Un Pocatois à la conquête du marché des batteries au lithium-ion

Félix-Antoine LeBel

Félix-Antoine LeBel est certainement de la graine d’un Henry Ford. Ce Pocatois d’origine ambitionne de conquérir le marché des batteries au lithium-ion avec une solution facilement reproductible à grande échelle, et modulable pour une foule d’appareils, dont les véhicules électriques. Actuellement en incubation à Sherbrooke, son entreprise SysNergie, fondée avec deux autres associés, souhaite se doter d’une usine d’ici 2026. Et si c’était à La Pocatière?

La mobilité électrique est au cœur des pensées de Félix-Antoine LeBel depuis qu’il s’est réorienté en Génie mécanique à l’Université de Sherbrooke, il y a environ 14 ans.

« Je voulais faire une moto électrique », avoue celui qui a créé l’équipe de la moto électrique de l’Université de Sherbrooke, la première du genre au Québec, il y a une dizaine d’années.

Ce « club », qui a remporté deux années d’affilée le championnat eMotoRacing du New Jersey pour la fiabilité de son prototype, a été l’occasion pour le doctorant en génie électrique de faire la connaissance de Pascal Messier et de Louis Pelletier, devenus plus tard ses associés au sein de SysNergie.

Dès sa réunion, le trio s’est attelé à développer la « batterie parfaite », celle qui pourrait être répliquée aisément en usine, et qui pourrait s’ajuster facilement, selon les besoins des appareils auxquelles elle serait destinée.

« Notre solution se veut en quelque sort un “prêt-à-porter” avec des options, un peu comme un modèle de véhicule qui peut se décliner en deux portes, quatre portes, etc. », résume Félix-Antoine LeBel.

Potentiel remarqué

Depuis sa création en février 2022, l’entreprise SysNergie se bâtit tranquillement une petite notoriété. Félix-Antoine, Pascal et Louis ne sont pas les seuls à croire au potentiel de leur invention, comme en témoignent les bourses entrepreneuriales qui se multiplient pour eux depuis un an.

L’an dernier, ils ont reçu trois bourses, chacune d’une valeur de 15 000 $. L’une d’entre elles provenait de Sherbrooke Innopole, une autre du programme de bourses Pierre-Péladeau, et une dernière du programme Accélération de Centech. Coiffé en plus du titre de coup de cœur du jury de Centech, le projet de SysNergie vient de passer à son volet Propulsion, ce qui permet, entre autres, un accompagnement personnalisé axé sur la croissance de l’entreprise en démarrage pour une durée de deux ans.

« On ne pouvait pas développer cette batterie sans avoir bien fait nos devoirs dans les deux dernières années, en s’assurant que la technologie est bonne. Maintenant, notre priorité est de travailler notre mise en marché. »

Usine à La Pocatière?

Si SysNergie atteint son objectif, sa batterie promet des économies d’échelle, ouvrant la porte à une proposition accessible à une foule de petits joueurs de la filière électrique en effervescence au Québec, qui n’ont pas l’envergure des Tesla de ce monde. Ces débouchés, qui positionnent avantageusement le Québec par rapport à d’autres régions du globe, rendent possible le rêve de Félix-Antoine LeBel et de ses complices de doter SysNergie de sa propre chaîne de montage d’ici 2026.

« Pour le moment, nous sommes en incubation à Sherbrooke, car nos racines sont là. Mais on pourrait très bien être partout au Québec avec plusieurs petites usines, autant à Shawinigan qu’à La Pocatière, proche d’un joueur majeur comme Alstom », suggère l’inventeur pocatois, fier de ses racines.

Finissant de la 176e promotion du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et diplômé en Technologie du génie physique au cégep de La Pocatière, Félix-Antoine LeBel attribue sans gêne sa quête innovatrice au fait d’avoir grandi dans une communauté qui fait de la recherche et du développement le moteur de sa croissance depuis des décennies.

« La seule usine de train au Québec est à La Pocatière. Le premier centre collégial de transfert de technologies au Québec [Solutions Novika] est né à La Pocatière, et aujourd’hui on en compte trois! Et c’est sans parler de toutes les autres entreprises de haute technologie qu’on y retrouve. Si j’ai le goût d’être entrepreneur, aujourd’hui, c’est parce que je suis de La Pocatière; je ne vois pas d’autre lien. »