Une nuit d’été à Littlebrook est un roman très noir dont l’action, à la fois récit d’amour fou et de vengeance, se passe dans un petit village (fictif) d’un coin perdu de la MRC du Haut-Saint-Laurent.
Après vingt ans d’absence, Aude Renaud, âgée de 37 ans, revient dans son bled perdu près de la frontière américaine. Deux raisons poussent cette femme qui a réussi dans la mode à revenir dans ces lieux maudits, peuplés de très mauvais souvenirs. Elle veut venir en aide à sa mère Florence, la mairesse du village, aux prises avec une épineuse affaire de querelle qui l’oppose au fermier Rolf Zelter. Ce dernier s’est vu refuser le droit de se brancher à l’aqueduc municipal. Il menace maintenant de ruiner la bleuetière de Florence.
Mais Aude a aussi un autre but : dénoncer les crimes de cette canaille de Rolf qui l’a autrefois forcée à quitter le village dans des circonstances horribles. Pour tendre son piège, elle a l’intention d’organiser un spectacle nocturne dans la forêt, inspiré de la comédie Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Mais pour ce faire, elle doit compter sur Aksel, son ami d’enfance et l’amour de sa vie, qui se trouve à être, hélas, le fils de ce Rolf détestable, vulgaire et brutal (nouveau clin d’œil au dramaturge anglais ? Roméo et Juliette ne sont pas loin…).
Quand arrive le fameux soir, que les spots s’allument dans la forêt et que se met en marche le mécanisme implacable de la vengeance, les esprits s’échauffent, les passions se déchaînent, et la nature se met de la partie sous la forme d’un orage violent, toile de fond gothique pour les événements sanglants du dénouement qui vont endeuiller le village… et secouer le lecteur qui mettra quelques heures à s’en remettre !
Dans ce drame shakespearien, le style fluide et poétique de l’auteure sait rendre hommage à la beauté du paysage tout en pénétrant sans pitié dans la noirceur de certaines âmes humaines. Bref, ce roman est un petit bijou, parfaitement ciselé !