Malgré la crise financière de la fin des années 1920, le gouvernement du Québec investit des sommes importantes pour la confection des routes. Mais pourquoi donc ?
Avec l’arrivée de l’automobile et pour favoriser le tourisme, le ministère de la Voirie est chargé d’améliorer les voies de communication. En 1929, il réussit à parachever une route le long du fleuve entre Sainte-Anne-de-la-Pocatière et Saint-André. Mais pour assurer l’entretien de cette route et des chemins, il doit compter sur une main-d’œuvre locale.
Depuis nombre d’années, chaque village confie à un petit groupe de journaliers des travaux de toutes sortes. Selon le sociologue Horace Miner, on en retrouve 22 à Saint-Denis en 1937. Les cultivateurs les engagent aussi comme journaliers agricoles.
Durant les années 1930, le gouvernement provincial accorde un budget à chacune des municipalités pour l’entretien des voies de communication. Ce budget est géré par un « cantonnier » nommé par les autorités gouvernementales. Selon Horace Miner, le cantonnier « est au centre du patronage politique dans la paroisse à cause des travaux de voirie qu’il contrôle ». Il engage alors un cultivateur possédant assez de chevaux et de voitures pour exécuter les travaux. Mais il en choisit un en fonction de son allégeance à un parti politique. Comme le cantonnier occupe une place privilégiée, il se retrouve parfois et malgré lui dans des controverses politiques. Ce fut le cas à Saint-Pascal en 1937, peu de temps après la création du parti National par le député de Kamouraska René Chaloult. Mais cela est une autre histoire.
L’apparition des cantonniers, près de 700 dans la province en 1926, a eu pour effet de faire disparaître les corvées que l’on trouvait dans les municipalités. Horace Miner nous dit qu’en éliminant l’institution de la corvée, on a affaibli l’esprit communautaire que l’on retrouvait dans la paroisse de Saint-Denis. Rappelons que cet esprit communautaire n’est pas disparu des paroisses rurales ; il a pris différentes formes à travers le temps.