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Saint-Jean-Port-Joli réinvente le kitsch pour sa Biennale 2026

Dans le cadre de la Biennale de sculpture de Saint-Jean-Port-Joli 2026, la commissaire invitée Marie-Eve G. Castonguay lance un appel aux artistes du Québec, des Maritimes et de l’Ontario. La thématique de cette édition, Kitsch : Plaisirs coupables, promet une exploration décomplexée et critique d’un univers esthétique souvent dénigré.

« L’idée est de réhabiliter le kitsch comme espace fertile d’exploration entre artisanat, art populaire et art contemporain », explique la commissaire qui voit dans cette esthétique marginalisée une voie de résistance et de réappropriation, notamment féministe. À rebours des hiérarchies établies par l’histoire de l’art, la Biennale souhaite valoriser les gestes incarnés, l’ornemental et le plaisir comme moteurs de création.

Huit artistes seront sélectionnés à l’automne 2025. Chacun formera un duo mixte composé d’un artiste local jumelé à un créateur provenant d’ailleurs, pour concevoir une œuvre inédite dans l’espace public. Ces œuvres prendront forme lors d’une résidence de 25 jours à l’été 2026, du 19 juin au 13 juillet au cœur de Saint-Jean-Port-Joli, avec diffusion pendant les journées publiques de la Biennale, du 9 au 12 juillet.

« Ce modèle collaboratif fait écho à l’identité même du lieu, souligne la commissaire Castonguay. Saint-Jean-Port-Joli, c’est un patrimoine vivant, un village de sculpture où la tradition du faire a toujours su dialoguer avec l’innovation. »

Le cadre de création est à la hauteur de l’ambition : deux lieux de production sont mis à la disposition des artistes, dont le Hub créatif de L’Islet (ancien atelier du sculpteur Pierre Bourgault), ainsi que La Vigie, au parc des Trois-Bérets. Les artistes auront aussi accès aux ressources d’Est-Nord-Est, un centre de résidence et de recherche artistique réputé.

Le cachet pour chaque artiste s’élève à 1750 $, auxquels s’ajoutent 500 $ pour les matériaux, et 60 $/jour pour les repas et l’hébergement pour les artistes de l’extérieur, dans un gîte de la région.

Mais plus que les conditions, c’est la proposition artistique qui intrigue : en appelant les artistes à plonger dans leurs plaisirs coupables, cette édition entend affirmer que le mauvais goût n’existe pas. Ou plutôt, qu’il peut devenir un levier critique et poétique, un miroir de nos contradictions culturelles.

La Biennale 2026 invite ainsi les créateurs à embrasser ce qui a été longtemps relégué : le sentimental, le décoratif, le faux, l’excessif. « On cherche des propositions qui font vibrer, qui dérangent, qui célèbrent les matériaux, les techniques anciennes ou inventées, les formes luxuriantes, et l’affirmation du sensible », précise la commissaire.

Les artistes professionnels ou en voie de professionnalisation ont jusqu’au 1er août 2025 à 23 h 59 pour soumettre leur dossier complet par courriel. Toutes les disciplines sont admises, pas seulement la sculpture, et la Biennale encourage particulièrement les candidatures issues des diversités culturelles et identitaires.

L’appel à projets et toutes les modalités de dépôt sont disponibles sur le site de l’événement. Il s’agit d’une occasion unique d’habiter, le temps d’un été, au carrefour de la matière et de la pensée, dans un lieu où l’art a toujours sculpté les contours de la communauté.