Une première crise politique pour Mathieu Rivest

Mathieu Rivest. Photo : José Soucy

Depuis son élection en octobre 2022 dans la circonscription de Côte-du-Sud, Mathieu Rivest vivait pratiquement une balade dans le parc, avec peu de critiques à son égard. Malheureusement pour le représentant caquiste, le dossier de la piscine du Cégep de La Pocatière vient de lui sauter en pleine figure, alors que certains élus locaux l’ont ouvertement critiqué. Il s’agit de la première crise politique d’envergure pour notre député.

Évalué initialement à 6 M$, le projet de réfection atteint aujourd’hui 11,9 M$, soit le double de la facture prévue. Certes, l’inflation n’est pas l’unique raison de cet écart de coût. Dans un article du Placoteux datant du mois de février dernier, on apprenait qu’il manquait d’espace sous la piscine pour les nouveaux équipements liés à son fonctionnement, en raison des classes de Technologie du génie physique qui se trouvent en dessous. La seule solution pour le Cégep était d’envoyer ces équipements dans une salle mécanique à proximité, qui devait être agrandie, ce qui explique essentiellement l’explosion des coûts.

Ainsi, avec le récent refus de l’aide de 5M $ par le ministère de l’Enseignement supérieur pour le projet de réfection, à moins d’un revirement total de situation, la piscine du Cégep de La Pocatière – la seule dans la région – devra fermer définitivement.

Bien entendu, Mathieu Rivest souhaite que la piscine demeure ouverte, mais il affirme néanmoins que son gouvernement a déjà accordé un montant de 5,8 M$, et que dans d’autres projets semblables au Québec, la communauté s’est mobilisée pour trouver les fonds manquants.

« Dans tous les projets similaires au Québec, une moyenne de 25 % du budget total provient du milieu. À titre d’exemple, je pourrais vous parler d’un projet comparable à Trois-Rivières, un projet de 14 M$, où 47 % de la facture a été partagée à l’intérieur du milieu, soit par la MRC, la Ville, ou des partenaires privés. Ce qui veut explicitement dire que dans aucun cas le gouvernement du Québec n’assume l’entièreté des coûts reliés à ce type de projet », a-t-il récemment déclaré au Placoteux.

Dans bien des cas, il a parfaitement raison. Rappelons toute de même que Québec garantissait 5,8 M$ pour un projet coûtant initialement 6 M$, ce qui représentait près de 98 % du prix. Maintenant, même si M. Rivest, avec l’aide du député fédéral Bernard Généreux, souhaite mobiliser le milieu et tous les acteurs possibles pour la sauvegarde de la piscine du Cégep avec diverses stratégies et collectes de fonds, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une somme colossale à atteindre, alors que le ralentissement de l’économie, l’inflation et l’augmentation du coût de la vie se font fortement sentir au sein de la population.

La gestion des fonds publics

Si le député Rivest a marqué des points en affirmant que des projets du même acabit ailleurs au Québec bénéficient d’une forte participation du milieu, il est aussi vrai de dire que le maire de La Pocatière, Vincent Bérubé, a également livré quelques arguments dignes de mention concernant cet épineux dossier.

« C’est difficile pour nous de comprendre ce que le député Rivest veut dire lorsqu’il parle de saine gestion.  Après avoir investi 1,37 milliard $ dans l’usine de Northvolt, et 7 M$ pour la tenue de deux parties préparatoires de multimillionnaires du hockey, le gouvernement injecte à nouveau de l’argent dans la société Airbus pour un montant de 400 M$. Pourtant il indique ne pas avoir les liquidités nécessaires pour répondre à la révision de coûts du projet de la piscine du Cégep », disait-il.

On pourrait également faire allusion au demi-milliard injecté pour la mise en place du nouveau programme informatique SAAQclic, alors que le tout devait coûter 25 M$. Sans compter qu’on apprenait dernièrement que le financement de la plateforme coûterait 39 M$ supplémentaires… Eh! ben.

L’Ouest contre l’Est

À l’extrémité ouest du comté, en l’occurrence à Montmagny, le milieu s’est mobilisé courageusement et efficacement pour le projet novateur de Complexe culturel et sportif, pour lequel un montant de 20 M$ venant du PAFIRSPA a déjà été annoncé par le député Rivest.

Les mauvaises langues diront que le secteur de la MRC de Montmagny est davantage favorisé par le gouvernement, se rappelant que naguère, dans un passé non lointain, le Kamouraska faisait partie d’une autre circonscription désormais disparue. Mathieu Rivest atteste de son côté qu’en dehors du 20 M$ pour le projet du Complexe, plus de 60 % du montant du PAFIRSPA pour sa circonscription a été donné au Kamouraska.

Il faut également préciser que le projet du Complexe est désormais évalué à un montant se situant aux alentours de 75 M$, de sorte que d’autres sommes de Québec devraient forcément être octroyées afin de se rendre au montant fixé. Je serais bien surpris que le 50 M$ restant soit déboursé par une collecte de fonds populaire, n’est-ce pas?

Même si Mathieu Rivest dit vrai concernant la participation du milieu pour plusieurs projets similaires au Québec, et que partout en province, les coûts ont explosé, il est aussi vrai de dire que la gestion des fonds publics de son gouvernement est plus que discutable.

Certes, il n’a rien à voir ou presque avec les décisions prises par son gouvernement dans l’administration du Québec, mais force est de constater qu’avec le 500 M$ perdu avec la SAAQCliq, sans parler des centaines de millions investis dans le canard boiteux qu’est Lion Électrique, pour ne nommer que ces deux exemples, on pourrait facilement faire la réfection d’une pléthore d’infrastructures à l’échelle nationale…

En politique, que vous le vouliez ou non, la perception est toujours reine, et celle qui règne actuellement est que l’ouest du comté est davantage favorisé que l’est, et que le gouvernement gère de façon plus que médiocre les fonds publics. Mathieu Rivest est donc en quelque sorte victime des choix de son gouvernement, ce qui rend visiblement son travail local encore plus ardu, malgré sa bonne volonté à travailler pour la région.