Saint-Jean-Port-Joli a réussi à limiter les dégâts. Malgré une hausse impressionnante de 9,5 % du budget municipal, elle sauve les meubles au chapitre de la taxe foncière, en limitant l’augmentation à 2,1 %. Le maire Normand Caron parle néanmoins d’un exercice financier costaud qu’il qualifie de « plus difficile qu’il a eu à faire » en 25 ans d’administration municipale.
Un budget qui frôle les 7 M$, établi à 6 996 578 $ ; une augmentation de 612 249 $ par rapport à l’année 2022, soit une hausse de près de 9,6 %. « Je n’ose pas le dire trop fort, mais j’étais pratiquement sur le bord des larmes », a avoué le maire de Saint-Jean-Port-Joli après la présentation du budget 2023 de la Municipalité.
Ce qui fait mal, essentiellement : l’augmentation au chapitre des matières résiduelles, et la gestion complète du Centre Rousseau (aréna) qui se solde ni plus ni moins que par le transfert de l’acte de propriété de l’OBNL à la Municipalité. « On a toujours fait le choix de ne pas surtaxer les contribuables à Saint-Jean-Port-Joli pour ne pas accumuler inutilement de surplus. Suivre le réel a ses avantages quand ça va bien, mais quand tout augmente en même temps, ça nous rattrape et ça frappe fort », a indiqué Normand Caron.
Matières résiduelles
L’augmentation des coûts d’enfouissement et de transport des matières résiduelles a été connue la journée précédant la mise en chantier du budget de la Municipalité. Le coût du transport, qui passe de 650 $ en 2022 à 1240 $ en 2023, a été l’équivalent d’une « claque en plein visage », a déclaré le maire. Rappelons que Saint-Jean-Port-Joli enfouit ses matières résiduelles à plus de 250 kilomètres de chez elle, à Saint-Étienne-des-Grès en Mauricie, localité située à mi-chemin entre Trois-Rivières et Shawinigan.
Le coût du tonnage a aussi augmenté de 11 $/t, en parallèle d’une hausse des matières enfouies de plus de 143 tonnes depuis 2020 à Saint-Jean-Port-Joli. « On sait que les gens ont travaillé beaucoup sur leurs terrains durant la pandémie et qu’ils ont été nombreux à rénover. Le problème, ce sont les délinquants qui envoient la pelouse, les matériaux de construction et les branches à l’enfouissement au lieu de l’écocentre, car ils ne veulent pas payer. Ça va prendre une prise de conscience des gens, car à la fin, tout le monde finit par payer quand même », déclare Normand Caron.
Saint-Jean-Port-Joli intégrera la collecte des matières organiques sur son territoire en 2023. Si l’adhésion des citoyens s’apparente à celle vécue à Montmagny et à Berthier-sur-Mer, le maire s’attend à une diminution entre 10 et 14 % des matières destinées à l’enfouissement, ce qui pourrait donner « un peu d’air » à sa municipalité pour les prochains budgets.
Dette et Centre Rousseau
Saint-Jean-Port-Joli prend aussi le contrôle complet du Centre Rousseau (aréna). À bout de souffle, l’OBNL propriétaire du bâtiment et de sa gestion depuis 35 ans a commencé ses approches durant la pandémie pour que la Municipalité prenne le relais. « On s’attendait à ce que ça arrive depuis quelques années », reconnaît le maire. Une convention a été signée pour la gestion complète du bâtiment, ce qui fait augmenter le budget dévolu au Centre Rousseau par la Municipalité de 220 000 $, pour s’établir à 564 750 $ pour la prochaine année.
Il est aussi prévu que l’emprunt réalisé il y a quelques années par l’OBNL pour la mise aux normes du système de réfrigération de l’aréna soit transféré à la Municipalité au courant de 2023. Or, les taux d’intérêt étant beaucoup plus élevés aujourd’hui qu’à l’époque où les travaux ont été réalisés par l’OBNL, la dette de Saint-Jean-Port-Joli se retrouvera à gonfler d’environ 1,1 M$ dans la prochaine année, plus 700 000 $ supplémentaires budgétés pour des travaux d’asphaltage, ce qui, à terme, approchera la dette à près de 7,3 M$. « Notre ratio d’endettement demeure quand même bas quand on se compare aux municipalités de même taille [NDLR : 0,96 $ du 100 $ d’évaluation à Saint-Jean-Port-Joli vs 1,85 $ pour les municipalités similaires]. »
Taxe foncière générale
L’augmentation au chapitre de ces postes budgétaires se fait néanmoins sentir de façon limitée sur la taxe foncière générale. Établie à 0,92 $ du 100 $ d’évaluation en 2022, elle augmente de 2,1 % en 2023 pour se fixer à 0,94 $. Avec les principales augmentations énumérées précédemment, une résidence moyenne branchée au réseau d’aqueduc et d’égout recevra un compte de taxes d’environ 2859,42 $, une augmentation de 208,49 $. Une maison hors réseau paiera 2384,28 $, une augmentation de 182,44 $.
L’exercice 2023 fait dire au conseil municipal qu’il doit envisager la taxation différemment dans les prochaines années. Il est prévu, entre autres, que le conseil municipal évalue la mise en place d’une taxe à taux variés selon les types d’immeubles, comme à La Pocatière ou celle instaurée à L’Islet au début 2021. Une taxe supplémentaire pour les terrains non bâtis dans le périmètre desservi par le réseau d’aqueduc et d’égout sera aussi étudiée.