Un enseignant sur cinq des écoles de notre région affirme avoir subi un geste violent depuis le début de l’année scolaire 2024-2025. C’est ce que révèle un sondage mené par le Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage.
« Les données de la consultation illustrent l’urgence d’enrayer la situation de la violence subie dans nos établissements scolaires, surtout dans le contexte de pénurie que nous connaissons », affirme Natacha Blanchet, présidente du Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage (CSQ).
En avril, près de 220 membres du Syndicat ont répondu à un questionnaire sur les violences en milieu scolaire. Résultat : 20 % d’entre eux rapportent avoir été victimes de violence cette année, souvent à répétition. Dans 54 % des cas, ces violences se produisent au moins une fois par mois, et pour un enseignant sur quatre, au moins une fois par semaine. Ces agressions émanent presque exclusivement des élèves (98 %), mais aussi, dans une proportion non négligeable, de parents ou de tuteurs (18 %).
À l’échelle du Québec, un portrait encore plus sombre se dessine. Selon la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), 52 % des 7300 répondants à un sondage mené récemment ont déclaré avoir été victimes de violence. La violence verbale constitue la forme la plus courante (84 %, et jusqu’à 90 % au secondaire), mais elle n’est pas la seule : 46 % des enseignants ont subi de la violence physique, avec une prévalence plus marquée en milieu préscolaire et primaire (58 %), et dans les écoles spécialisées (70 %). La violence psychologique touche 36 % des répondants, une proportion qui grimpe à 64 % en formation professionnelle.
Un guide
« En collaboration avec la CSQ, nous avons mis de l’avant des solutions, dont un guide pour traiter la violence dans les milieux, et un protocole d’intervention auprès du personnel scolaire qui est victime de violence », explique Richard Bergevin, président de la FSE-CSQ, précisant que des démarches sont en cours avec le ministère de l’Éducation pour bonifier les mesures existantes dès la prochaine rentrée, notamment en termes de ressources disponibles.
Le sondage met aussi en lumière un déficit de soutien. Seulement 42 % des enseignants victimes de violence affirment que leur employeur s’est assuré, toujours ou la plupart du temps, qu’ils étaient en mesure de poursuivre leur travail.
« C’est nettement insuffisant ! Il est essentiel que le milieu scolaire soit mieux soutenu pour être attractif, d’autant plus que, de l’autre main, le gouvernement nous enlève d’importants leviers en matière de santé et de sécurité au travail dans son projet de loi 101 », déplore M. Bergevin, évoquant les obligations de l’État en tant qu’employeur.
Pour Mme Blanchet, la prévention passe par un changement de culture. « Il faut établir une culture de la tolérance zéro, où chaque geste de violence doit être dénoncé, et où les services de soutien aux victimes doivent être systématiques. Nous le répétons, la violence, ça ne doit jamais faire partie de notre travail. »
Le Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage (CSQ) regroupe environ 1200 membres provenant des Centres de services scolaires de Kamouraska–Rivière-du-Loup et du Fleuve-et-des-Lacs, dans tous les secteurs d’enseignement. Il est affilié à la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

