Le préfet de la MRC de Kamouraska Yvon Soucy, le maire de La Pocatière Sylvain Hudon et le maire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière Rosaire Ouellet n’en reviennent toujours pas. Le siège social de la future Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) aura pignon sur rue non pas à La Pocatière, mais à Saint-Hyacinthe. Une décision qui fait fit de la longue tradition d’enseignement agricole qui existe dans la région, selon eux.
Le maire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et ancien directeur de l’ITA Rosaire Ouellet est celui qui a découvert le pot aux roses, « un peu par hasard », dit-il, en consultant les emplois de niveau supérieur au sein de la fonction publique gouvernementale. Il a ensuite mis quatre heures à trouver le décret ministériel qui officialisait le déménagement du siège social à Saint-Hyacinthe.
« C’est nous, les élus du Kamouraska, qui avons travaillé pour faire sortir l’ITA du MAPAQ. Le projet de loi en plus, il ressemble à 90 % à ce qu’André Simard (NDLR : ancien directeur aujourd’hui maire de Saint-Roch-des-Aulnaies) et moi avons travaillé à l’époque de Claude Béchard. C’est frustrant, on ne tient pas compte de l’histoire », s’est indigné Rosaire Ouellet.
Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation André Lamontagne a rappelé que l’adresse juridique de l’ITA était depuis 2013 au MAPAQ à Québec. Au-delà du choix qui a été fait en faveur de Saint-Hyacinthe, il estime qu’il faut retenir les moyens qu’offrira la nouvelle ITAQ, entre autres au Campus de La Pocatière qui en sera un maillon important.
« C’est un vote de confiance qu’on donne à cette institution-là en la sortant du giron du MAPAQ. C’est un vote de confiance qu’on donne au futur conseil d’administration qui sera composé de sept personnes provenant des élèves, des professionnels ou du personnel enseignant de l’ITA et de huit autres personnes indépendantes ayant un intérêt et des compétences pour la formation agroalimentaire », a-t-il déclaré.
Conscients que le gouvernement ne pouvait faire arrière sur ce décret ministériel, les élus du Kamouraska se sont concertés pour adresser une lettre au ministre Lamontagne. Jouant le tout pour le tout, ils ont réclamé la nomination d’un président provenant de la Côte-du-Sud Sud afin de faire contrepoids aux « gains » évidents du Campus de Saint-Hyacinthe dans le processus de constitution de l’ITAQ.
Le ministre Lamontagne n’a toutefois pas voulu se prononcer sur cette demande en entrevue. Il s’est simplement contenté de rappeler qu’il y aurait au moins un représentant provenant du campus de La Pocatière sur le CA et qu’il y aurait certainement « un représentant de la région » parmi les administrateurs indépendants.
« On est à étudier un très grand nombre de candidatures. Mais il faut rappeler que l’objectif derrière ça n’est pas de représenter des régions, mais que ces gens-là mettent leurs talents à faire prospérer l’ITAQ. Si l’ITAQ prospère, La Pocatière va en bénéficier par la bande », a poursuivi le ministre.
Veiller au grain
Rosaire Ouellet estime que ses collègues et lui ont été peut-être trop optimistes à la suite du dépôt du projet de loi constituant l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec. Cet optimisme a fait en sorte qu’ils ont préféré jouer de prudence et ne pas participer à la commission parlementaire de janvier dernier où ils auraient pu présenter un mémoire renouvelé dans lequel leurs demandes actuelles auraient pu être formulées.
« On ne voulait pas nuire à ce qui avait déjà été déposé (projet de loi). On avait obtenu l’essentiel de ce qu’on voulait : sortir l’école de la fonction publique. On a peut-être été un peu trop naïf. Mais là, je pense qu’il va falloir être vigilant pour ne pas perdre les acquis qui nous restent, comme le campus et la Ferme-école Lapokita », conclut-il.