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Tour cellulaire à Saint-Denis : Des citoyens contestent le projet de Bell

Image tirée du site internet de la municipalité de Saint-Denis-De La Bouteillerie

Le projet d’ériger une tour de télécommunications de 74 mètres (80 mètres avec le parafoudre) sur le terrain de la Ferme Garonis, située au 70A, route 132 Ouest à Saint-Denis-De La Bouteillerie, suscite une vive opposition dans la communauté. L’entreprise Bell affirme que cette infrastructure vise à améliorer la couverture cellulaire dans le secteur, mais plusieurs citoyens dénoncent un manque d’écoute, et craignent les impacts sur la qualité de vie, le paysage, et la valeur des propriétés.

Selon les documents déposés auprès d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDEC), la tour serait autostable, non haubanée, et entourée d’une clôture pour en restreindre l’accès. Bell explique avoir choisi ce site après l’évaluation d’autres emplacements jugés non viables sur les plans technique ou réglementaire. La société indique que le projet vise à combler des lacunes importantes de réseau dans cette portion rurale du Bas-Saint-Laurent.

Une consultation publique aurait été menée conformément aux exigences fédérales. Un avis a également été publié dans Le Placoteux le 8 septembre 2025, invitant la population à formuler des commentaires jusqu’au 7 octobre auprès du mandataire Ussi communications.

Malgré cela, certains citoyens affirment que leurs démarches n’ont pas été prises au sérieux. « On a fait une pétition qu’on a envoyée à Bell — on est à peu près six ou sept à l’avoir signée — et la réponse de Bell, c’est que ça compte juste comme une plainte. Je ne sais pas pourquoi on parle de consultation, car vous pouvez demander à n’importe qui, il n’y a jamais eu de consultation ! », déplore Tino Noël, résidant aux abords du site projeté et signataire de la pétition.

Pour les opposants, le projet menace l’intégrité paysagère d’un village reconnu pour son patrimoine bâti et son environnement naturel. Ils invoquent aussi des inquiétudes liées aux ondes électromagnétiques, aux nuisances sonores, et à la dévaluation des propriétés voisines.

Bell réplique que ses installations respectent les normes fédérales de sécurité, notamment le Code de sécurité 6 de Santé Canada, qui fixe les limites d’exposition aux champs électromagnétiques, et qu’aucun dépassement n’est à craindre. L’entreprise souligne également avoir choisi un emplacement en bordure agricole, afin de minimiser l’impact visuel et sonore tout en répondant à la demande croissante pour un service mobile plus fiable.

Les préoccupations

Les principales préoccupations exprimées par les opposants concernent d’abord la santé et la sécurité, plusieurs citoyens évoquant l’incertitude à long terme entourant l’exposition aux champs électromagnétiques. À cela s’ajoutent des nuisances sonores potentielles, notamment celles liées aux génératrices et aux ventilateurs servant au refroidissement des équipements. Sur le plan immobilier, on craint une baisse de la valeur des propriétés voisines, et des difficultés de revente pour les habitations situées à proximité du site.

D’autres dénoncent une atteinte au paysage et au patrimoine local, estimant que la tour nuirait au cachet rural et au panorama du village. Des inquiétudes environnementales sont aussi soulevées, comme le risque de contamination du sol, ou les effets possibles sur la faune. Enfin, plusieurs résidents déplorent une perte de confiance envers Bell, et un sentiment d’exclusion dans le processus de consultation publique, perçu comme insuffisamment transparent.

La Municipalité réagit

Contacté par Le Placoteux, le nouveau maire élu par acclamation Frédéric Landry a déclaré que la résolution d’appui demandée par Bell concernant ce dossier n’a pas encore été votée, car la position de la nouvelle tour de télécommunication ne respecte pas la réglementation municipale en la matière.

En effet, selon l’article 8.8 du règlement de zonage de la MRC de Kamouraska, applicable à Saint-Denis-De La Bouteillerie, toute nouvelle tour de télécommunication ou de câblodistribution à des fins commerciales est interdite à l’intérieur du périmètre d’urbanisation.

Toutefois, à l’extérieur de ce périmètre, de telles installations peuvent être autorisées sous certaines conditions, dont la principale est le respect d’une distance minimale de 300 mètres entre la tour et toute habitation ou toute zone H-Habitation reconnue par la Municipalité, ce qui n’est pas le cas avec le projet présenté. Cette mesure vise à limiter les impacts visuels et à préserver la qualité du milieu résidentiel.

« Bien que nous reconnaissions la nécessité de doter notre territoire d’une telle infrastructure afin d’assurer à nos citoyens un accès fiable à Internet et à la téléphonie cellulaire — des services désormais essentiels à la vie moderne et à l’attractivité de notre localité —, nous éprouvons néanmoins un certain malaise devant le fait que la juridiction fédérale ait préséance sur la juridiction municipale dans ce dossier. En somme, Bell n’est pas tenue de se conformer à notre réglementation. Il faut néanmoins préciser que la société se trouve limitée dans le choix de l’emplacement de la tour, puisqu’elle doit respecter certaines ententes avec ses concurrents », a expliqué le maire Landry.

Abordant la question des possibles effets sur la santé de ses citoyens, Frédéric Landry estime sans équivoque qu’il n’y a aucun danger associé à l’installation de cette infrastructure. « Selon les données disponibles, qui sont des faits, aucun impact négatif sur la santé de nos citoyens n’est à prévoir dans ce cas précis », a-t-il conclu.

Le dossier suit son cours.