraine en raison de la guerre qui y sévit.
Oleksandr et Vitalina, ainsi que leurs enfants Yehor, 6 ans, et Polina, 8 ans, tenaient à ce que les gens de leur village d’accueil sachent qu’ils leur sont extrêmement reconnaissants. Rencontrés à l’Auberge Tarapatapom, où ils seront logés dans un appartement adjacent au gîte, ils semblaient déjà pleinement épanouis, même s’ils ne s’y trouvaient que depuis quelques jours.
« Merci! Merci pour l’aide et la générosité », dit le couple, dans un anglais tout de même fluide.
Quand la guerre a commencé, Oleksandr se trouvait en Alaska où il travaillait dans une entreprise de poissons et fruits de mer, entre autres sur des chariots élévateurs. Il y passait en temps normal plusieurs mois par année, pour ensuite revenir à Kiev rejoindre le reste de la famille.
Dès les premiers jours des bombardements sur Kiev, Vitalina et les enfants ont fui pour la Pologne. Ils ont eu le temps d’entendre les missiles et de sentir la panique qui s’installait. Lorsqu’une alarme sonnait, les enfants se couchaient sous les lits. Heureusement, ils n’ont jamais été en danger.
Oleksandr est allé rejoindre le reste de la famille en Pologne, sans jamais revenir en Ukraine, évitant ainsi de prendre les armes. Ce n’est toutefois pas le cas de son frère jumeau et du père de Vitalina qui sont toujours au combat, un stress perpétuel pour la famille.
Choisir le Canada
« Le Canada, c’était un rêve », dit Oleksandr, qui s’intéressait au pays bien avant la guerre. Diplômé en ingénierie, sa femme en droit international, ils n’arrivaient pas à travailler dans leur domaine, dans leur pays d’origine.
C’est ainsi qu’ils ont commencé les démarches pour se réfugier au Canada. Ils ont rencontré leur hôte, Jean-François Caron, sur Facebook, via le site « Hébergeons les Ukrainiens ».
« On pouvait y lire que les Ukrainiens s’intéressaient aux grandes villes comme Vancouver, Toronto ou Montréal, mais je leur disais que c’était préférable les grands espaces, les plus petites municipalités où l’enjeu de trouver un logement, une fois qu’ils seront arrivés, serait moindre qu’en ville », résume M. Caron.
Ce dernier a répondu franchement, et en anglais pour que le couple comprenne bien, à savoir pourquoi il a proposé d’héberger des Ukrainiens. « Le respect de la démocratie, c’est primordial. Je n’aime pas la façon dont la Russie a envahi l’Ukraine. Ce sont des bandits », résume-t-il, encore choqué.
Un des logements de son auberge devenant libre à la suite du départ de son fils, il a décidé de le proposer à une famille ukrainienne. C’est ainsi qu’il a commencé à échanger sur Messenger avec Vitalina. « Je lui ai demandé, avez-vous peur d’apprendre le français? La réponse a été non tout de suite », ajoute M. Caron. Depuis, ils suivent des cours de français en ligne et suivront toutes les étapes de francisation qui leur seront offertes. Les enfants iront à l’école primaire et, comme seuls les enfants savent le faire, apprendront rapidement le français comme des éponges. Déjà, après quelques jours seulement, la cour s’était remplie d’amis de leurs âges, des jeunes de Saint-Roch-des-Aulnaies pour qui la barrière de la langue n’est pas un problème.
Un emploi
Du genre très actif et désireux d’être indépendant et autonome, Oleksandr a déjà commencé à essayer de se trouver un emploi. « Le plan numéro un, c’est de trouver un emploi, en deuxième, une voiture, et en troisième, de visiter la région », lance-t-il clairement. Quelques démarches sont en cours, mais rien n’était décidé au moment de notre visite. De son côté, Vitalina travaillera à l’auberge de M. Caron pour la période estivale.
« Le gouvernement du Canada est très facilitateur », dit Vitalina, qui a obtenu le visa en deux mois seulement. Tout le monde est très accueillant, comme on le constate ici. »
Chaque jour, le couple suit l’évolution de la guerre à distance, espérant ne pas recevoir de mauvaises nouvelles concernant le jumeau d’Oleksandr et le père de Vitalina. Si Oleksandr dit vouloir rester au Canada pour toujours, Vitalina n’exclut pas des séjours en Ukraine en temps de paix. Pour le moment, s’ils sont bien impuissants par rapport à ce qui se passe dans leur pays, ils apprécient chaque moment et remercient grandement les gens de Côte-du-Sud qui n’ont pas hésité à remettre des vélos, des vêtements et tout ce dont ils ont besoin pour s’établir et s’épanouir pleinement.