Restauration : Geler ses prix en période d’inflation alimentaire

Louise Paradis et Steve St-Pierre. Archives Le Placoteux.

Si vous allez à la Fine cantine Chez Mag de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, ou encore à celle de Sainte-Famille-de-l’Île-d’Orléans, ne vous surprenez pas si le menu arbore les mêmes prix que l’an dernier. Les propriétaires des deux succursales ont fait le choix de geler les prix cette année, malgré la forte inflation alimentaire. 

La décision est audacieuse, voire à contre-courant, mais totalement assumée. Louise Paradis opère la Fine cantine Chez Mag de Sainte-Anne-de-la-Pocatière avec son conjoint et chef Steve St-Pierre. Ses enfants ont la responsabilité de celle de Sainte-Famille-de-l’Île-d’Orléans.  

Lors d’un lac-à-l’épaule en début d’année, la famille a convenu que les prix au menu n’allaient pas augmenter cette année. Les restaurateurs ont plutôt fait le choix de diminuer leur marge pour que leurs clients puissent continuer à se payer un petit plaisir à l’occasion, alors que le coût de la facture d’épicerie, lui, ne cesse de grimper depuis deux ans.  

« On le voit comme une forme de remerciement à notre clientèle. On est très bien soutenu à nos deux adresses. À l’île, notre réputation était déjà bien établie depuis quelques années, mais ici dans la région, l’accueil a été au-delà de nos attentes », souligne Louise Paradis. 

Du volume

Installée en lieu et place de l’ancien Casse-croûte de la Halte, la Fine cantine Chez Mag a pignon sur rue à Sainte-Anne-de-la-Pocatière depuis le printemps 2022. Elle emploie 17 personnes, et se distingue par sa cuisine de casse-croûte haut de gamme, qui intègre dans ses recettes des produits nichés comme le homard et l’huile de truffe. Tout, des sauces aux frites en passant par les mayonnaises et les oignons français, est fait maison, ce qui d’ordinaire se reflète dans le coût.  

En gelant ses prix cette année, la Fine cantine Chez Mag ne s’en cache pas, elle fait le choix du volume, mais pas au détriment de la qualité qui la distingue. Les heures d’ouverture à Sainte-Anne-de-la-Pocatière ont même été ajustées en conséquence, puisque le casse-croûte est désormais ouvert sept jours sur sept jusqu’au 24 août prochain, une rareté dans la région en cette époque de pénurie de main-d’œuvre. 

« Le coût d’acquisition des denrées auprès de nos fournisseurs a quand même augmenté de 15 à 18 % depuis l’an dernier. Seulement pour le homard, le prix a grimpé de 55 % depuis deux ans! Mais à deux succursales, on peut se permettre d’acheter en plus gros volume. On se considère chanceux, et c’est aussi pourquoi on a fait ce choix, même si plus de volume signifie plus de travail », reconnaît Louise Paradis. 

Dans le mille

Autant au Kamouraska qu’à l’île d’Orléans, l’initiative tarifaire de la Fine cantine Chez Mag ne passe pas inaperçue. Depuis le début de la saison, les deux succursales constatent un bond de 20 % de leur chiffre d’affaires. La page Facebook de la fine cantine kamouraskoise atteint même les 4000 abonnés, après seulement sept mois d’opération depuis le printemps 2022, alors que celle de l’île d’Orléans dépasse les 12 000. 

Ce gel tarifaire deviendra-t-il la marque de commerce de l’endroit? « Ça sera une décision annuelle, en équipe, en fonction de comment ça se déroule dans les deux cantines. Tant mieux si on gèle de nouveau l’an prochain, mais c’est un choix qui devra impérativement être révisé chaque année », conclut Louise Paradis.